Sans surprise, la déflagration attendue s’est bien produite le 30 juin dans les urnes. Après avoir démoli les partis classiques au nom du “dépassement politique”, Emmanuel Macron, en appuyant sur le bouton “dissolution” a abouti à effacer son propre courant. Le macronisme est mort, mais les extrêmes se portent bien, à commencer par le RN. Reste aux orphelins de la politique ce choix impossible du second tour, entre le “préférable et le détestable”, selon la formule de Raymond Aron.Pas question pour L’Express de donner des consignes de vote. En lieu et place, voici quelques réflexions nées au cours de cette courte campagne avant de glisser son bulletin dans l’urne. Car au-delà des émotions, des réflexes pavloviens ou du courroux inspiré par la geste et le verbe présidentiels, il faut plus que jamais agrandir le zoom, en resituant ce vote français dans un contexte historique et international.Quelques considérations à prendre en compte1) Amin Maalouf, l’écrivain ; Robert Schuman, l’homme politique ; Marie Curie, la physicienne ; Charles Aznavour, le chanteur ; Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature ; Françoise Giroud, la cofondatrice de L’Express… On pourrait prolonger cette liste sur des pages et des pages*. Tous nés étrangers, tous devenus français. Quelle HONTE de la part du RN d’avoir semé le doute sur l’identité française, en rouvrant à travers ses attaques contre les binationaux le tiroir d’un passé abject !2) “Ça y est, Jean Moulin est de retour !” a ironisé Jordan Bardella pendant la campagne pour se moquer d’Olivier Faure. “On a le droit aussi de rigoler”, s’est exclamé de son côté Jean-Luc Mélenchon, à propos du slogan “Un flic qui meurt = un vote RN en moins” vu dans une manifestation. Des paroles indignes de la République.3) Au moment où Volodymyr Zelensky, dont le pays subit quotidiennement les attaques russes, esquisse un plan pour une paix juste après 860 jours de conflit, l’Ukraine est tombée dans un trou noir. Où sont passées les convictions de Raphaël Glucksmann, hier encore fervent défenseur de ce pays agressé ? Que feront demain les uns et les autres, quand il faudra continuer à soutenir Kiev, face à l’appétit russe ?4) Du calme, une boussole européenne et de la détermination pour surmonter le chaos. Voilà ce qu’exige la situation internationale actuelle mise à mal par deux guerres et l’usure démocratique en Occident, alors que l’hypothèse d’un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche prend de l’ampleur. Mais la stratégie du bruit et de la fureur annoncée par nos populistes tricolores risque fort de faire chou blanc sur la scène internationale et de contribuer à détricoter une influence française déjà vacillante.5) “It’s the economy, stupid !” Ce mantra, qui date de l’Amérique de Clinton, ne semble avoir aucune prise en France. Dommage, alors que les programmes du Nouveau Front populaire ou du RN annoncent un cauchemar pour les finances du pays.6) A quoi sert de crier au loup, comme le président Macron l’a fait en brandissant la menace d’une guerre civile ? Le temps d’une présidence discrète n’est-il pas advenu ?7) Quelle France souhaitons-nous pour accueillir le 26 juillet prochain le monde entier à Paris pour les Jeux olympiques ? Les 10 millions d’électeurs du RN au premier tour ont déjà répondu. Mais quid des 40 millions restants ?Bon vote !* Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, sous la direction de Pascal Ory. Robert Laffont, coll. Bouquins (2013).
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Author : Eric Chol
Publish date : 2024-07-01 13:00:00
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