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“Fainéant·es” de Karim Dridi, manifeste libre et anticonformiste 

“Fainéant·es” de Karim Dridi, manifeste libre et anticonformiste 



En trente ans, Karim Dridi n’a cessé d’affirmer un tropisme particulier pour des personnages et des personnes peu, parfois mal, représentées à l’écran. Chez lui, la menace de considérations datées ou démagogiques sur la supposée rivalité entre fiction et documentaire, entre “vraie vie” et fantasme, est balayée par l’authenticité d’un regard plus rageur que compatissant, plus complice que curieux.

Cette année, le cinéaste nous aura donné par deux fois la confirmation de ses appétences. D’abord avec Revivre, beau docu à l’étrange quiétude au vu de son sujet (des nourrissons gravement malades) ; aujourd’hui avec Fainéant·es, portrait d’un attachant duo, Nina et Djoul, expulsées d’un squat et vadrouillant sur les routes à bord de leur camion-maison.

Le film est le récit de leurs péripéties, de ces hasards qui mènent aux rencontres, aux petits boulots, aux salles de concerts chahutés par une foule légèrement décatie mais toujours prête à pogoter. C’est cette communauté de voyageur·ses itinérant·es, anticonformistes, babos, punks et punkettes, que regarde, sans les épier, Fainéant·es, à travers ces deux amies.

On imagine fort bien ce qui a motivé Sébastien Lifshitz, en qualité de président du jury, à récompenser Fainéant·es lors de la dernière édition du festival queer Écrans mixtes de Lyon, ses Invisibles s’accordant à merveille au projet Dridi et à l’inclusivité portée par le titre ironique de son film. À travers l’itinéraire buissonnier que forment les vies de Nina et Djoul, le cinéaste nous laisse libres de saisir l’étendue ambiguë de leur lien, dans un bricolage précaire mais émouvant de vrai et de faux.

Dans cette vague évocation du Sans toit ni loi d’Agnès Varda, Dridi ne cherche à convaincre de rien, sa place est celle d’un ami qui accomplit le petit miracle d’un renversement de certains paradigmes : fainéantise contre ardeur, centre contre marge – qui n’est marginale que lorsqu’elle est regardée comme une anomalie.

Fainéant·es de Karim Dridi, avec Faddo Jullian, .jU. (Fr., 2024, 1 h 43). En salle le 29 mai.



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Author : Marilou Duponchel

Publish date : 2024-05-25 07:00:00

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