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Législatives 2024 : Marine Tondelier peut-elle nous sauver du RN ?

Législatives 2024 : Marine Tondelier peut-elle nous sauver du RN ?


Elle est devenue la personnalité politique incontournable de cet entre-deux-tours. Encore peu connue du grand public il y a deux semaines, Marine Tondelier s’est imposée comme la nouvelle idole d’une certaine partie de l’électorat de gauche, qui voit en elle une porte-parole idéale du Nouveau Front Populaire (NFP), apte à convaincre l’électorat de Renaissance appelé à faire barrage contre le RN en votant à gauche le 7 juillet dans certaines circonscriptions. Alors qu’elle défendait le projet du front de gauche hier soir sur BFMTV, que son compte Instagram vient de franchir la barre des 100 000 abonnés et que son iconique veste verte – qui tient quasiment de la tenue de superhéroïne – possède même déjà son propre compte X, on a cherché à savoir comment Marine Tondelier avait su s’imposer dans cette campagne.

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“La surprise des jours suivant la dissolution a été l’avènement du Nouveau Front Populaire, la surprise des 24 prochaines heures doit être la construction d’un nouveau front républicain”, annonçait-elle lors de son discours le soir du premier tour des législatives. Sans équivoque, Marine Tondelier a été la première à appeler à la construction d’un front républicain pour faire barrage au RN, et à annoncer que les candidat·es Ecologistes arrivé·es en troisième position se désisteraient au second tour. Une ligne républicaine claire, ouverte aux compromis, qui la situe de fait dans une gauche plus modérée que celle de La France Insoumise. “Marine Tondelier est une figure plus consensuelle que celle d’un Jean-Luc Mélenchon, et représente une ligne politique moins radicale que LFI. Pousser son profil est une stratégie qui a du sens pour le bloc de gauche”, analyse Léa Chamboncel, Fondatrice de Popol Media et autrice du livre Au Revoir Simone, un manifeste pour un féminisme politique et révolutionnaire. Car Marine Tondelier est une rassembleuse. D’après l’eurodéputée et conseillère municipale lilloise Mélissa Camara (Les Ecologistes), qui la connaît depuis plusieurs années puisqu’elles militent dans la même région, réconcilier les irréconciliables serait même sa qualité première. “Je lui connais des capacités évidentes à rassembler. Nous étions l’une contre l’autre au congrès [NDLR : pour prendre la tête du parti] et l’on est désormais au sein du même exécutif. Ça se passe très bien car elle est douée pour le dialogue, c’est quelqu’un qui fait très facilement le lien entre les gens. Elle tient tous les bouts, car elle arrive à faire en sorte que les gens arrivent à parler ensemble et à créer de la cohésion”, dit-elle de son ancienne concurrente. 

Rassembler pour mieux régner, jusqu’à en faire trembler ses (vrais) adversaires politiques ? Jordan Bardella, en tout cas, a refusé de se confronter à elle lors du débat de l’entre-deux-tours, initialement prévu sur BFMTV. De crainte, sans doute, que cette figure fédératrice ne permette de gommer les soupçons d’extrémisme que son camp a pris tant de soin à imprimer sur la gauche. Le président du Rassemblement national, qui semble pouvoir dicter sa loi avant même son élection – même si la chaîne d’infos a indiqué qu’imposer un·e candidat·e LFI était, avant tout, un choix éditorial de sa part -, avait en effet désigné lui-même Jean-Luc Mélenchon comme son interlocuteur privilégié : “En nommant Jean-Luc Mélenchon, il se sert de cette espèce d’épouvantail pour que tout le monde lui associe le bloc de gauche. Le but étant en ce moment pour la gauche de récupérer des voies des électeurs macronistes, il sait bien que ces derniers ne veulent pas voter Mélenchon. Il craignait de se présenter face à quelqu’un qui représente le bloc de gauche de manière plus consensuelle”, suppose Léa Chamboncel. 

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Sur les réseaux sociaux, le camp de Marine Tondelier en a profité pour jouer sur le terrain de sa virilité en faisant de Bardella un “dégonflé” – pour reprendre la formule de Marine Tondelier à son égard, qui disait sur BFMTV le mercredi 3 juillet au soir à propos des interventions médiatiques de ce dernier : “Jordan Bardella c’est pas du muscle, c’est de la gonflette”. S’il est peu probable que Bardella ait réellement redouté de se confronter à Marine Tondelier lors d’un débat télévisé, il est certain que le profil de la cheffe des Verts a de quoi l’embarrasser. D’abord, parce que cette dernière connaît parfaitement les méthodes du RN, puisqu’elle est conseillère municipale depuis 10 ans à Hénin-Baumont, tenue par le maire d’extrême droite Steeve Briois et fief de Marine Le Pen. En 2017, elle publiait d’ailleurs Nouvelles du front – La vie sous le Front National, un livre où elle racontait les méthodes du FN dans sa région. Mais aussi parce qu’elle diffère des habituels opposants de l’élu d’extrême droite. “Le RN parle avec des gens qui lui ressemblent. Rien que dans sa façon de s’exprimer, Marine Tondelier sort du lot. Elle possède un franc-parler, elle est jeune, elle est en rupture avec l’archétype du responsable politique. Et puis c’est une femme, et le RN est très misogyne”, rappelle Mélissa Camara. 

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Un genre qui, dans une campagne aussi tristement masculine, constitue forcément un atout. Pour l’électorat féminin d’abord, qui se sent si peu représenté depuis le début des législatives. “Les débats sont 100% masculins. Cela devient insupportable pour beaucoup de féministes”, s’insurge Mélissa Camara. Si Marine Tondelier n’a jamais été identifiée comme féministe, au contraire, par exemple, de Sandrine Rousseau, Mélissa Camara assure que la cheffe du parti “dialogue beaucoup avec les féministes du mouvement.” Elle semble même en adopter les codes, ceux d’une politique incarnée et connectée aux émotions, comme elle l’a montré sur France Inter lorsqu’elle a réagi, au bord des larmes, aux propos de Bruno Lemaire qui venait d’appeler à ne pas voter pour des candidats de gauche membres de LFI au second tour. “Avec Sandrine, on s’est beaucoup demandé pendant la primaire comment faire de la politique autrement, comment montrer d’autres visages, qui parlent davantage avec leurs tripes, leurs émotions”, confie Mélissa Camara. Une manière d’aborder la politique qui, adjointe à une ligne plus consensuelle que celle de Rousseau, peut être est un avantage supplémentaire pour ratisser large. “Autour de moi, des gens qui ne sont pas forcément écolos me parlent de Marine, car il y a ce sentiment de proximité”, remarque Mélissa Camara. Jusque dans les rangs des macronistes appelés à faire barrage ce dimanche 7 juillet ? Avec Marine Tondelier, l’espoir est de nouveau permis.



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Author : Faustine Kopiejwski

Publish date : 2024-07-04 16:07:01

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Tags :Les Inrocks

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