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“The Girls on the Bus” sur Max : pourquoi ce soap politique est une déception

“The Girls on the Bus” sur Max : pourquoi ce soap politique est une déception



Suivre une série sur des élections alors que l’on se prépare à voter dans la réalité, voilà quelque chose d’étrange et d’un peu déstabilisant. Pour se faire du bien, rien n’interdit de replonger dans la mythique À la Maison blanche (1999-2007), une superbe vieillerie qui a tenté de nous faire croire que l’art de la négociation et l’amour des idéaux pouvaient faire office de boussole dans la lutte pour le pouvoir politique.

Vingt-cinq ans après la diffusion du premier épisode, nous en sommes assez loin, et la nouvelle plateforme Max diffuse The Girls on the Bus, qui traverse parfois les mêmes terres, mais n’a pas vraiment dans son ADN un rapport franc avec un genre pourtant bien installé dans les séries – on pense aussi à House of Cards, Veep, Parlement, etc…

Une vue de l’époque

Si elle raconte la primaire du Parti démocrate américain du point de vue de celles qui suivent les candidat·es pour la presse, The Girls on the Bus penche plutôt du côté de la satire existentielle telle qu’a su la faire exister la scénariste Shonda Rhimes (créatrice de Grey’s Anatomy) qui s’est d’ailleurs frottée à la politique avec Scandal. Créée par Julie Plec et Amy Chozick (autrice du livre dont est tiré le récit, Chasing Hilary, inspiré par le culte The Boys on the Bus de Timothy Crouse), elle met en scène quatre journalistes de générations et d’orientations professionnelles différentes : Sadie, une jeune surdouée bossant pour la “grande” presse mais se revendiquant du pape du journalisme Gonzo, Hunter S. Thompson, Grace, l’une de ses collègues/concurrentes qui a dépassé la cinquantaine et reste old school pour toujours, mais aussi Kimberlyn, une journaliste noire à l’antenne pour un media ultraconservateur, et une influenceuse racisée, Lola, aussi à l’aise dans ce bordel qu’un chien dans un jeu de quilles.

Une vue de l’époque à base de sororité et d’engagement se dessine, avec plus ou moins de bonheur. Les scènes les plus réussies montrent les quatre journalistes capables de se rejoindre et de s’épauler dans la galère d’un monde largement codifié, où les candidat·es cherchent à ne surtout pas faire émerger autre chose que leurs éléments de langage. C’est parfois plein de charme et c’est une manière de voir travailler des journalistes qui n’a pas trop d’absurdités à raconter. Surtout, la série revendique un esprit de “soap” assez véloce, proche de ce que l’on pouvait voir auparavant sur les grandes chaînes gratuites, avant que l’idée même de série de prime time soit remise en cause.

Une proposition inaboutie

Le souci, puisque souci il y a, c’est que plusieurs sujets contemporains majeurs se croisent ici – de l’avenir des médias à celui de la parole politique ] et que The Girls on the Bus n’a pas vraiment les épaules pour s’y confronter avec force et pertinence. Une fois de plus, nous sommes devant une série inaboutie, à courant alternatif, qui jongle plus ou moins bien avec les clichés et ne se permet jamais un véritable coup de pied dans la fourmilière. Si la question de l’avortement est abordée, elle est coincée dans un suspens un peu vain. Si un discours sur le rapport des femmes au travail est esquissé, il se place uniquement dans une perspective de réussite conforme au système – le revirement du personnage d’influenceuse est à ce titre franchement détestable.

The Girls on the Bus a beau ne pas manquer de swing, il en faudrait beaucoup plus pour nous faire oublier que tout va mal.

The Girls on The Bus de Julie Plec est diffusée sur Max.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/the-girls-on-the-bus-sur-max-pourquoi-ce-soap-politique-est-une-deception-622422-21-06-2024/

Author : Olivier Joyard

Publish date : 2024-06-21 18:49:50

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