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Avec “Memory”, Michel Franco signe un mélo troublant transcendé par son duo d’acteurs 

Avec “Memory”, Michel Franco signe un mélo troublant transcendé par son duo d’acteurs 



Après Sundown, qui amorçait un virage esthétique en laissant place à la tendresse, Michel Franco achève cette transition avec Memory. Ce mélodrame à l’approche plus dépouillée s’articule autour d’une rencontre entre deux êtres aux prises avec les traumas et les troubles de la mémoire.  

D’un côté, Saul (Peter Sarsgaard), atteint d’une maladie neurodégénérative proche de la démence, nourrit un rapport biaisé et lacunaire avec le monde qui l’entoure. Si bien qu’il est contraint de vivre sous le même toit que son frère et sa nièce. De l’autre, Sylvia (Jessica Chastain), qui vit seule avec sa fille adolescente dans un appartement modeste d’un quartier excentré de New York, a décidé de consacrer sa vie aux autres au sein d’une maison de retraite pour adultes handicapé·es. Cette ouverture à l’autre se couple paradoxalement avec sa propension à s’enfermer derrière sa porte à trois verrous dotés, de surcroît, d’un système d’alarme.

Le traumatisme latent de Sylvia émerge lors de sa rencontre avec Saul qui, après une réunion d’ancien·nes camarades de lycée, se met à la poursuivre jusque chez elle. Elle croit alors voir en lui l’un de ses anciens agresseurs sexuels du lycée, avant que sa sœur ne lui démontre le contraire.

Faire jaillir la lumière

C’est une fois que le récit dissipe ce malaise qu’il s’inscrit dans une logique de libération et de réparation. C’est là toute la beauté du film que d’enregistrer avec timidité le lâcher-prise des deux personnages pour qui les traumatismes mémoriels ne constituent pas un frein. Au contraire, ils ménageront des moments de complicité, des espaces troubles propices à l’épanouissement.

Souvent ramené à une forme théâtrale par ses plans d’ensemble fixes et ses longues durées, le cinéaste parvient par la rigidité de sa mise en scène à faire affleurer l’émotion et laisser déborder une forme d’imprévisibilité. Comme lorsqu’on découvre le véritable drame qui touche cette femme et ses proches. Au moyen d’un plan fixe, Franco laisse apparaître toutes les fêlures de la famille de Sylvia où les filles sont soumises à la dure loi du silence.   

Ce sont pourtant d’elles que jaillit la lumière. À cet égard, Anna, la fille de Sylvia, est éblouissante : en ouvrant (littéralement) les portes, elle permet à la fois à sa tante d’exprimer son sentiment de culpabilité et de faire évader Saul par amour pour sa mère. À l’instar des spectateur·rices-observateur·rices, Anna recueille les faits et les différents témoignages pour rétablir la vérité.

Memory de Michel Franco, avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Brooke Timber. En salle le 29 mai.



Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/avec-memory-michel-franco-signe-un-melo-troublant-transcende-par-son-duo-dacteurs-620510-03-06-2024/

Author : Arnaud Combe

Publish date : 2024-06-03 14:30:42

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Tags :Les Inrocks

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