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À la Paris Fashion Week, des manifestes pour la paix et l’amour

À la Paris Fashion Week, des manifestes pour la paix et l’amour



Des silhouettes cow-boy camp, des jupes plugs, des tenues surréalistes sculptées en nylon : pour ouvrir la semaine de la mode, trente et un jeunes talents de l’Institut Français de la Mode ont exprimé une vision à la créativité radicale, le tout ponctué d’un final commun où chaque créateur·ice portait un tee-shirt blanc sur lequel on pouvait lire “Ceasefire Now” (Cessez-le-feu immédiat). Quelques heures plus tard, Pharrell Williams – pour la maison Louis Vuitton – déployait dans les jardins de l’UNESCO une ode optimiste. Sur les vêtements, un slogan inscrit : “Le Monde est à vous”.

La créativité est-elle la meilleure réponse au sinistre climat politique actuel ? La semaine de la mode masculine, qui se clôturera le 23 juin, apportera plus de 37 visions au total. Si aucun appel au vote ou à la mobilisation n’a pas encore été exprimé de façon littérale, l’amour et l’espoir semblent être les sentiments mobilisés par les créateur·ices à travers leur collection, généralement initiée en atelier il y a quatre mois.

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L’armée de l’amour

L’amour et la paix : c’est la thématique centrale de Rick Owens, créateur californien indépendant souvent réduit aux ténèbres. Après deux saisons en petit comité chez lui, Rick Owens renoue avec le grand défilé pour sa collection intitulée Hollywood, présentée autour de la fontaine du Palais de Tokyo. La dernière fois qu’il présentait une collection au Palais de Tokyo, le morceau I Still Believe de Diana Ross résonnait. C’était en septembre 2023, et Owens décrivait “un monde malade”. Exprimer une forme d’espoir et de joie sans tomber dans la mièvrerie ou la naïveté, était alors un impératif pour Owens, dont les vêtements décrivaient un équilibre fin entre les tenues noires “drama queen” interrompues par des moments rose tendre.

Neuf mois plus tard : pas de couleur, pas de confettis. De la fumée blanche et 200 mannequins défilant tel un lent cortège au son de la Symphonie n° 7 de Beethoven par rangs de quatre, en tenues opalines allant du crème au doré. “Exprimer notre individualité, c’est bien, mais parfois, exprimer notre unité et notre besoin de s’appuyer les uns sur les autres, c’est aussi pas mal… surtout face à l’explosion d’intolérance que nous expérimentons dans le monde en ce moment”, écrit Rick Owens.

Étudiant·es, artistes queer ou trans se mêlent et forment une armée inclusive, des personnes étranges qu’Owens nous apprend à regarder depuis plus de 20 ans. Hommage à ses fans, mais aussi à la nouvelle génération de créatif·ves puisque le designer a multiplié les collaborations (Tanja Vidic pour la maille).

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Nouvelle vague

L’amour est aussi au centre des collections des jeunes créateur·ices. Intitulée Idols, la collection de Jeanne Friot célèbre les icônes adolescentes, et ainsi l’espoir qui caractérise cette tranche de vie, et la possibilité de s’inventer, plutôt que de s’enfermer. “Un cri de liberté, pour dire que l’amour est plus fort que la haine, dans un climat où les attaques anti-LGBTQI+ grimpent”, commente Friot qui s’est associée à l’application de rencontre Tinder pour la capsule “Love Louder” dont les bénéfices seront reversés à SOS Homophobie. De son côté, Burc Akyol présentait à l’Institut du Monde arabe sa collection À cœur ouvert, inspirée par son récent mariage. À travers elle, il questionne les différentes manières d’aimer. L’ambivalence entre la fidélité et la débauche se traduit dans de larges chemises évoquant la liberté et dotées de boutonnières qui agrippent le buste. Excellent dans les robes red carpet, il propose des versions dévoilant les hanches, et qui semblent ne tenir qu’à un fil.

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Maisons indépendantes 

Aimer et séduire sont aussi des questions abordées par la maison indépendante. Chez Lemaire, Christophe Lemaire et Sarah-Linh Tran livrent un vestiaire en réponse au quotidien, transcendant la binarité masculin-féminin et teinté de pointes sensuelles. De la laine ultrafine, du jersey de soie et des porte-jarretelles qui s’échappent parfois de jupes fendues. L’idée est avant tout de partir des besoins des client·es, ce qui semble être le meilleur modèle pour les indépendant·es. Louis Gabriel Nouchi est lui aussi au plus proche de sa clientèle, qui se transforme en mannequins le temps des défilés. Pour cette collection, le designer queer, qui déconstruit la masculinité patriarcale et interroge la notion de sexy, s’est inspiré du Parfum de Patrick Süskind et a traduit cette inspiration à travers ses créations, entre noir profond et pourpre, dans des textures légères et rigides. Des cuirs sont parfois usés, parfois rassemblés en bandelettes pour former de longues tuniques.

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Author : Manon Renault

Publish date : 2024-06-21 12:28:41

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