La joie d’abord car la force de la mobilisation collective m’a rappelé qu’il faut toujours garder espoir. Cette victoire, nous la devons à la société civile, à toutes celles et ceux qui ont rassemblé leurs forces pour que la haine ne l’emporte pas. Ensuite est venu le soulagement, intense, celui qui fait poindre les larmes, de voir le NFP arriver en tête, et le RN relégué en troisième position.
Mais ces sentiments sont fortement ternis quand je vois le nombre de femmes qui ont été élues députées. Elles sont désormais 208 sur 577, et représentent donc seulement 36% de l’Hémicycle. D’élections en élections, la parité recule – en 2022, elles étaient 215 et en 2017, 224 – et c’est une mauvaise nouvelle. On sait que les périodes de crises politiques sont systématiquement défavorables à l’égalité femmes-hommes et mettent toujours en péril leurs droits. La vigilance est donc de mise et c’est pour cette raison que nous aimerions voir à la tête du gouvernement une femme engagée : nous vous présentons d’ailleurs cette semaine nos trois candidates féministes favorites pour le poste de Première ministre.
Front républicain
Un souhait qui se heurte malheureusement au déni présidentiel: “Personne ne l’a emporté dimanche”, a écrit Emmanuel Macron dans une lettre aux Français·es diffusée ce mercredi et qui a provoqué un tollé à gauche. Nier le résultat des urnes n’est jamais un bon signal dans une démocratie. Après nous avoir toutes et tous précipité·es au bord de l’abîme, le Président gagne du temps, refuse la démission de Gabriel Attal et repousse à plus tard la désignation d’un·e Première ministre.
Alors qu’on apprend cette semaine dans Libération que certaines figures de la Macronie – qui se dit républicaine – ont dîné ces derniers mois avec Marine Le Pen ou Jordan Bardella – dont le parti est clairement anti-républicain –, le chef de l’État appelle aujourd’hui à bâtir un “front républicain” sans pour autant mentionner explicitement la gauche. Si la majorité présidentielle a largement profité du barrage républicain et des votes des électeur·rices de gauche dans certaines circonscriptions, elle exclut momentanément l’hypothèse de la nomination d’un·e Premier·e ministre issu·e du NFP. Après avoir décidé seul de la dissolution, pour donner la parole au peuple, Macron décide aujourd’hui de l’ignorer et c’est effrayant pour la suite.
Source link : https://www.lesinrocks.com/cheek/la-joie-le-soulagement-puis-le-deni-presidentiel-ledito-de-julia-tissier-624314-12-07-2024/
Author : Julia Tissier
Publish date : 2024-07-12 10:26:23
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.