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Fièvre catarrhale ovine : comment la maladie resserre son étau sur les troupeaux français

Deux foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), ou maladie de la langue bleue, ont été détectés récemment en Saône-et-Loire et deux autres ont été relevés dans la Nièvre




“Une explosion de cas”. Le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO), qui touche essentiellement moutons et brebis, a plus que quadruplé en France en huit jours. Dans les départements du nord du pays, c’est désormais le nouveau sérotype 3 du virus FCO qui circulent parmi les élevages, avec 190 foyers confirmés au 22 août. Selon le ministère de l’Agriculture, les territoires touchés par ce sérotype restent pour l’instant contenus “à proximité des premiers foyers dans une zone qui s’élargit peu”. Mais le sérotype 8 du virus sévit déjà dans le sud de la France depuis plusieurs années, plaçant le cheptel national, constitué d’environ 6 millions d’ovins, sous la menace d’un étau viral.Dix départements du nord de la France sont désormais touchés par le sérotype 3 : l’Aisne, les Ardennes, la Haute-Marne, la Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, la Moselle, le Nord, l’Oise et le Pas-de-Calais. Un précédent bilan faisait état de 41 foyers dans six départements. La propagation de la FCO, dite aussi “maladie de la langue bleue”, s’accélère partout en Europe : les Pays-Bas et l’Allemagne comptaient mi-août plusieurs milliers de foyers, la Belgique plusieurs centaines.La fièvre catarrhale ovine se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante, la perte des petits en gestation et parfois par la mort des animaux. Sa détection n’entraîne pas l’abattage des bêtes, contrairement à la grippe aviaire. Elle touche aussi les bovins, mais avec une mortalité très faible.La vaccination trop lente pour les éleveursLa vaccination contre la maladie, non transmissible à l’homme, a débuté, mais trop tardivement selon la Fédération nationale ovine (FNO). D’après Emmanuel Fontaine, en charge des affaires sanitaires à la FNO, “on est bien dans une phase d’explosion. On aurait pu vacciner un mois plus tôt pour avoir l’immunité acquise au pic de l’épidémie”. Selon le spécialiste, “maintenant, il faudrait élargir la zone de vaccination et commander environ 2 millions de doses supplémentaires” pour les ovins, estime-t-il, alors que l’Etat a pour le moment prévu de distribuer 1,1 million de doses pour les ovins et 5,3 millions pour les bovins, en ciblant les régions les plus à risques, au nord de la Loire, où les déplacements d’animaux sont soumis à restriction.Le ministère de l’Agriculture note qu’il y a eu des “lenteurs” chez les transporteurs en raison du week-end du 15 août, mais souligne que “les commandes ont été lancées dès l’autorisation des vaccins par l’Anses (agence sanitaire)” le 5 juillet. “On a comprimé les délais au maximum, la campagne de vaccination a débuté avant l’arrivée des premiers cas […] et la France est le seul pays à prendre entièrement en charge la vaccination”, pour un coût estimé à ce jour à “7,5 millions d’euros”, a-t-on ajouté du côté du ministère. Face à l’accélération de la propagation, le gouvernement affirme être “à l’écoute des éleveurs” et surveiller la “dynamique de la maladie” avant d’envisager ou pas de nouvelles commandes de vaccins.La France prise en étau entre deux serotypesDécelé pour la première fois en Europe en septembre 2023, aux Pays-Bas, le nouveau sérotype 3 de la FCO s’étend depuis aux pays voisins. Il est arrivé début août en France, ainsi qu’au Luxembourg et au Danemark. Mais une épizootie FCO est déjà présente dans le sud du pays depuis plusieurs années, relative à un sérotype différent, de type 8. Des vaccins existent pour celui-ci et sont déjà distribués. Ils ont été pris en charge par l’état “entre 2008 à 2018”, année à partir de laquelle la maladie a été considérée comme endémique en France.Jeudi 22 août, des éleveurs se sont rassemblés à Foix (Ariège) pour réclamer des aides après la mort estimée, depuis juin, de 4 000 brebis en Occitanie. “Cette année, nous faisons face à un nouveau variant du sérotype 8, plus virulent et qui progresse. Avant, le moucheron culicoïde, l’insecte vecteur, n’évoluait pas au-delà de 800 mètres d’altitude, maintenant, on a des élevages touchés à 1 000 mètres”, explique Emmanuel Fontaine. “C’est pour cela que les éleveurs demandent une aide de l’Etat. Entre la FCO 8 qui remonte et la FCO 3 qui descend, les éleveurs du centre, où se concentrent les gros troupeaux, sont pris en étau”, prévient-il, inquiet pour l’avenir du cheptel français.



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Publish date : 2024-08-24 11:54:48

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