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À Marseille, trois musées questionnent les liens entre sport et art pendant les Jeux olympiques

À Marseille, trois musées questionnent les liens entre sport et art pendant les Jeux olympiques



Ce que l’art doit au sport (et le sport à l’art ?) : la question trouvera cet été dans la France entière des réponses multiples à l’occasion des Olympiades culturelles. Dans la myriade d’expositions explorant les affinités entre art et sport, Des exploits, des chefs-d’œuvre joue les premières places. Proposée par Muriel Enjalran, directrice du Frac Sud, et curatée par le critique d’art Jean-Marc Huitorel, le projet se découpe en trois lieux (le Mucem, le Mac et le Frac Sud) et entrelace des gestes qui traversent le champ de l’art contemporain aspiré par les mythologies sportives.

Auteur d’un livre séminal sur le sujet, La Beauté du geste – L’art contemporain et le sport (éditions du Regard, 2005), Jean-Marc Huitorel soutient que si le sport a depuis longtemps intéressé les artistes, “la nature et la définition du fait sportif deviennent au tournant des XXe et XXIe siècles l’objet d’un questionnement de l’art quant à sa nature et sa délimitation”. Selon lui, le sport n’a jamais à ce point constitué un tel “vivier naturel” dans lequel les artistes “puisent formes et motifs, récits, attitudes et concepts, moyens d’analyse de leurs pratiques”.

Sa thèse se met subtilement en scène dans les trois espaces, qui concentrent autant de manières d’envisager les affinités entre deux pratiques engageant le corps (et l’esprit). Les gestes représentés par les artistes convoquent autant leur beauté formelle que la mythologie du vainqueur et du loser, les outils fétichisés (raquettes, ballons…) que leur dimension sociale et fantasmatique. Au Frac Sud, les artistes exposent leurs visions de “l’heure de gloire” des sportif·ves à travers des pièces à la hauteur de l’enjeu.

Au cœur d’un parcours haletant et joyeux, plein de surprises, quelques œuvres se dégagent par l’audace de leurs formes, pop, politiques, ironiques ou conceptuelles : des sculptures en céramique par Louka Anargyros de motards enlacés, sur lesquelles des inscriptions homophobes tiennent lieu de sponsors publicitaires (Leatherboys III), un cyanotype sur toile de coton de Jeremy John Kaplan (Althea in Blue, négatif d’un filet de tennis en hommage à l’une des premières joueuses noires, Althea Gibson), la sculpture par Bianca Argimón d’un baby-foot où les joueurs en bois s’écroulent sur le tapis dans une posture de simulation et de chiqué (Materazzi), l’installation de Taro Izumi en forme de machine pour apprendre à faire un retourné arrière en foot (Tickled in a Dream… Maybe? (The Destination of Breath)), une vidéo de Julia Borderie sur un match de basket où des sculptures s’incrustent dès qu’un panier est marqué (Tripple Dribble)…

Aux heures de gloire (et de défaite) s’associent les fétiches qu’abrite le Mucem dans son expo Trophées et Reliques, où s’exposent, tels des trophées donc, des ballons et des raquettes, des gants de boxe et des skates, comme les traces de légendes populaires (le ballon de la victoire de l’OM contre le Milan AC, les gants de boxe de Marcel Cerdan…), tous mêlés à des objets investis par les artistes (les ballons déformés de Fabrice Hyber et de Laurent Perbos, les affiches sublimes des JO de Munich par David Hockney, Victor Vasarely ou Pierre Soulages…).

Une mythologie investie aussi par la peinture, comme l’illustre l’exposition du Mac, Tableaux d’une exposition, électrisée par les toiles de Nina Childress (Goldengirl, magnétique), Guillaume Pinard (Michael), Pascal Rivet (Les Géants), Jérémie Setton (Gymnaste), Johanna Cartier (Droit au but) ou la série thématique de Julien Beneyton, L’Œil du tigre, sur l’univers de la boxe. D’un lieu vibrant à l’autre, des liens résonnent entre les œuvres, traversées de mille manières par ce que le sport fait à nos vies, obsédées par la perfection du geste, la volonté de puissance, le sacre et l’éclipse des idoles, la comédie du jeu.

Des exploits, des chefs-d’œuvre au Frac Sud, au Mucem et au Mac, Marseille, jusqu’au 8 septembre.



Source link : https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/a-marseille-trois-musees-questionnent-les-liens-entre-sport-et-art-pendant-les-jeux-olympiques-618449-08-06-2024/

Author : Jean-Marie Durand

Publish date : 2024-06-08 10:00:00

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Tags :Les Inrocks

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