Justine (Sandrine Kiberlain) est une cadre efficace, très forte en “orga”. Son patron, Franck (Daniel Auteuil), lui demande de s’occuper d’une affaire un peu délicate et surtout privée : préparer un week-end exceptionnel et romantique qui lui permettra de séduire la femme qu’il convoite. Il lui tend alors une avance de 15 000 euros, en espèces.
Immédiatement, Justine et son mari Albin (Denis Podalydès), qui sont un peu fauché·es, sautent sur l’occasion et décident de planifier une petite croisière sur les canaux de notre beau pays, avec l’aide de leur bande d’ami·es, encore plus fauchée que le couple… Le but étant de faire cracher un maximum de fric au PDG. Seulement, le jour où il se pointe sur La Pénichette, commandée, mégaphone inutile à la bouche – comme s’il s’agissait d’un paquebot transatlantique –, par un Jocelyn sémillant dans son blanc costume de capitaine (Bruno Podalydès), Franck avoue à Justine que la femme dont il est amoureux est… Justine. La croisière commence et elle va nous amuser. Bientôt, ils croisent un petit voilier.
La Petite Vadrouille (joli titre), c’est un peu “Denis et Bruno dans un bateau”. On retrouve la fantaisie, l’humour, le goût pour le “matos” et les gadgets (comme il l’avouait dans Comme un avion, 2015), la poésie de Bruno P., son sens des cadres très symétrique. On retrouve également la petite bande à Poda, tous·tes ses acteur·rices fétiches depuis ses débuts : Florence Müller, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, et on s’étonne presque que Michel Vuillermoz n’apparaisse pas dans un coin de ce slow channel movie bucolique. S’y mêlent à ravir la charmante Sandrine Kiberlain (déjà vue dans Les 2 Alfred, 2021), un petit nouveau, Daniel Auteuil, et quelques jeunes acteur·rices prometteur·ses, comme Dimitri Doré – la relève est là.
Mais il y a autre chose : au moment de Tournée, Mathieu Amalric avait rappelé que Jean Renoir comparait la fabrication d’un film à une sorte de hold-up, à un coup qu’on prépare comme on préparerait un casse – du réel. On retrouve ici pleinement cette idée : la bande de pieds nickelés fomente ce voyage filmé comme une sorte de vol organisé, et c’est ce qui donne son charme, sa beauté à ce film un peu triste – on aimerait bien suivre le voilier sur la mer, mais les voyageur·ses de La Pénichette n’en ont plus l’âge. Il y a aussi quelques moments magiques, comme lorsqu’une jeune femme accomplit une acrobatie inutile et joyeuse pour passer d’un pont à un bateau. Les derniers plans vont dans ce sens renoirien et ludique : les acteur·rices nous saluent, comme si nous étions au théâtre. C’est beau.
La Petite Vadrouille de et avec Bruno Podalydès, Sandrine Kiberlain, Daniel Auteuil, Denis Podalydès (Fr., 2024, 1 h 36). En salle le 5 juin.
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Author : Jean-Baptiste Morain
Publish date : 2024-06-01 06:00:00
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