Après le mug de la collègue, voilà qu’une lunch box a disparu du frigo de la compagnie de bus. Serait-ce encore un coup de Salami Bandit ? Fraîchement arrivé sur place, le meilleur des détectives – qui se trouve être un canard – va tout faire pour percer ce mystère (et quelques autres en cours de route).
Conçu par le studio berlinois Happy Broccoli Games, le gentiment farceur et néanmoins rigoureux Duck Detective est l’un des derniers représentants en date d’un genre ancien mais toujours bien vivant : le jeu d’enquête. Une sorte de polar interactif abordé ici sous l’angle de la nouvelle (plutôt que du roman-fleuve) à trous, qu’il nous revient de combler de manière littérale en plaçant les bons mots (issus des indices découverts à travers les bureaux) aux bons endroits dans les phrases de notre palmipède de héros.
Le rapport entre une intériorité et le monde
Non content d’introduire un nouvel animal costumé au panthéon vidéoludique des privés (après le raton laveur de Tails Noir, la grenouille de Frog Detective, l’alligator de Brok the InvestiGator…), Duck Detective traite ainsi frontalement de cette ambition humaine éternelle : donner un sens aux événements. Et apparaît comme une parfaite réponse en ligne claire à des titres plus complexes et largement célébrés comme Return of the Obra Dinn ou The Case of the Golden Idol.
Dans la famille des jeux policiers, vous avez demandé le visual novel ? Voici Echoes, du studio bordelais Nova-box (Across the Grooves, End of Lines), jeu d’ambiance à choix multiples dont l’issue dépend de nos décisions et qui fait dialoguer la série noire (disparition inquiétante, petite ville louche…) avec le fantastique.
L’essentiel est dans la tête, la nôtre, où le texte fait son effet, et celle du narrateur, qui doute de ses souvenirs. Voilà ce qui travaille Echoes : le rapport entre une intériorité et le monde, et la façon dont une personnalité peut se figer ou à l’inverse muter, voire se diluer dans la collectivité. Pour ne pas gâcher cette belle expérience, mieux vaut ne pas en dire davantage.
Un carnet de notes à portée de main est indispensable
Mais la plus stupéfiante des enquêtes vidéoludiques du moment est Lorelei and the Laser Eyes des Suédois de Simogo, qui renouent avec l’approche cérébrale de leur Device 6 sans abandonner la sensualité de Sayonara Wild Hearts. Une femme y déambule à travers l’hôtel Letztes Jahr (“l’année dernière”, comme si Resident Evil visitait Marienbad), dans lequel tout est énigme (la configuration des lieux, la façon de progresser, la raison de notre présence).
Il est question d’art et de mathématiques, de cinéma et de magie, de symboles et de mythes, de labyrinthes, de miroirs ou, dans un esprit méta, de jeu vidéo. On pose la manette, on prend des notes – avoir un carnet à portée de main est indispensable –, on s’imprègne des puzzles, on vit avec. On en rêve aussi, parfois. Quelque chose de fort et de mystérieux se joue dans le système de correspondances jamais gratuites de cette œuvre magistrale, exigeante mais jamais aride, riche et envoûtante. Qui figurera sans nul doute en bonne place au palmarès des plus beaux jeux de 2024.
Duck Detective (Happy Broccoli Games),sur Switch, Xbox, Mac et PC, 10 € (jeu en anglais).Echoes (Nova-box), sur Switch et PC, 10 €. Lorelei and the Laser Eyes (Simogo/Annapurna Interactive), sur Switch et PC, 23 €.
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Author : Erwan Higuinen
Publish date : 2024-06-29 07:00:00
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