Confronté à la pire sécheresse du siècle, provoquée par le phénomène climatique El Niño, et à une insécurité alimentaire qui touche près de la moitié des Namibiens, le pays d’Afrique australe a pris la décision d’abattre des centaines d’animaux sauvages pour nourrir sa population. En tout, ce sont “723 bêtes – dont 30 hippopotames, 60 buffles, 50 impalas, 100 bêtes sauvages bleues, 300 zèbres, 83 éléphants et 100 élands”, qui sont concernés par cet abattage, a indiqué en début de semaine le ministère de l’Environnement dans un communiqué.Les autorités indiquent que plus de cent cinquante animaux de différentes espèces ont déjà été chassés, livrant 56 875 kilogrammes de viande. Un abattage “conforme à notre mandat constitutionnel, selon lequel nos ressources naturelles sont utilisées au profit des citoyens namibiens”, déclare le ministère de l’Environnement, qui indique par ailleurs que le gibier provient “de parcs nationaux et de zones communales où les populations sont durables”.Le gouvernement souhaite également réduire le nombre d’individus de certaines espèces, comme les éléphants, afin d’éviter “les cas de conflits entre l’homme et la faune sauvage”, alors que les bêtes migrent à la recherche d’eau et de nourriture. “La sécheresse sévissant dans le pays, on s’attend à ce que ces populations menacées se rapprochent des civilisations humaines”, explique le ministère de l’Environnement dans son communiqué.Pression sur l’eau et les pâturagesCela doit aussi permettre au pays de “gérer la pression actuelle sur les pâturages et l’eau, en réduisant le nombre d’animaux sauvages dans certains parcs et zones communales où nous estimons que leur nombre dépasse les quantités disponibles”, indiquent les autorités. Le pays, confronté à des sécheresses récurrentes, est régulièrement confronté à la question de la gestion de la faune sauvage dans ses parcs nationaux. En 2019 déjà, la Namibie avait dû prendre la décision de vendre un millier d’animaux sauvages, dont des buffles, girafes et éléphants, ne pouvant garantir leur survie, indiquait à l’époque un article de The Namibian, traduit par Courrier International.Le 23 août dernier, l’Organisation des Nations Unies (ONU) estimait que 84 % des réserves alimentaires du pays étaient déjà épuisées, et alertait que près de la moitié de la population namibienne – soit 1,4 million de personnes – “devrait connaître des niveaux élevés d’insécurité alimentaire entre juillet et septembre”. Comme la Namibie, plusieurs pays d’Afrique australe touchés par des phénomènes météorologiques liés à El Niño, à savoir le Botswana, le Malawi, la Zambie, le Zimbabwe et le Lesotho, ont déclaré l’état de catastrophe alimentaire nationale.Cinq degrés de plus que la moyenne”L’impact du phénomène El Niño, qui a débuté à l’échelle mondiale en juillet 2023, a entraîné un grave déficit pluviométrique dans toute la région de l’Afrique australe, avec des températures supérieures de cinq degrés à la moyenne. La région a connu son mois de février le plus sec depuis 100 ans, recevant 20 % des précipitations habituelles attendues pour cette période”, indique le Programme alimentaire mondial. “Les communautés rurales que nous avons rencontrées sur le terrain nous disent qu’elles n’ont jamais rien vu de tel. Elles sont extrêmement inquiètes pour leur avenir”, a déclaré Reena Ghelani, coordinatrice de l’ONU pour la réponse aux phénomènes El Niño/La Niña, dans un communiqué.El Niño est un phénomène climatique naturel qui se produit dans l’océan Pacifique tropical, généralement tous les deux à sept ans, selon l’Organisation météorologique mondiale. Il se caractérise par un réchauffement des eaux de surface dans la partie centrale et orientale de l’océan Pacifique équatorial, avec des répercussions sur le climat mondial – comme des sécheresses, des inondations et des tempêtes.Dans le monde, la sécheresse provoque des effets dévastateurs sur la faune sauvage et les élevages. Réduction des ressources alimentaires pour les bêtes, stress hydrique, multiplication des maladies : il n’est pas rare que certains producteurs eux-mêmes ne soient contraints de faire abattre leurs bêtes, souvent les plus faibles, pour rationner les ressources. La pratique n’est pas propre qu’au continent africain et touche désormais les zones les plus arides d’Europe. Cet été, des agriculteurs siciliens expliquaient ainsi au journal Fanpage avoir dû faire tuer des dizaines de bêtes pour préserver le reste des troupeaux : “Il n’y a pas d’eau, pas de nourriture”, indiquaient-ils.
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Publish date : 2024-09-01 15:37:58
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