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Donald Sutherland : disparition d’un acteur canadien à la carrière éclectique

Donald Sutherland : disparition d’un acteur canadien à la carrière éclectique



Donald Sutherland est un grand acteur, ou plutôt un acteur de grande taille, puisqu’il mesurait 1,93 m. Sur le papier, il n’est pas d’une extrême beauté : yeux un peu globuleux qui peuvent volontiers lui donner un regard vicieux, longues dents dont les incisives semblent destinées à le conduire tout droit vers des rôles de vampires (il débute d’ailleurs au cinéma aux côtés de Christopher Lee dans Le Château de morts-vivants de Luciano Ricci et Warren Kiefer, un film d’horreur italien de 1964 où il joue trois rôles).

Il commence à travailler dans une radio canadienne locale à l’âge de 14 ans, et prend des cours d’art dramatique. Encouragé par un critique, il part à Londres puis en Écosse apprendre le répertoire classique. Il commence alors à tourner des petits rôles dans des séries.

Un début très militarisé

La célébrité advient avec Les Douze Salopards de Robert Aldrich, en 1967, où il ne joue pourtant qu’avec des acteurs déjà très célèbres (Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, John Cassavetes, etc.), l’histoire d’un commando américain, chargé d’une mission suicide, pendant la Seconde Guerre mondiale, composé de truands et d’assassins que l’on a pêchés dans les prisons militaires.

Et puis surtout avec M.A.S.H de Robert Altman (1970) dans lequel il joue le rôle d’un chirurgien antimilitariste et farceur pendant la guerre de Corée. Le rôle du capitaine “Hawkeye” Pierce lui restera collé à jamais à la peau. Le film remporte la Palme d’or à Cannes en 1970, des Golden Globes et des Oscars en 1971.

On le voit aussi aux côtés de Clint Eastwood dans le provocateur et satirique De l’or pour les braves de Brian G. Hutton (1970). Il y joue un officier américain fumeur de joints qui tente de voler l’or des nazis avec son bataillon de chars Sherman… Avec son regard torve et son sourire permanent, il y est irrésistible, là aussi, et assez inquiétant… Il y a de la folie dans le jeu de Sutherland !

Chez Fellini, Bertolucci…

Ensuite, il incarne un détective privé qui tombe amoureux d’une prostituée (Jane Fonda) dans le beau Klute d’Alan J. Pakula (1971). La folie, on la retrouve dans le rôle très chargé d’Attila, un fasciste presque caricaturalement sadique (il massacre un chaton, viole un enfant et le tue affreusement, etc.) dans 1900 de Bernardo Bertolucci, vaste récit tourné en Italie en 1976 et qui raconte la vie de deux jeunes hommes que tout oppose (Depardieu et De Niro) dans une ferme d’Emilie-Romagne. Sutherland y finit massacré, voire déchiqueté, par les paysans.

L’histoire de Casanova de Fellini est assez étrange. Fellini, à qui l’on a commandé cette adaptation des mémoires du célèbre séducteur, recule longtemps devant l’obstacle, change trois fois de producteur, explose son budget… Surtout, il prend très vite en grippe Sutherland – son interprète principal (ou peut-être Casanova, qui l’agaçait et qu’il trouvait imbu de sa personne, à travers l’acteur) – à qui il oblige de raser la moitié antérieure de son crâne. Sutherland, lui, considérait avoir vécu l’un des plus beaux moments de sa carrière…

Premiers et seconds rôles

Ensuite, Donald Sutherland tourne dans beaucoup de films inégaux, parfois jouant des seconds rôles. Citons Une saison blanche et sèche (1989), Backdraft (1991), JFK (1991), Space Cowboys (2000) et Orgueil et Préjugés (2005). Les grandes années de Donald Sutherland sont sans conteste les années 1970. Pour le public plus jeune, il refait surface dans les années 2010 dans la série Hunger Games, dans le rôle du président Snow. Dans Ad Astra de James Gray, il fait une dernière apparition, dans le rôle (important, symboliquement) du père de Roy McBride (Brad Pitt), l’astronaute dont l’odyssée interstellaire prend la forme patente d’un parcours psychanalytique.

Sutherland était né en 1935 dans le sud de l’état canadien du New-Brunswick, dans la ville portuaire de Saint-Jean, à l’embouchure du Saint-Laurent. Il meurt en Floride, où il fait sans doute plus chaud. Il est le père de l’acteur Kiefer Sutherland. Et il n’était pas grand uniquement par sa taille, évidemment.



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Author : Jean-Baptiste Morain

Publish date : 2024-06-21 10:54:59

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