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On y était : le grand retour de Guillaume Meurice à la radio avec “La Dernière”

On y était : le grand retour de Guillaume Meurice à la radio avec “La Dernière”



Dehors, une pluie battante, diluvienne, comme il y en a eu souvent cet été à Paris. Les quelques chanceux·euses qui ont pu se dégoter une place pour le spectacle du soir à l’Européen se dépêchent de rentrer pour s’abriter, et inondent le hall du théâtre. Soudain, un nouvel imprévu s’ajoute aux déconvenues météo : à l’entrée, un petit groupe de personnes débarquent, pancartes aux poings, et se mettent à scander successivement “l’antisémitisme n’est pas une blague”, “coupez les micros aux antisémites”, “aucune radio pour les fachos” ou encore “on est fier, sans prépuce et en colère”. Quelques unes des manifestantes sont mêmes déguisées en pénis géant, tandis que les visages de Guillaume Meurice et Aymeric Lompret trônent sur les glands roses de leur accoutrement.

Une fois à l’intérieur, le public prend place sur les sièges de l’Européen et le comité d’accueil surprise ne tarde pas à être sur toutes les lèvres. “Alors t’as réussi à passer à travers les bites ?”, dit-on à son ami qui arrive quelques minutes après nous. “Ils font juste ça pour attirer l’attention”, murmure un membre du staff, quand son collègue lui demande “comment ça évolue là-bas”.  Belle entrée en matière.

Recette bien faite

Pendant un bref instant, l’ambiance semble doucement se tendre. Plus de 300 personnes présentes se préparent à assister au nouveau (et dernier ?) chapitre d’une saga qui rythme le quotidien des médias depuis bientôt un an : le destin de Guillaume Meurice à la radio après sa blague polémique sur Benyamin Netanyahou. Une convocation par la police et un licenciement plus tard, le voilà de retour sur Radio Nova avec La Dernière, accompagné d’ancien·nes collègues de la station resté·es fidèles à l’humoriste après son éviction.

Un climat qui s’inverse dès l’arrivée de l’équipe sous des applaudissements survoltés, une évidence : tout le monde est là pour rire, et rien d’autre. Il est 18 h. Après une petite vanne sur la possible présence dans l’émission d’Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter, et une référence amusée aux personnes à l’entrée (“Est-ce qu’il y a des gens déguisés en teub dans la salle ?”), le générique se lance et l’émission commence. Sur le plateau, on se distribue les rôles et l’on comprend rapidement qui sera qui : Guillaume Meurice en chef d’orchestre, Juliette Arnaud en bras droit à la relance toujours pertinente, tandis qu’Aymeric Lompret reprend son statut d’imbécile heureux de France Inter et que Pierre-Emmanuel Barré mise sur son passé avec Meurice et sa longue absence à la radio.

K.O technique

Le ton donné et la glace brisée. Se succèdent alors une poignée d’intervenant·es passionnant·es et à mourir de rire. À commencer par l’invité de la soirée, Johann Chapoutot, un historien du nazisme venu partager son expertise du sujet, ses réflexions sur l’extrême droite actuelle et les échos que notre présent entretient avec le passé. Comme quoi, entre les apostrophes ultra-régressives dont Aymeric Lompret a le secret et l’humour cru de Pierre-Emmanuel Barré on apprend beaucoup. En témoignent aussi les cinq édifiantes minutes menées par Samah Karaki, chercheuse, qui s’est attaqué à la réthorique préférée des humoristes du dimanche et des privilégiés en mal d’attention : “On peut plus rien dire, c’est juste une blague.” Une allocution implacable et une déconstruction totale de ce mythe boomerisant à dormir debout. K.O technique.

Mais s’il y avait un temps fort à retenir de la soirée, ce serait sans hésitation la chronique de Florence Mendez (à qui l’on doit notamment le #MeTooStand-Up) dédiée presque entièrement à la militante d’extrême droite Thaïs d’Escufon et à ses faits d’armes tous plus ridicules les uns que les autres.

Domine alors, à terme, la joie de voir une émission remettre enfin les barres sur les T et les points sur les I : pas de polémistes qui s’y connaissent en tout mais ne sont experts de rien, pas de débats vaseux aux relents réacs à peine camouflés, pas d’interviews politiques complaisantes et sans intérêt… Non, à La Dernière il est encore permis d’insulter les fachos sans s’inquiéter, de pleurer de rire sans s’abrutir et de faire du fond, tout en étant un peu con.

En résumé, ont été invité·es hier soir : Johann Chapoutot, historien spécialisé dans le mouvement nazi, Maud Chirio, experte des extrêmes droites sud-américaines, Florence Mendez et sa diatribe contre le féminisme du RN, Akim Omiri et son sketch hilarant sur les racistes et Samah Karaki, docteure en neuroscience venue remettre les pendules à l’heure sur l’humour discriminant. Celles et ceux qui ont pris cher ? Vincent Bolloré, Cyril Hanouna, François Hollande, Sophia Aram, Raphaël Enthoven, Emmanuel Macron, Tibo InShape, Gérald Darmanin, Michel Barnier, Thaïs d’Escufon, Pascal Praud et Javier Milei… En somme, un beau palmarès pour celles et ceux qu’on qualifiait de “fachos” il y a de cela deux heures.

Bref, l’émission est finie et il faut partir. Dehors, il pleut encore. Et on se dit qu’on en a pensé beaucoup de bien, de cette première Dernière.



Source link : https://www.lesinrocks.com/societe/on-y-etait-le-grand-retour-de-guillaume-meurice-a-la-radio-avec-la-derniere-628449-09-09-2024/

Author : Jolan Maffi

Publish date : 2024-09-09 09:47:42

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