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Netflix : “Kaos” avec Jeff Goldblum, une série qui porte bien son nom

Netflix : “Kaos” avec Jeff Goldblum, une série qui porte bien son nom



Charlie Covell trace une route décidément singulière dans le monde des séries, pleine de fureur et de sang. Après une relecture du récit ado avec The End of The Fucking World (2017), comédie brutale adaptée du roman graphique de Charles Forsman qui nous avait beaucoup plu, la scénariste britannique tout juste quadra s’attaque à une formulation contemporaine de la mythologie classique. Même pas peur !

Au menu de Kaos, on retrouve Zeus (Jeff Goldblum) en tyran de l’Olympe angoissé par une prophétie annonçant un grand désordre à venir et la fin de son règne, mais aussi Eurydice, Orphée, Héra, Prométhée, Dionysos, Poséidon, Cénée et quelques humain·es dont la vie ne tient qu’à un fil, dans ce monde violent qui pourrait bien ressembler au nôtre. D’ailleurs, l’action se déroule probablement aujourd’hui, même si une partie de la série nous mène dans un univers parallèle où les mort·es dérivent, en quête d’une renaissance qui pourrait bien se révéler illusoire. 

Le chaos de Kaos

La famille, l’amour, le libre arbitre, le destin : Kaos s’attaque frontalement aux grands sujets, avec une approche multiple, bondissante, loin de toute épure. Chargée, donc. Le ton navigue entre une forme de comédie noire et le mélo le plus tendu possible, tandis que les nombreux personnages traversent l’écran comme s’ils arpentaient un jeu de piste rempli d’obstacles. Si bien qu’une période d’adaptation reste nécessaire pour adopter le rythme de la série, sa narration à la fois foisonnante et étalée. Une certaine pesanteur s’installe, liée notamment à un decorum trop présent, qui peut garder franchement à distance. C’est parfois le lot des séries contemporaines dites “pour adultes” – celle-ci est interdite aux moins de 16 ans – que de surligner leurs effets de mise en scène et de dialogues, pour bien expliquer qu’elles ne sont pas aisément digérables, même sur Netflix.

Ici, c’est un peu comme s’il fallait débroussailler la jungle visuelle et narrative de la série, pour en toucher le cœur battant. On pense parfois à certaines tentatives de Damon Lindelof, comme son intéressante adaptation de Watchmen, qui nous semblait plus équilibrée.

Prix à payer

Jusqu’au bout, la partie moins forte concerne Zeus et ses acolytes, la recherche du grotesque touchant souvent à côté de la cible, dans un déluge de surjeu à l’humour un peu vain. Pourtant, Kaos mérite le détour, pour peu que l’on s’arme de patience et que l’on s’attache à quelques figures muées par des sentiments forts. Là encore, il faut passer par une certaine affèterie – le noir et blanc, comme pour signifier que nous sommes dans le territoire des sentiments “sérieux”. Mais l’aventure d’un simple mortel qui tente de retrouver l’amour de sa vie dans le royaume des morts, ou ailleurs, la douleur d’une sœur jumelle en quête de son frère qu’elle pensait mort, tout cela émeut sans ambiguïté.

Quand elle tisse une métaphore sur les liens, les séparations et tous les déchirements humains, Charlie Covell donne la preuve de son talent et trouve un souffle indéniable. Il lui faut beaucoup de bruit et de fureur pour y parvenir, pas mal de confusion aussi, mais c’est sans doute le prix à payer.

Kaos avec Jeff Goldblum, Janet McTeer, Stephen Dillane Sur Netflix.



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Author : Olivier Joyard

Publish date : 2024-09-06 15:31:34

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