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[Spécial sexe 2024] Sara Forever : “Ce qui m’excite le plus chez quelqu’un, c’est son intelligence”

[Spécial sexe 2024] Sara Forever : “Ce qui m’excite le plus chez quelqu’un, c’est son intelligence”



De quelle façon es-tu sexy dans ton drag ? 
Sara Forever – J’associe le fait d’être sexy à la performance scénique et donc au regard qu’on pose sur moi. Ça m’excite d’être regardée. Même si le spectre sexuel n’est pas dominant dans mon drag, ces regards nourrissent ma façon de performer. En tant que drag lesbienne, j’incarne une sexualisation qui passe plus par le jeu, l’intellect et une forme de force plutôt que par mon physique.
Quelles sont tes figures ou œuvres érotiques de référence ? 
Colette. Elle était très décomplexée pour son époque, avec une vision du couple et de la bisexualité révolutionnaire. J’ai aussi une fascination absolue pour la Cicciolina et pour Lio, qui a un rapport au vieillissement de son corps que je trouve hyper-inspirant. Au rayon des œuvres, je ne trouve rien de plus érotique que l’installation Étant donnés de Marcel Duchamp qui se trouve au musée d’Art de Philadelphie. On est face à une porte en bois avec un trou par lequel on peut voir une sorte de tableau en trois dimensions montrant un corps de femme nue, allongée, dont on ne voit pas la tête et dont on se demande si elle est morte ou endormie, le tout devant un paysage naturel. Et aussi les films de Pasolini, notamment Théorème.
Quelle place a l’érotisme dans ta vie ? 
Une grande place. J’y pense tout le temps parce que l’érotisme, c’est ce qu’on donne et ce qu’on retient dans notre rapport à l’autre. Ce qui différencie pour moi l’érotisme de la pornographie, c’est que le premier est mental, assorti de fantasmes, tandis que la seconde est physique, accompagnée d’actes. Je suis plus du côté de l’érotisme, car, au-delà, ce qui m’excite le plus chez quelqu’un, c’est son intelligence.
Tu es sapiosexuelle ? 
Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est qu’un rapport totalement démystifié ne m’intéresse pas. Par exemple, il m’est souvent arrivé de faire des plans cul avec des mecs qui voulaient directement passer à l’acte, alors que j’ai besoin d’une étape de séduction et de jeu avant. Typiquement, la personne qui m’attend nue dans le lit, c’est un grand non.
Cette mode d’attendre quelqu’un nu·e chez soi pour faire du sexe s’est aussi démocratisée avec les applis de rencontres. Tu les utilises ? 
Oui, mais ma sexualité a commencé avant qu’elles existent. Les applis ont représenté un champ des possibles extraordinaire pour tester des choses, explorer ma sexualité et rencontrer des gens qui avaient des pratiques différentes et dans lesquelles j’ai plongé. Je les utilise encore mais, depuis le confinement, quelque chose s’est cassé. Déjà, les gens ne couchent plus ensemble. Au début, sur des applis comme Grindr, en une heure max, tu étais certain d’avoir un rapport sexuel si tu en avais envie. Maintenant, j’ai l’impression que ça peut prendre des semaines avant qu’il se passe quelque chose. Comme si on avait trop la flemme. On est bien chez soi alors autant se masturber et passer à autre chose. La soif de rencontres et de sexe semble un peu usée. C’est chiant et dommage.
En avril, l’écrivain Olivier Steiner a publié dans Libération une tribune dans laquelle il critiquait vivement les applis gay et la façon dont elles détruiraient la communauté pédé, au sens politique du terme. Es-tu d’accord ? 
En partie, oui. Il y a une grande violence discriminatoire sur les applis gay. Elles poussent à imposer des critères d’âge, de physique et de pratiques, et qui dit critères, dit exclusion. Je dirais aussi qu’elles ont augmenté l’hétéronormativité du sexe homo en imposant une vision très binaire : soit t’es passif, soit t’es actif ; même quand t’es “versa”, l’appli t’encourage à te définir en tant que versa-actif ou versa-passif. Évidemment, c’est cool de pouvoir exprimer tes préférences, mais j’ai l’impression qu’on tombe dans une nouvelle forme de normativité, alors que le sexe que j’aime et auquel j’aspire est au contraire tout en fluidité.
Tu parlais tout à l’heure du fait que Sara soit une drag lesbienne. En quoi la communauté lesbienne t’inspire-t-elle ? 
Ce que je vois chez mes amies, c’est qu’il y a moins de frontières, plus d’inventivité, de curiosité et d’empathie. Je me reconnais plus dans ces valeurs que dans celles de la communauté gay. Comme mes copines lesbiennes, l’ultra-phallisme m’ennuie et le rapport anal m’emmerde. J’ai du mal à trouver des mecs qui cherchent à inventer une sexualité en dehors de cet alpha et cet oméga, alors qu’il y a tellement de possibilités.
Dynasties, mise en scène et performance Sara Forever. Au Théâtre de la Cité, Toulouse, du 5 au 9 novembre, puis en tournée française.



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Author : Manon Renault

Publish date : 2024-08-11 06:00:00

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