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La 29e édition du festival de Marseille mettra la ville en mouvement

La 29e édition du festival de Marseille mettra la ville en mouvement



Pour sa 29e édition, le Festival de Marseille, qui se tient du 14 juin au 6 juillet, s’apprête à faire vibrer la cité phocéenne avec des spectacles de danse, des performances et des concerts, qui forment le cœur de sa programmation depuis près de trente ans. Ancré dans le paysage culturel marseillais, le festival traduit selon sa directrice Marie Didier “une vraie appétence du public local pour les formes de représentation du corps, des corps en mouvement”.

“Il existe un vrai désir de spectacle à Marseille” ; ce qui explique que les salles soient toujours pleines, favorisées par une politique tarifaire courageuse (tarif unique à 10 euros), soutenue par la ville de Marseille. “Ce tarif unique lève des barrières, pas seulement financières”, explique Marie Didier ; “il conjure l’appréhension que l’on peut légitimement avoir face à des formes exigeantes ou inconnues”. De fait, beaucoup de Marseillais·es (90 % du public) viennent en groupe, sur un mode convivial, prêt·es à découvrir ensemble des formes chorégraphiques inédites.

“L’art comme un espace de liberté formelle et intellectuelle”

Pour Marie Didier, directrice depuis trois ans, la programmation du festival reste guidée avant tout par l’expérimentation de formes. “J’aime les artistes qui prennent des risques, qui se livrent à des dialogues avec d’autres artistes”, confie-t-elle. “Le festival explore ce que les artistes ont à dire depuis l’endroit où ils vivent, de Marseille à New Dehli, ou de l’autre côté de la Méditerranée. Tous construisent des formes puissantes à partir de questions clés de notre époque”. L’édition de cette année fait place à “de nombreuses œuvres qui s’intéressent à l’expression de la violence, à l’hybridation entre luttes émancipatrices et langages artistiques”.

Avec, entre autres, sept créations, six coproductions, plus de vingt spectacles et performances, mais aussi des ateliers de danse gratuits et des conférences, le festival se déploie dans 18 lieux de la ville (La Sucrière, Le ZEF, KLAP Maison pour la danse, Friche la Belle de Mai, Théâtre Joliette, Centre de la Vieille Charité, Mucem, Théâtre La Criée, Ballet national de Marseille, La Cité Radieuse…). Les œuvres “revendiquent, souvent joyeusement, l’art comme un espace de liberté formelle et intellectuelle déjouant les assignations et bifurquant des trajectoires convenues”.

Nos attentes

En danse, Anne Teresa De Keersmaeker et Radouan Mriziga entrelaceront leurs écritures chorégraphiques en s’inspirant des Quatre Saisons de Vivaldi (les 28 et 29 juin, le Zef). Pour sa première collaboration avec le Garage Dance Ensemble, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin présentera …How in salts desert is it possible to blossom… (les 14 et 15 juin à la Criée). Dans leur spectacle Age of Content, le collectif (LA)HORDE investira le plateau de La Criée pour réinventer le virtuel (les 25, 26 et 27 juin, au théâtre de la Criée).

Aïchoucha, spectacle fusionnant musique électronique et vidéo de l’artiste tunisien Khalil Epi, dessine une cartographie sensible des deux rives de la Méditerranée (le 14 juin au centre de la Vieille Charité). La scène contemporaine égyptienne sera incarnée par la pièce du collectif féminin cairote Nafaq, composé des danseuses Hanin Tarek et Amina Abouelghar, Nafaq 4: Extending Further. (les 17 et 18 juin, à KLAP Maison pour la danse). Avec Martyre, la chorégraphe Malika Djardi associe recherche plastique et scénique autour des corps vieillissants (17 et 18 juin à KLAP Maison pour la danse). L’artiste lisboète Diana Niepce, paralysée après un grave accident, a fait de sa reconstruction une force créatrice pour rendre la danse à nouveau possible. Sa performance, Anda, Diana, propose une plongée autobiographique questionnant les corps non normatifs dans le champ des arts (20 juin au Théâtre La Criée).

Le chorégraphe israélien Emanuel Gat propose une sonate chorégraphique, musicale et dramaturgique en trois mouvements (Freedom Sonata, les 20 et 21 juin au théâtre de la Criée). Maryam Kaba et Marie Kock unissent leurs voix dans un spectacle conçu avec et pour vingt femmes de Marseille, Joie UltraLucide, en coréalisation avec le Ballet national de Marseille : un hymne qui vise à redonner mouvement et vie aux corps féminins victimes de violence (les 22 et 23 juin, 
Ballet national de Marseille). Dans une performance, Be Careful, l’artiste féministe Mallika Taneja se met en scène et avec un sens aigu du théâtre pour dénoncer les violences faites aux femmes (les 22 et 23 juin, Ballet national de Marseille). Dans While we are here, la chorégraphe flamande Lisa Vereertbrugghen s’essaie à la techno hardcore pour “se challenger à aller plus vite”, bousculer ses habitudes. Une frénésie contagieuse (les 23 et 24 juin au Mucem). On ira aussi voir Pina, my love du chorégraphe et danseur Bassam Abou Dia qui ausculte les mouvements du corps captif (le 1er juillet à la Friche Belle de Mai).

Une grande vitalité de formes et d’élans

Du côté de la musique contemporaine, on écoutera avec curiosité l’opéra du compositeur et metteur en scène Benjamin Dupé, (f)riou(l), un opéra maritime, sur l’un des plus beaux sites du parc national des Calanques, où la nature et la mer feront entendre leurs voix secrètes. Accompagné d’une chanteuse lyrique, d’un comédien et de sept musicien·nes, Dupé invite à partager des sensations inédites sur les archipels de Riou et du Frioul, “à ressentir leur ambiance singulière, à écouter l’environnement sonore et à observer, avec sa sensibilité de musicien, les jeux de lumière et le vol des oiseaux” (les 21, 22 et 23 juin, dans l’Archipel du Frioul).

Par-delà tous les spectacles, une journée de rencontres, performances et films questionnera la manière dont le handicap transforme l’art, le monde de l’art et les représentations. Associé au Festival TRANSFORM!, festival de créations queer contemporaines, pour penser le programme de cette journée, le festival de Marseille explore les perspectives qu’agencent les théories crip, qui pensent à partir de la situation dite “de handicap” les croisements des identités (le 24 juin au Mucem).

Centré à la fois sur la scène locale et sur les scènes internationales, sur “le très proche et le très lointain”, comme le résume Marie Didier, le festival traduit une vitalité artistique propre à Marseille, où il existe aujourd’hui plein de possibilités d’expérimenter des choses en-dehors de l’institution. Disséminée dans des théâtres, mais aussi des jardins, des espaces en plein air, et même des îles, le festival témoigne de cette vitalité des formes et des élans. Tous·tes à Marseille.

Festival de Marseille, du 14 juin au 6 juillet 2024.



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Author : Jean-Marie Durand

Publish date : 2024-06-05 14:07:31

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