La saga Terminator n’a cessé de reboucler sur elle-même. Comme un voyageur temporel revisitant inlassablement son passé, les six films qui la composent (et les œuvres dérivées qui la prolongent) semblent assujettis à la formule séminale imaginée par James Cameron : l’annonce d’un Jugement dernier inexorable, l’humanité asservie par une intelligence artificielle lui ayant échappé, un robot tueur venu du futur pour mater les germes de la résistance humaine, un·e résistant·e envoyé·e dans le passé pour tenter de le stopper, deux époques qui s’enchevêtrent, de la castagne à tous les étages, et une pupille rougeoyante qui ne cesse de vaciller pour mieux se rallumer. “I’ll be back”, nous avait-on prévenu, après tout.
Série d’animation sous pavillon Netflix, composée de huit épisodes d’une trentaine de minutes, Terminator Zero ne déroge pas à la règle, et tamponne scrupuleusement le cahier des charges – un informaticien japonais sujet à des visions apocalyptiques qui développe une intelligence artificielle censée contrer Skynet, un Terminator envoyé du futur pour le supprimer, et une mystérieuse soldate, elle aussi originaire du futur, chargée de le stopper –, n’était-ce sa délocalisation rafraîchissante sur l’archipel nippon et sa transmutation du live action vers l’animation japonaise, occasionnant son lot de trouvailles.
Cette tension entre l’exhumation systématique d’une saga vieille de 40 ans par la répétition quasi contractuelle des scènes mythiques qui la jalonnent, et leur réitération sous une nouvelle mue (l’animation) et dans un nouveau décor (Tokyo) constitue l’intérêt majeur de cette série élégante, à mi-chemin entre le spin-off et le reboot.
Une hybridation réussie
Il faut dire que l’animation, assurée par le studio Production I.G (notamment responsable de la sublime adaptation de Ghost in the Shell), fait des merveilles et réalise la prouesse de nous faire revisiter la saga à travers un médium qui s’en approprie admirablement les motifs, tout en y incorporant son style, ajoutant une couche de mythologie à un mythe devenu inoxydable.
On pense notamment à cette séquence montrant la fabrication du Terminator (très inspirée de Ghost in the Shell justement) et son expédition vers le passé, fonctionnant comme le contrepoint de la scène habituelle de son arrivée dans le plus simple appareil, dans une salve d’éclairs. Ou encore à la représentation de Kokoro, une intelligence artificielle bienveillante, qui devise éthique robotique et périls apocalyptiques avec son créateur.
Belle surprise du catalogue netflixien, Terminator : Zero réussit son hybridation entre l’imagerie ressassée de sa saga matricielle et les codes très référencés de l’animation japonaise. De quoi ravir les fans, sans doute émoussé·es par la qualité très variable des derniers films de la franchise.
Terminator : Zero, créée par Mattson Tomlin, réalisée par Masashi Kudō, avec les voix de Timothy Olyphant, Rosario Dawson, Ann Dowd… Disponible sur Netflix.
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Author : Léo Moser
Publish date : 2024-09-02 13:46:50
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