MondialNews

“En place” saison 2 : la série politique de Jean-Pascal Zadi est-elle plus drôle que la réalité ?

“En place” saison 2 : la série politique de Jean-Pascal Zadi est-elle plus drôle que la réalité ?



Un an et demi après son irruption, En place revient. Et avec elle, son personnage de président issu de la rue et du travail social (Stéphane Blé, incarné par Jean-Pascal Zadi, également cocréateur), désormais catapulté à l’Élysée après une campagne express fondée sur le franc-parler, avec un programme rassembleur et progressiste, pas mal de blagues louches mais souvent drôles, ainsi qu’une équipe de semi bras cassés pas toujours au fait des mœurs de la politique et à majorité racisée.

Ce retour fait sens, alors que la politique française s’apparente en ce moment à une farce de mauvais goût. C’est le talent des meilleurs satiristes que de saisir l’air du temps. Laissons donc les pros faire le boulot.

Comment continuer à se marrer ?

En place pourrait agir comme le penchant fun et décontracté de la très sérieuse La Fièvre, d’Éric Benzekri, diffusée sur Canal+ au printemps dernier, avec le constat commun d’un pays délité, sans direction stable. Mais là où cette dernière prophétise le pire pour mieux le conjurer, le show de Netflix lutte pour rester du côté de la joie. Et ce n’est pas facile, tant l’existence même d’une série politique aujourd’hui force à plisser des yeux : le pire – le fascisme – est-il vraiment possible, et comment l’éviter ? Comment, surtout, continuer à se marrer ?

Dans ces nouveaux épisodes, Stéphane Blé a investi les ors du palais de la République et met moins de temps qu’un certain Emmanuel M. à trouver une Première ministre, même si l’expérience pourrait bien capoter : les législatives arrivent à grands pas et aucune majorité ne se dessine… C’est que l’exercice du pouvoir est une tannée, En place le constate comme les autres, insistant de façon marrante sur les difficultés de toute négociation et lorgnant par moments du côté de Veep, qui mettait en scène une vice-présidente américaine incompétente.

Le personnage incarné par Zadi, au contraire de sa devancière, reste toujours bien intentionné, ce qui fait de lui un (faux ?) naïf lâché dans la jungle des compromissions et des coups bas. Mais cela ne mène pas assez loin. Il fallait en sortir d’une manière ou d’une autre.

Comédie de situation et thriller chaotique

Même si elle reste meilleure du côté de la vanne que de celui de l’imagination politique – au-delà du vivre-ensemble prôné par Stéphane Blé, la série ne façonne pas un monde nouveau et pourrait frôler le “tous pourris” –, cette deuxième saison est plus variée que la première dans le ton, passant de la pure comédie de situation au thriller chaotique. Elle parvient même à monter en puissance dans sa seconde partie, où l’on sent que Zadi et François Uzan, le cocréateur, n’ont eu d’autre choix que de regarder en face la violence du moment.

Sans perdre en fougue, En place insiste sur la dureté et l’extrême gravité de ce qui sous-tend l’époque, imaginant même une attaque du Capitole à la française. On sent pointer l’ébauche d’une réflexion sur la violence, du côté de celleux qui la subissent, sans se tromper d’ennemi. L’extrême droite et celleux qui la favorisent restent mis·es en cause et combattu·es. L’image de fin, très forte – un visage maintenu de force à terre –, donne envie d’une suite plus ambitieuse à cette série trop courte (six épisodes seulement par saison) qui a gagné en maturité.

En place, saison 2, de Jean-Pascal Zadi, avec lui-même, Benoît Poelvoorde, Éric Judor, Panayotis Pascot. Sur Netflix.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/en-place-saison-2-la-serie-politique-de-jean-pascal-zadi-est-elle-plus-drole-que-la-realite-627619-29-08-2024/

Author : Olivier Joyard

Publish date : 2024-08-29 07:01:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Exit mobile version