Lancée sur les rails avec un pilote très (trop ?) chauvin, la troisième saison de Drag Race France poursuit son chemin avec un deuxième épisode réjouissant, qui déjoue les attentes. Au pupitre des jurys, ce sont le danseur étoilé Guillaume Diop et la comédienne césarisée Virginie Efira qui rejoignent Daphné Bürki, Kiddy Smile et Nicky Doll.
Un premier écart salvateur pour commencer : l’épisode s’extirpe – et c’est pour le mieux – de l’immuable carcan dans lequel s’était enfermée la franchise française, où le moment “émotions” venait marteler avec plus ou moins d’habilité le cours du visionnage. Exit le ponctuel déballage de traumas face caméra, place ici à une séquence touchante consacrée aux récits positifs de coming out (ceux de Misty Phoenix et Magnetica) et aux nouvelles perspectives offertes par les possibilités de familles queers (celle d’Edeha Noire). “Il n’y a pas que des drames dans les familles avec des personnes queers”, conclut joliment Magnetica.
Nouveau souffle
Ce bel aparté passé, c’est l’heure du retour d’un challenge mythique de l’émission : le Talent Show. De quoi permettre aux queens de mettre en avant les individualités qui font leur force face à un public constitué des participantes de la saison 2. L’occasion de revoir Mami Watta, Punani, Moon, Sara Forever, Piche (dans un look Voldemort assez controversé) et la reine en titre Keiona, toutes venues applaudir le cru 2024 de l’émission. Et il y avait de quoi applaudir, dans ce show qui oscillait entre réussites galvanisantes (la danse de Norma Bell, Le Filip et son humour pince-sans-rire, les acrobaties ahurissantes de Perseo, le chant cantatoire de Leona Winter) et ratés malheureux (la partition au piano de Ruby on the Nail, la prestation live chantée et chorégraphiée de Magnetica). Mention spéciale à la Lyonnaise Edeha Noire, dans le bottom la semaine d’avant, et à son surprenant numéro d’humour.
Sur le runway, c’est l’émerveillement. Il faut souligner l’idée de génie de la semaine : un thème imposant aux queens des tenues vivantes, qui nécessitent des mécanismes intégrés aux robes. Entre la ménagère-cyborg du Filip, les pinces géantes de Perseo, la tulipe en pleine éclosion de Ruby, la mite de Lula Strega ou encore l’hommage aux Club Kids de Magnetica, le défilé nous a offert un spectacle visuel unique. Autre détail pas si insignifiant : Daphné Bürki a reproché au Filip une attitude nonchalante trop prononcée. Si la critique en a surpris plus d’un·e sur les réseaux sociaux, sonnant comme gratuite et ignorante du persona drag volontairement flegmatique de la reine concernée, elle peut aussi être interprétée comme annonciatrice d’un changement de paradigme. Et si, après deux saisons placées sous le signe de la bienveillance et de l’éloge, les jurys commençaient elleux aussi à resserrer la vis ?
Un lip-sync inédit
Enfin, alors qu’on l’imaginait depuis le premier épisode aller loin dans la compétition, c’est l’intrigante Magnetica qui se fait éliminer, la faute à un (magnifique) outfit malheureusement trop encombrant et à la performance renversante de son adversaire Ruby on the Nail sur Gigi l’amoroso. À noter : l’audace formelle de les faire lip-syncer sur les passages parlés de la chanson de Dalida, offrant un moment suspendu, que seule la maison mère états-unienne s’était jusque-là permis lors de sa saison All Stars, sur un monologue de l’iconique sitcom Designing Women. Il n’y a plus qu’à espérer que cet épisode donne le ton du reste de la saison.
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Author : Jolan Maffi
Publish date : 2024-06-11 12:14:19
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