Par le passé, Daniel Hoesl et Julia Niemann s’étaient déjà attaqués au capitalisme moderne dans leur documentaire Davos qui passait au peigne fin cette petite ville suisse accueillant chaque année le célèbre Forum économique mondial. Cette dénonciation encore implicite du système devient plus qu’explicite dans Veni Vidi Vici. Cette fiction – se vantant dès le titre d’être une grande satire sociale sur l’impunité des ultra-riches prête à gifler les spectateur·ices en pleine figure – loupe son objectif pourtant d’au moins quelques mètres.
Sélectionné au Sundance Film Festival, Veni Vidi Vici raconte le quotidien de la famille Maynard et de son patriarche, un charmant quadragénaire qui fricote la semaine avec la politique et pratique le week-end, et en toute impunité, la chasse à l’homme. Ce personnage trop attendu de beau riche sympathique, mais tordu, est interprété par Laurence Rupp, qui réussit malgré tout à lui donner une étrangeté loufoque qui manque cruellement au reste du film.
Ennui et perte de temps
Produit par Ulrich Seidl, réalisateur d’entre autres Rimini et Dog days (et qui n’a plus rien à prouver en termes de cynisme), Veni Vidi Vici se complaît dans des scènes de froides violences portées par des personnages sans textures ni émotions : on pense en particulier à cette scène complètement gratuite où l’adolescente de la famille abat froidement le majordome qui l’a vue grandir. Finalement, le problème du film de Daniel Hoesl et Julia Niemann vient peut-être de sa genèse même, car un film qui regarde aussi froidement ses propres personnages, avec pour ligne directrice “du cynisme rien que du cynisme”, n’a pas franchement d’autres choix que de laisser les spectateur·ices aussi insensible que ses protagonistes. Les satires sociales contestables de Ruben Öslund ont au moins le mérite de ne pas nous ennuyer. Veni Vidi Vici , quant à lui, nous laisse à sa sortie la sensation d’avoir perdu un peu de notre âme et beaucoup de notre temps.
Veni Vidi Vici de Daniel Hoesl et Julia Niemann avec Laurence Rupp, Olivia Goschler, Ursina Lardi – en salle le 18 septembre
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Author : Maud Tenda
Publish date : 2024-09-16 09:42:09
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