La saison 24-25 sera la dernière de Stéphane Braunschweig comme directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Au terme de neuf saisons, il a décidé de ne pas briguer de troisième mandat et de quitter ses fonctions dès cet été pour se consacrer à son travail de metteur en scène, “après avoir dirigé pendant près de trente années un centre dramatique et trois théâtres nationaux”, comme il le rappelle dans son ultime éditorial. Sur France Culture, il rappelait la semaine dernière les raisons de son départ et l’inquiétude qui le traverse aujourd’hui : “entre le manque de soutien du ministère, les difficultés en interne, avec un climat social tendu qui s’explique par l’inflation, et le fait que la marge artistique est pratiquement nulle, on se demande comment on va réussir à faire du théâtre”.
Cette amertume ne l’empêche pas de rappeler qu’il a durant ses neuf saisons cherché à renouveler la programmation de l’Odéon, en invitant notamment 70 % de metteurs et metteuses en scène qui n’y avaient jamais joué, dont beaucoup de trentenaires et de femmes, comme Caroline Guiela Nguyen, Célie Pauthe, Julie Deliquet, Julie Duclos, Tiphaine Raffier, Marion Siéfert, Rébecca Chaillon, Aurore Fattier, Noëmie Ksicova, aux côtés de Julien Gosselin, Christophe Honoré, Stanislas Nordey, Guillaume Vincent, Cyril Teste… Mais aussi des artistes étrangers, comme Krystian Lupa, Thomas Ostermeier, Ivo van Hove, Angélica Liddell, Deborah Warner ou Katie Mitchell. Stéphane Braunschweig rappelle qu’il a tenu à accompagner des artistes dans la durée, comme Christiane Jatahy, Simon Stone, Alexander Zeldin, ou encore Sylvain Creuzevault.
Une dernière saison
La dernière saison de Stéphane Braunschweig s’inscrit dans le prolongement de ce travail de dix ans. “Avec 8 metteuses en scène pour 12 spectacles, elle affirme plus que jamais la présence des femmes à l’Odéon et dans le théâtre français. Avec 4 nouveaux artistes, elle continue de s’inscrire sous le signe de la découverte et du renouvellement”, avance le directeur, annonçant la présence de grands auteurs classiques (Tchekhov, Feydeau, Brecht, Duras), mais aussi “l’appétence de la scène actuelle pour la littérature (William Faulkner, Simone de Beauvoir, Han Kang), et des écritures contemporaines, textuelles et scéniques”.
Cet automne, le nouveau spectacle d’Angélica Liddel, Dämon, El funeral de Bergman, inaugurera la saison (du 26 septembre au 6 octobre). Stéphane Braunschweig proposera sa dernière mise en scène en adaptant La Mouette de Tchekhov (du 7 novembre au 22 décembre). L’anxiété écologique au cœur du roman de la sud-coréenne Han Kang, La Vegetariana, où une jeune femme décide de ne plus manger de viande, sera mise en scène par l’Italienne Daria Deflorian (aux Ateliers Berthier, du 8 au 16 novembre). Dans Les Forces vives, Camille Dagen se penchera sur la vie de Simone de Beauvoir, du 29 novembre au 20 décembre à Berthier. Avec une nouvelle fiction chorale, Lacrima, Caroline Guiela Nguyen, évoquera la vie des travailleur·euses de l’ombre, dentellières ou brodeur·euses (du 9 janvier au 6 février à Berthier). Avec Grand-peur et misère du IIIe Reich, Julie Duclos fera revivre le regard acéré de Bertolt Brecht sur les transformations de la vie quotidienne dans l’Allemagne nazie (du 11 janvier au 7 février) et Sylvain Creuzevault s’inspirera du livre de Peter Weiss, L’Esthétique de la résistance, pour raconter la résistance allemande et la lutte antifasciste (du 1er au 16 mars). Séverine Chavrier adaptera un roman de Faulkner (Absalon, Absalon ! du 26 mars au 11 avril). Émilie Charriot adaptera L’amante anglaise de Marguerite Duras (du 21 mars au 13 avril) et Lorraine de Sagazan s’interrogera sur la justice et la punition (Léviathan, du 2 au 23 mai). Stanislas Nordey passera de Christine Angot à Georges Feydeau en montant L’Hôtel du Libre-Échange (du 6 mai au 13 juin).
Le monde comme il va
Stéphane Braunschweig souligne que, dans leur diversité même, “tous ces spectacles ont en commun de tenter de poser un regard inquiet et lucide sur le monde comme il va, mais partagent aussi l’ambition de le faire par les moyens du théâtre : par l’engagement profond des interprètes qui mettent leur humanité à vif, par la force de l’imaginaire qui peut cristalliser les questions les plus aigües de notre temps dans des situations emblématiques ou des images sidérantes, et par le plaisir jubilatoire du jeu”.
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Author : Jean-Marie Durand
Publish date : 2024-06-03 15:59:30
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