Beaucoup l’ont d’abord connu et aimé en tant que charismatique meneur de Mano Negra, trépidante formation phare du rock alternatif français des années 1980-1990, aussi combative que festive, délivrant un cocktail musical hautement énergétique, imbibé en particulier de sonorités hispaniques. Une fois cette folle aventure terminée, Manu Chao – alors dans sa trentaine – a poursuivi le combat, seul ou en collaboration, avec une générosité passionnée qui, aujourd’hui encore, saute aux oreilles.
Véritable concentré de sono mondiale, gorgé de tubes inoxydables, son premier album solo, Clandestino (sorti en 1998), a cartonné dans plusieurs pays et l’a propulsé au rang de star à l’échelle internationale. Lui ont succédé deux albums aussi multicolores, Próxima Estación: Esperanza (2001) et La Radiolina (2007), entre lesquels s’est glissé Sibérie m’était contéee (2004), beaucoup plus dépouillé et entièrement francophone.
Manu Chao n’a pas arrêté de faire de la musique
En ce début d’automne, sa discographie officielle s’enrichit d’un cinquième album, intitulé Viva Tu, qui sort 17 ans après le précédent. Dans l’intervalle, Manu Chao n’a pas arrêté de faire de la musique, loin s’en faut. Toujours aussi actif, sur scène ou en studio, il a donné de nombreux concerts dans des configurations variées, publié des albums live, diffusé des sessions acoustiques, œuvré comme producteur, et aussi enregistré régulièrement de nouvelles chansons, partagées via son site Internet ou les réseaux sociaux.
Marquant une forme de renaissance médiatique, Viva Tu devrait sans nul doute rallier un large public. Conçues au fil des années et des voyages, les treize chansons de l’album – en espagnol, français, portugais et anglais – révèlent en effet une séduction intemporelle, souvent imparable, et témoignent d’une dextérité intacte de la part de leur auteur.
L’art de la ballade chaloupée
Désormais entré dans la soixantaine, celui-ci fait preuve ici d’un allant juvénile, solaire comme au premier jour – l’homme est né un 21 juin, il n’y a pas de hasard, comme on sait. Auteur-compositeur-interprète aux doigts d’or et à la voix d’argent, il est de longue date passé maître, en particulier, dans l’art de la ballade chaloupée. On le vérifie d’emblée avec l’inaugurale Vecinos En El Mar, puis avec La Couleur du temps, à la douce mélancolie espiègle. Arrive ensuite River Why, évocation joliment décalée du suicide collectif vers lequel l’humanité paraît aller chaque jour davantage…
Parmi les chansons qui suivent se détachent notamment deux duos, dans des sphères musicales très éloignées, preuves d’une ouverture d’esprit maximale : Heaven’s Bad Day, avec le vieux barde country Willie Nelson, et Tu Te Vas, avec la jeune rappeuse Laeti. Citons encore São Paulo Motoboy, ode (forcément) enlevée aux coursiers sans frein de la métropole brésilienne, Tom et Lola, alerte rengaine parisienne néoréaliste (glissant un clin d’œil à Johnny Hallyday dans le texte), et Lonely Night, entraînante dérive reggae au cœur de la nuit.
Viva Tu (Because Music). Sortie le 20 septembre.
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Author : Jérôme Provençal
Publish date : 2024-09-18 14:37:50
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