Depuis sa première bande dessinée publiée, Conduite interdite, où elle revenait sur les premières femmes saoudiennes à avoir pris le volant, Chloé Wary multiplie les récits d’émancipation, souvent féministes. Originaire de l’Essonne, elle aime aussi zoomer sur les angles morts de la fiction française, ces “coins de banlieue” qu’elle connaît bien pour y avoir grandi et toujours y vivre. Après Saison des Roses, où sa protagoniste cherchait à s’en sortir par le football, elle a enchaîné sur Rosigny Zoo en septembre dernier, avec des personnages impliqués dans l’associatif ou la danse hip-hop. Rentrer dans le rang ou continuer de militer, jouer sa carte personnelle ou préférer le collectif… Leur passage à l’âge adulte n’était pas exempt de dilemmes. Chloé, elle, n’est pas du genre à hésiter.
En octobre 2023, la mairie de Champigny-sur-Marne a fait recouvrir une fresque de 23 mètres de long, qui lui a pourtant été commandée, en raison de l’inscription “Justice pour Nahel”. La dessinatrice a récemment pris des avocats, bien déterminée à ce que son droit moral soit respecté.
La sortie de Rosigny Zoo a provoqué des événements plus joyeux, comme l’organisation de battles et de performances avec les danseurs Medoune Top ou Frédéric Faula. En juillet, elle sera même sur la scène de l’Olympia avec une compagnie hip-hop. Pour la Nuit blanche du 1er juin, elle accompagnera au Centre Pompidou la rappeuse Le Juiice, l’une des inspirations de sa prochaine BD, prévue pour la fin de l’année ou pour janvier 2025 dans la collection BD-Cul. “L’exercice du dessin érotique, voire pornographique, m’était totalement étranger. Ce sont le second degré, l’humour, l’absurde qui ont rendu la chose possible. C’est pour ça que je dessine des rappeuses complètement barges, à la limite du terrorisme féministe”, nous confie-t-elle en s’amusant.
Dans les quelques extraits partagés sur Instagram, elle montre des femmes jouissant de leur corps, à l’opposé du male gaze de la pornographie mainstream. “Je cultive toujours ma veine féministe dans ma manière de représenter des corps aux formes volumineuses. Cela me réjouit d’imaginer un récit qui renverse les clichés de la femme-objet. Je joue avec ces codes de la féminité standards, je les pousse à l’extrême avec des femmes qui, lorsqu’elles montent sur scène, font de ces codes des armes de revendication. Je me suis pas mal inspirée de clips de rappeuses… Quand elles montrent leur boule, c’est qu’elles l’ont décidé ! Know What I Mean? de Michael Eric Dyson, un essai sur le hip-hop qui parle des masculinité et féminité noires, a nourri mes recherches. C’est important que, derrière mes histoires, il y ait un fond solide. J’aime bien saisir ce qui se passe sociologiquement.”
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Author : Vincent Brunner
Publish date : 2024-06-14 16:00:00
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