28 août, 10 heures du matin. Sur l’embarcadère B devant la place Saint-Marc s’amoncèle déjà un étrange groupe de touristes, qui, badges rouges autour du cou et tote bags jaunes flanqués d’un simple “La Biennale di Venezia 2024”, s’apprêtent à monter dans le bateau qui les mènera vers l’île du Lido, abritant la 81e édition du Festival international du film de Venise.
Avant qu’il·elles découvrent certains des films les plus attendus de cette nouvelle édition comme Joker : Folie à deux de Todd Phillips, Queer de Luca Guadagnino, ou encore The Room Next Door de Pedro Almodóvar, on retrouve ces cinéphiles du monde entier, sur un trottoir brûlant, se ventilant avec un programme du festival en attendant d’accéder à la projection presse du très attendu Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton, film d’ouverture de cette nouvelle édition.
Vent de fraîcheur
“It was better than I thought!” (“C’était mieux que ce que je pensais !”) s’exclame un journaliste américain en sortant. Et sous cet écrasant soleil italien, on se dit qu’on est plutôt d’accord avec lui, car on a nous aussi senti souffler comme un vent de fraîcheur sur le cinéma de Burton. Dans ce nouveau volet, on retrouve 36 ans plus tard, l’ex-ado rebelle Lydia Deetz, toujours interprétée par Winona Ryder, légèrement figée dans son costume d’antan. Devenue une célèbre animatrice télé sur le paranormal, elle se retrouve de nouveau obligée de pactiser avec le grossier démon Beetlejuice après que sa fille, en pleine crise d’adolescence, se soit retrouvée piégée dans l’Après-vie.
Si le monde des vivant·es n’échappe pas à une esthétique léchée de teen-movie Netflix surproduit, Tim Burton plonge joyeusement dans le passé pour décrire le monde des mort·es, en conservant son esthétique originelle de train fantôme en carton-pâte. Pris d’une sorte de folie créatrice, il plonge le spectateur dans un joyeux bazar tout ce qu’il y de plus burtonien en ajoutant, entre autres, une séquence en stop-motion, une parodie de film muet et une scène de mariage complètement barrée sous forme de comédie musicale.
Nouvelle jeunesse
Plus qu’un grand coup marketing disposé à tout autant satisfaire les seniors nostalgiques que la Gen Z fan de la série Netflix Mercredi, c’est en fait sa famille de cinéma que Burton réunit dans ce deuxième volet, y ajoutant sa nouvelle compagne, Monica Bellucci, dans le rôle de Dolores, l’ex-femme vengeresse de Beetlejuice.
Le cinéaste lui déclare d’ailleurs sa flamme dans l’une des meilleures scènes, où Dolores agrafe un à un les membres éparses de son corps morcelé (comme il le fut d’ailleurs beaucoup dans sa carrière cinématographique) sur Tragedy, des Bee Gees, et son entêtant refrain, “I really should be holding you, Loving you, loving you”. Amoureux et inspiré, Tim Burton s’offre avec Beetlejuice Beetlejuice une nouvelle jeunesse de cinéma.
Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton, avec Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O’Hara. En salle le 11 septembre.
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Author : Jean-Baptiste Morain
Publish date : 2024-08-29 09:35:58
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