Yan Morvan s’est éteint, mais ses histoires vont continuer de circuler, ses images et leur liberté, ses histoires rapportées par Vice notamment dans les années 2000 où il subjuguait desjournalistes qui le considéraient comme l’inventeur du reportage photo, alors que lui-même se réinventait après un accident de moto en photographe post-photojournaliste, explorateur de ses propres archives portées aux cimaises des galeries.
Il n’avait pas besoin de ces entretiens pour asseoir sa réputation de bad ass : le verbe franc, l’humour cinglant, il était plus ou moins apprécié dans la profession, et s’en délectait sûrement, glissant volontiers à qui voulait l’écouter une ou deux histoires de son cru, toujours bien senties. La réalité desdites histoires importait peu, c’était un grand conteur.
Le photographe des marges
C’était un grand photographe, passé par le photojournalisme, du reportage de guerre, à l’enquête quasi sociologique, avec toujours en lui cette fascination des marges : les gangs de Paris aux États-Unis, le fétichisme à Pigalle, la prostitution à Bangkok, le monde des squats, épique période pendant laquelle il a fréquenté le serial killer Guy Georges, et tout dernièrement les consommateur·ices de crack.
Le plus fort chez Yan Morvan, c’est que ces histoires n’avaient pas entamé le brillant de l’œil, la vivacité d’esprit, l’humour ravageur, pas émoussé la curiosité pour tout, surtout les sujets qui entrelaçaient sexe et danger, sa manière de célébrer la vie.
Yan Morvan avait signé le portfolio de notre dernier numéro Sexe sur le Pigalle des années 1990.
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Author : Elsa Pereira
Publish date : 2024-09-23 15:56:18
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