En voilà un film bon élève, drôle et délicat, pile là où on l’attendait, héritier modèle d’un cinéma indé américain griffé Sundance, parfaitement situé entre un minimalisme bucolique très Kelly Reichardt (Old Joy), un verbe très Linklater et une tonalité de coming of age façon Lady Bird, à ceci près et détail important, que Sam, jeune fille incarnée par Lily Collias, n’a rien d’une rebelle. Elle paraît même disciplinée, calme et on ne saurait dire, à épier son visage d’ange, si elle est sincèrement ravie de l’escapade en forêt qu’elle s’apprête à vivre avec son père et l’ami de ce dernier, ou si, extrêmement conciliante, elle témoigne d’une grande capacité d’adaptation.
À aucun moment Good One ne laisse présager du virage qu’il s’apprête à prendre, et c’est ainsi qu’il laisse volontiers la place à la bonhomie de ces hommes tendrement sympathiques, inoffensifs et à cette médiocrité attachante à laquelle ils ont le droit. C’est là toute la force du film que de penser et de configurer sa forme selon ce qu’on attend de lui, joliesse et discrétion (comme ces vieilles consignes imposées aux jeunes filles), pour intensifier son sursaut féministe et rendre tangible l’insupportable sensation d’une misogynie effrayante et banale. C’est aussi la très juste intuition d’India Donaldson que de retenir ce glissement et de le laisser jaillir enfin dans un écrin aussi accueillant.
Good One d’India Donaldson, avec Lily Collias, James LeGros (États-Unis). Quinzaine des cinéastes.
Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/cannes-2024-avec-good-one-india-donaldson-materialise-le-sexisme-ordinaire-619283-21-05-2024/
Author : Marilou Duponchel
Publish date : 2024-05-21 19:54:22
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.