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Avec “Mad Fate”, Soi Cheang signe une réjouissante comédie noire sur le feng shui

Avec “Mad Fate”, Soi Cheang signe une réjouissante comédie noire sur le feng shui



En pleine nuit, une femme en train d’être enterrée vivante s’extirpe paniquée du sol pour reprendre sa respiration, avant de faire part de son mécontentement à l’homme tenant la pelle, gants en latex aux doigts. Celui-ci est un maître de feng shui – jamais nommé autrement que comme “le maître” – lui prévoyant une mort certaine dans les heures à venir, et s’efforçant de la sauver via un rituel mystique.

Mais il est trop tard, la femme est retrouvée un peu plus tard sauvagement assassinée par un tueur en série, avec auprès d’elle, fasciné par la scène, un livreur de street food. Voyant en ce dernier non pas le meurtrier, mais un potentiel tueur en devenir, le maître décide de le suivre sans relâche. 

Tonalités multiples

Sous son vernis de série B assumée et référencée – Memories of Murder est plusieurs fois cité, notamment quand un enquêteur observe que les meurtres en série ont lieu lors de nuits pluvieuses –, Mad Fate est une œuvre d’une réjouissante complexité sur le destin et la nature humaine. Y a-t-il un libre arbitre ? Sommes-nous ce que nous devons être ? L’univers nous envoie-t-il des signes à interpréter, ou bien ne faisons-nous que chercher un sens à des coïncidences qui n’en ont pas ?

Ces questions, insolubles aux yeux de beaucoup autant que parfaitement tranchées à ceux du maître de feng shui, pour lequel tout est relié – des racines qui pénètrent un caveau familial impliquent nécessairement une malédiction héréditaire –, permettent à Soi Cheang de reconfigurer constamment la tonalité de son film : le drame sur l’immuabilité des choses devenant comédie burlesque autour d’un faux sorcier, le film de serial-killer psychopathe devenant fable sur la transmission maître-élève. 

Décalé et burlesque

Cette manière de passer d’un extrême à l’autre thématiquement, mais aussi visuellement – le tonnerre peut soudain devenir multicolore, l’ambiance urbaine relève parfois du cyberpunk –, donne à Mad Fate des airs de fausse adaptation de bande dessinée. Il en a la dimension décalée, burlesque et éminemment excessive dans la caractérisation des personnages.

L’éventail de coups de théâtre, de hasards (mal)heureux et autres situations improbables aurait pu le rendre indigeste, mais c’était sans compter la grande rigueur – que le maître aurait sans doute appelé “talent” – dont fait preuve Soi Cheang pour maintenir au premier degré ce que le bon sens de beaucoup d’autres aurait abandonné au second. Une très belle surprise que la sortie en salle de ce film faussement petit, un mois avant l’arrivée de son nouveau mastodonte, City of Darkness.

Mad Fate, de Soi Cheang, avec Ka Tung Lam, Lok Man Yeung, Ng Wing Sze, en salle le 17 juillet.



Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/avec-mad-fate-soi-cheang-signe-une-rejouissante-comedie-noire-sur-le-feng-shui-624463-16-07-2024/

Author : jeremieoro

Publish date : 2024-07-16 08:38:35

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