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Pride 2024 : “Lorsque l’extrême droite est au pouvoir, ce sont toujours les femmes et les minorités qui trinquent”

Pride 2024 : “Lorsque l’extrême droite est au pouvoir, ce sont toujours les femmes et les minorités qui trinquent”



La Marche des fiertés tombe cette année la veille du premier tour des élections législatives. Si le mot d’ordre de cette pride forcément un peu particulière s’inscrit dans une optique de lutte « contre la transphobie, et pour les transolidarités, en France, en Europe, dans le monde entier », les personnes trans étant particulièrement menacées par une potentielle arrivée de l’extrême droite au pouvoir, nous avons aussi voulu faire le point sur l’état d’esprit de la communauté lesbienne dans ce contexte politique tendu. Entretien avec Rag, Dj, directrice artistique des soirées Wet For Me avec le collectif Barbi(e)turix et programmatrice du club Virage à Paris, où elle organise une double soirée à l’occasion de la pride.

Cette pride est-elle particulière au vu du contexte politique?

Le mot d’ordre a été donné bien avant les élections européennes, mais il fait écho au contexte actuel donc j’espère, évidemment, que cette pride sera politisée. Et je pense que ce sera le cas.

Si les droits des trans sont menacés en ce moment, qu’en serait-il des droits des lesbiennes si le gouvernement venait à basculer à l’extrême droite?

Pour moi, on est tous·tes dans le même bateau, on se sert les coudes, mais en tant que lesbiennes on est doublement menacées, parce que femmes. Lorsque l’extrême droite est au pouvoir, ce sont toujours les femmes et les minorités qui trinquent. Je suis assez choquée de voir que ces gens vont peut-être se retrouver élus, qu’ils n’auront même pas pris le pouvoir par la force. Il y a donc bien des gens qui votent pour que des droits soient retirés à d’autres. Et je suis sûre aussi que, parmi eux, il y a des femmes, des lesbiennes, des gays, qui votent RN parce qu’“on n’a jamais essayé”. Même si je peux entendre que l’on est en période de crise et que c’est pour certain·es une sorte de vote de la dernière chance.

On a vu ces derniers jours les actes racistes se multiplier et s’exercer de manière décomplexée. Crains-tu d’être confrontée à de l’homophobie ou de la lesbophobie lors des soirées que vous organisez et lors de la marche ?

La particularité cette année à Paris, c’est que la Pride passe par les quartiers populaires, elle part de la Porte de la Villette, elle traverse le 19ème arrondissement pour arriver Place de la République. Je ne suis pas sûre que des groupes de fachos viennent dans ces quartiers-là, où ils ne sont historiquement pas les bienvenus. Quand la pride passe Rive Gauche, près de l’église intégriste Saint-Nicolas du Chardonnet, c’est souvent tendu. Quand on traverse des quartiers qui sont des bastions de fachos, c’est compliqué. J’ose espérer que ça va bien se passer, j’espère qu’à République notamment, ça ira.

As-tu observé une augmentation de l’homophobie ou de la lesbophobie ces derniers jours ?

Oui, notamment en ce qui concerne la violence en ligne, car c’est toujours plus facile de se cacher derrière un écran. Quand on poste un flyer dans nos petites communautés, par exemple, certain·es débarquent et nous agressent virtuellement, quotidiennement. Et puis on a vu un changement s’opérer au niveau des opinions. Sur le compte de Virage, on a fait un post pour appeler à voter, sans prendre parti. On a vu des artistes, des artistes qu’on a booké·es, tenir des discours incroyables alors que pour moi ce sont des DJ, des gens un peu déconstruits qui travaillent dans la musique, dans la techno qui plus est, une musique noire historiquement. J’étais hyper choquée de voir des gens comme ça prendre la parole et dire vraiment de la merde. Je n’aurais jamais pensé voir ça il y a encore quelques mois et c’est très inquiétant. Heureusement, il y a dans le même temps, dans nos communautés de femmes et de lesbiennes, une sororité qui tend à se renforcer. On assiste aussi à un soulèvement populaire pour essayer de faire front, c’est un élan qui est hyper beau à voir et qui, j’espère, va perdurer dans le temps.



Source link : https://www.lesinrocks.com/cheek/pride-2024-lorsque-lextreme-droite-est-au-pouvoir-ce-sont-toujours-les-femmes-et-les-minorites-qui-trinquent-623179-28-06-2024/

Author : Faustine Kopiejwski

Publish date : 2024-06-28 13:28:16

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