C’est un procès hors normes qui s’est ouvert ce matin devant la cour criminelle départementale du Vaucluse à Avignon. Et pour cause, l’affaire des viols de Mazan est vertigineuse : pendant quasiment 10 ans, de juillet 2011 à octobre 2020, Dominique P. est accusé d’avoir administré à Gisèle P., son épouse, des anxiolytiques à son insu avant de la livrer à des dizaines d’hommes pour qu’ils la violent.
D’après une enquête du Monde publiée en 2023, 92 viols commis sur Gisèle P. ont été répertoriés, 83 agresseurs ont été dénombrés et 51 identifiés par la police. Ces derniers, âgés aujourd’hui de 30 à 74 ans, aux profils sociaux variés, comparaissent à compter d’aujourd’hui à la barre pour des faits qualifiés de viols aggravés et d’agressions sexuelles.
Un procès public
Alors que le procureur général, comme le rapporte le quotidien Midi Libre, a demandé à l’ouverture des débats que l’audience se tienne à huis clos, arguant de « faits d’une extrême violence” et de la publication de photos et de vidéos qui porteraient “atteinte à la dignité des personnes”, les avocats de Gisèle P. ont fait savoir que cette dernière souhaitait “que ce qu’elle a vécu se sache” et qu’elle n’avait “pas à se cacher”: “Personne ne peut imaginer que ma cliente trouvera une satisfaction à l’exposition de ce qu’elle a subi. Le huis clos, c’est s’enfermer ici avec les personnes qui l’ont agressée, elle souhaite que cette salle soit ouverte, que cette justice soit rendue de manière publique”, ont-ils déclaré.
Le fléau de la soumission chimique
Caroline Darian, la fille aînée de la victime et de l’agresseur – que nous avions interviewée en novembre dernier –, autrice de l’ouvrage Et j’ai cessé de t’appeler Papa (Éd. JC Lattès), a lancé en mai 2023 le mouvement M’endors pas, devenu depuis une association. Elle lutte sans relâche pour que la soumission chimique, qui désigne le fait d’administrer à une personne à son insu des substances psychoactives à des fins criminelles ou délictuelles, devienne “un véritable enjeu de santé publique” : “Les gens pensent à tort que ça n’arrive qu’en extérieur, qu’en milieu festif alors que la majorité des cas de soumission chimique se produit dans la sphère privée -ça peut être un collègue ou un ami- ou dans la sphère intrafamiliale : le frère, le cousin, le beau-père ou encore le mari comme ça a été le cas de ma mère qui pensait être en sécurité chez elle et qui finalement ne l’était pas”, avait précisé Caroline Darian lors de notre entretien. Le procès se tiendra jusqu’au 20 décembre prochain.
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Author : Julia Tissier
Publish date : 2024-09-02 15:28:12
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