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Royaume-Uni : comment les bourdes à répétition de Rishi Sunak fragilisent sa campagne

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak avant l'annonce de la convocation des élections législatives, à Londres, le 22 mai 2024




À l’approche des législatives au Royaume-Uni, le Premier ministre conservateur n’avait pas besoin d’un énième faux pas. Pourtant, il s’est infligé le pire : une violente tempête politique. Jeudi 6 juin, Rishi Sunak a suscité la consternation dans son pays en préférant se rendre à une interview plutôt que de rester aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement à Omaha Beach, en Normandie. L’évènement, organisé par le président français Emmanuel Macron, se tenait en présence de nombreux chefs d’Etat, comme l’Américain Joe Biden ou l’Ukrainien Volodymyr Zelensky. Son absence a été très remarquée sur la photographie officielle, le Royaume-Uni ayant été l’un des principaux artisans du débarquement allié sur les côtes normandes le 6 juin 1944.La bronca a été d’autant plus forte que le chef du gouvernement est rentré pour enregistrer un entretien sur ITV, qui devait lui permettre de se défendre après avoir été accusé de mensonges lors d’un débat avec le chef du Labour, Keir Starmer. Il a accusé celui-ci de vouloir alourdir la charge fiscale des ménages, sur la base de chiffres contestés.Selon un sondage YouGov, 65 % des Britanniques ont trouvé son absence “inacceptable”. Pour la BBC, la “puissance de la gaffe” de Rishi Sunak réside dans “sa simplicité”, car “tous les électeurs peuvent comprendre cette histoire.” De quoi lui coûter encore quelques bulletins dans l’urne.”Pour un Premier ministre en retard de plus de 20 points dans les sondages, il était considéré comme plus important de revenir sur le devant de la scène et de faire campagne”, juge le quotidien britannique de centre-droit The Times. Que ce soit dans l’arène politique ou dans les journaux, les critiques vont bon train. Pour le quotidien britannique The Guardian, situé à gauche et cité par nos confrères de Courrier International, il s’agit de “la plus grosse erreur politique” de la campagne pour le scrutin du 4 juillet. Même son de cloche du côté de la BBC qui parle d'”erreur électorale”. Ce samedi 8 juin, le tabloïd britannique Daily Mirror tance même : “C’est cuit”. Le Daily Express, lui, reprend en gros titre les mots du Premier ministre : “Vraiment désolé !””Une erreur”En effet, Rishi Sunak a demandé pardon sur son compte X le lendemain de son absence remarquée : “Après réflexion, c’était une erreur de ne pas rester en France plus longtemps, et je m’en excuse. Cet anniversaire devrait être dédié à ceux qui ont fait le sacrifice ultime pour notre pays. La dernière chose que je souhaite, c’est que les commémorations soient éclipsées par la politique”. Des excuses apparemment insuffisantes aux yeux du Premier ministre écossais, John Swinney, qui a déclaré, ce samedi 8 juin, que Rishi Sunak avait ” complètement détruit” sa crédibilité suite à son absence le jour J.The 80th anniversary of D-Day has been a profound moment to honour the brave men and women who put their lives on the line to protect our values, our freedom and our democracy.

This anniversary should be about those who made the ultimate sacrifice for our country. The last thing…— Rishi Sunak (@RishiSunak) June 7, 2024Les excuses du chef du gouvernement pour ce qu’il a qualifié d'”erreur” viennent conclure une semaine de campagne ardue, marquée par l’irruption tonitruante dans la course du nationaliste anti-immigration Nigel Farage. Peut-être un problème supplémentaire pour le Premier ministre qui, depuis plusieurs semaines, enchaîne les bourdes. Fin mai, il avait invité des Gallois à “regarder l’Euro 2024 de foot”, alors que le Pays de Galles n’était pas qualifié pour la compétition… Et le timing était tout aussi mal choisi le 24 mai, quand Rishi Sunak visitait le Titanic Quarter de Belfast alors que son ministre, Michael Gove, venait d’annoncer qu’il ne se présenterait pas comme député conservateur lors des prochaines élections générales. Là encore, les tabloïds n’ont pas résisté à mettre en avant l’image d’un capitaine de bateau à la dérive.Ces faux pas interviennent au moment où se profile la dernière ligne droite de la campagne pour le scrutin du 4 juillet, avec la publication la semaine prochaine des programmes officiels des principaux partis. Celui du Labour a été récemment finalisé lors d’une réunion à huis clos de ses dirigeants. Parmi les quelques éléments qui ont fuité de ce document – qui devrait confirmer le recentrage du parti -, Keir Starmer a confirmé qu’il comprendrait un objectif de reconnaissance de l’Etat palestinien. A moins de quatre semaines du renouvellement des 650 députés de la Chambre des Communes, la victoire des conservateurs dans ce contexte serait l’un des plus “grands revirements de l’histoire politique britannique”, estime l’Evening Standard.Minés par la valse des Premiers ministres depuis le Brexit, la crise du service public de santé et la chute du pouvoir d’achat provoquée par la forte inflation depuis deux ans, les Tories sont également menacés par la progression du parti anti-immigration Reform UK. Ce dernier se rapproche du parti au pouvoir dans certains sondages et a gagné une visibilité nouvelle avec l’entrée en campagne, lundi, de son fondateur, le très médiatique Nigel Farage, acteur majeur de la victoire du Brexit lors du référendum de 2016. Un succès de Reform UK dans les urnes priverait les conservateurs de voix précieuses dans certaines circonscriptions disputées. “Rishi Sunak n’a même pas pris la peine d’assister aux cérémonies internationales d’Omaha Beach, a critiqué Nigel Farage. Les patriotes qui aiment leur pays ne devraient pas voter pour lui.” Reste à savoir ce que feront les Britanniques.



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Author : Audrey Parmentier

Publish date : 2024-06-08 15:17:53

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