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Pourquoi ces 9 séries sont à voir d’urgence

Pourquoi ces 9 séries sont à voir d’urgence



Feud – Les trahisons de Truman Capote de Ryan Murphy

Ce ne sont pas moins de sept années qui séparent la première saison de Feud – qui chroniquait la rivalité entre Bette Davis et Joan Crawford sur le tournage houleux de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? – et la deuxième, sortie en début d’année sur Canal+. Certainement le temps nécessaire au pourtant inépuisable Ryan Murphy pour trouver un sujet idoine, capable de déployer ses talents de portraitiste à la fois tendre et mordant. C’est chose faite avec Les Trahisons de Truman Capote, qui revient sur le conflit ouvert entre l’auteur de Petit Déjeuner chez Tiffany et un groupe de femmes de la haute société new-yorkaise, dont il était proche avant de publier dans Esquire une nouvelle en forme de brûlot livrant les ragots du milieu. Autrement dit : une déclaration de guerre à ses “cygnes” qui marque, pour Capote, le début d’une lente déchéance.

Solidement campé par Tom Hollander, le romancier, homosexuel flamboyant rompu aux relations platoniques avec les femmes, y est dépeint conjointement comme le bourreau et la victime de cette mort sociale qu’il s’est comme infligée à lui-même. Avec finesse, élégance, humour parfois, gravité forcément et cette mélancolie vaporeuse qui s’infiltre partout jusqu’au crépuscule du romancier, la deuxième saison de Feud (dont la réalisation de six des huit épisodes a été confiée à Gus Van Sant, idée géniale) brosse aussi et surtout le portrait de femmes tantôt outragées, tantôt outrageantes, superbement interprétées par des stars d’hier et d’aujourd’hui (Naomi Watts, Demi Moore, Chloë Sevigny, Calista Flockhart, Diane Lane et Molly Ringwald). Assurément l’une des séries de l’année.
L. M.
Sur Canal+ et MyCanal.

Mon petit renne de Richard Gadd

C’est une déflagration inattendue qui a secoué les spectateur·ices de Netflix le mois dernier, les cueillant sous les atours d’une comédie romantique tordue avant de les aspirer dans un abîme de noirceur. Durant sa vingtaine, Richard Gadd a été harcelé par une femme déjà condamnée pour des faits similaires. Après avoir offert un thé à Martha dans le bar où il travaillait, l’aspirant comédien s’est retrouvé entraîné dans une relation toxique où l’attraction se mêlait à la répulsion, l’empathie à la violence. Mythomane et psychologiquement instable, la quadragénaire, ivre de sa passion naissante et aveugle à sa non-réciprocité, a envoyé pendant trois ans des centaines de messages à l’Écossais, l’a suivi jusqu’à son domicile, s’en est prise à son entourage et l’a agressé à plusieurs reprises.

Richard Gadd a tiré de cette expérience un seul-en-scène avant de l’adapter en série en y tenant son propre rôle. Si les noms des protagonistes (il s’appelle ici Donny) et le détail des événements ont été modifiés, Mon petit renne puise sa sève dans cette matière autobiographique scrutée sans concession, érigeant le geste créatif en véritable exorcisme. Héritière d’une énonciation ultra-personnelle défrichée par d’autres séries britanniques comme Fleabag ou I May Destroy You, la série frappe par sa façon de disséquer le harcèlement et l’emprise par couches successives, qui soustraient les protagonistes des stéréotypes de l’agresseur·se et de la “bonne victime”. Du spectre de la maladie mentale qui enserre Martha au traumatisme refoulé de viols subis par Donny quelques années auparavant, la fragilité émotionnelle, le manque affectif et la haine de soi structurent un rapport au monde qui dépasse rapidement l’affaire qui les lie.

L’engouement suscité par la série a été entaché par plusieurs polémiques dans les jours qui ont suivi sa diffusion. Outré·es par les agissements de Martha et du violeur de Donny/Richard, des spectateur·rices se sont improvisé·es détectives pour en retrouver les supposé·es modèles avant de les harceler à leur tour, avec de possibles conséquences judiciaires. Amplifié par la caisse de résonance de la plateforme, le réel hautement corrosif et instable, cristallisé une première fois dans la fiction, semble à nouveau échapper au contrôle de son créateur.
A. B.
Sur Netflix.

Fargo, saison 5 de Noah Hawley

Ancrée dans une petite ville enneigée du Minnesota, en 2019, la cinquième saison de l’anthologie dérivée du film des frères Coen confirme sa capacité à allier stylisation formelle et coupe sociologique d’une société rongée par la violence. Lorsque Dorothy (Juno Temple), mère de famille apparemment sans histoires, est poursuivie par un shérif psychopathe aux méthodes expéditives interprété par Jon Hamm, la résurgence du passé traumatique du personnage s’inscrit dans l’histoire de la violence d’un pays tout entier, dont les relents sinistres ont été exacerbés par l’ère Trump.
A. B.
Sur Canal+ et MyCanal.

Fellow Travelers de Ron Nyswaner

Difficile, en janvier, d’esquiver le souffle mélodramatique de Fellow Travelers, qui dépliait l’histoire d’amour passionnelle et tortueuse entre Tim (Jonathan Bailey) et Hawkins (Matt Bomer), de l’Amérique maccarthyste des années 1950 à la propagation du sida dans les années 1980. Si l’incroyable charisme de ses interprètes et ses scènes de sexe très frontales ont marqué les spectateur·rices, la série a véritablement trouvé sa force en inscrivant leurs élans intimes contrariés dans une histoire parallèle de l’Amérique. Portée par des créateurs et acteurs ouvertement gays, elle est entrée en résonance avec des œuvres comme Maestro ou Feud – Les trahisons de Truman Capote, qui mettaient elles aussi en scène les conséquences de l’homosexualité refoulée et de l’homophobie intériorisée.
A. B.
Sur Canal+ et MyCanal.

Mr. and Mrs. Smith de Francesca Sloane et Donald Glover

Dans un article du New York Times publié à la fin du mois d’avril, le critique James Poniewozik posait le problème de ce qu’il appelle la “Mid TV” à l’ère du streaming. Pour lui, les séries actuelles ne dépassent pas un niveau moyen, certes plus élevé qu’il y a vingt ans, mais moyen quand même. D’où le sentiment que l’âge d’or se trouve définitivement derrière nous, remplacé par une profusion parfois sans queue ni tête, faite de séries plutôt bonnes, mais sans grand relief. Parmi les exemples, il cite Mr. and Mrs. Smith, la création de Francesca Sloane et Donald Glover, qu’il compare avec Atlanta, le chef-d’œuvre de ce dernier.

Cette histoire d’un couple d’espion·nes, adaptée du blockbuster de Doug Liman dans les années 2000, n’a en effet pas la même ambition expérimentale. Elle n’en reste pas moins passionnante, pour le jeu qu’elle met en place avec le genre et la manière dont elle filme un couple dans ses moments à la fois les plus banals et les plus intenses. Face à face, Donald Glover et Maya Erskine incarnent de jeunes espion·nes rassemblé·es par une mystérieuse entité. Il et elle tombent amoureux·ses, enchaînent les missions périlleuses à travers le monde, tout en essayant de se toucher malgré tout. Les voilà vite rattrapé·es par une forme de tension très contemporaine : comment faire couple quand tout nous pousse vers la compétition, que ce soit dans le travail ou dans l’intimité ? Avec un humour pince-sans-rire, Mr. and Mrs. Smith arpente ce territoire dangereux, mais sexy, se permettant d’aller loin dans l’exploration de l’amour et de la violence. 
O. J.
Sur Prime Video.

Le Problème à trois corps de David Benioff et D. B. Weiss

Le Problème à trois corps a marqué le grand retour de David Benioff et D. B. Weiss, les créateurs de Game of Thrones, à la conception de série. Après la dark fantasy, place à la hard SF, avec cette adaptation de la trilogie éponyme de l’auteur de science-fiction chinois Liu Cixin. Nous faisant voyager de la Chine en pleine Révolution culturelle à l’Angleterre d’aujourd’hui, les huit épisodes déroulent avec maîtrise et élégance un récit dense et hautement théorique, parfois plaisamment opaque, qui traite tout autant d’invasion extraterrestre que de la contamination du réel par le virtuel.
L. M.
Sur Netflix.

Outreau – Un cauchemar français d’Élodie Polo Ackermann et Jean-Paul Geronimi

Au rayon des séries documentaires, c’est Netflix qui a su tirer son épingle du jeu avec l’effarant Outreau – Un cauchemar français, qui revient sur le désastre judiciaire et médiatique survenu à Outreau, petite commune du Pas-de-Calais, au début des années 2000. Douze enfants victimes, trente-six personnes soupçonnées, dix-sept accusé·es, dont treize acquitté·es : la série remonte le fil d’une tragédie en tous points ahurissante, qui met en lumière l’incapacité de la justice à considérer les violences sexuelles abominables commises sur des mineur·es, jetant un discrédit durable sur la parole des enfants.
L. M.
Sur Netflix.

Ripley de Steven Zaillian

Le scénariste Steven Zaillian a réussi l’un des gros coups de l’année avec l’adaptation pour Netflix des romans de Patricia Highsmith sur l’imposteur et criminel Tom Ripley, joué par Andrew Scott (Fleabag, Sans jamais nous connaître). Tournés en Italie dans un noir et blanc éclatant, les huit épisodes valent moins pour leur mise en scène élégante, mais parfois ampoulée, que pour la fascinante exploration d’un personnage à la fois dépassé et stimulé par ses mensonges. Une véritable série mentale, où l’intériorité fracassée du héros finit par envahir le monde sensible.
O. J.
Sur Netflix.

True Detective : Night Country d’Issa López

Lorsqu’une équipe de scientifiques disparaît d’une base scientifique en Alaska, les inspectrices Liz Danvers (Jodie Foster) et Evangeline Navarro (Kali Reis) font équipe pour résoudre l’affaire. Alors qu’une longue nuit d’hiver tombe sur la ville d’Ennis, leurs traumatismes remontent en pleine lumière. Reprise en main par Issa López, la série d’anthologie créée par Nic Pizzolatto assure les fondamentaux (duo de détectives torturées, meurtres ritualisés) qu’elle décline au féminin, et offre à son intrigue un ancrage géographique et culturel fort au contact de la communauté autochtone.
A. B.
Sur Prime Video via le Pass Warner.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/pourquoi-ces-9-series-sont-a-voir-durgence-619440-01-06-2024/

Author : Service Séries

Publish date : 2024-06-01 17:00:00

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