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Au festival Musica 2024, les Pays-Bas en majesté

Au festival Musica 2024, les Pays-Bas en majesté



Créé en 1982, Musica s’est affirmé comme l’un des festivals majeurs à l’échelle internationale dans le domaine expansif de la musique contemporaine. En fonction depuis janvier 2019, Stéphane Roth, son directeur actuel, s’attache à mettre en œuvre l’ambition affichée dans son projet : “Décloisonner les expressions en franchissant les frontières esthétiques.”

Si elle contrarie inévitablement les puristes (et autres esprits rigides), cette stimulante volonté d’ouverture, en phase avec notre époque, peut assurément donner un nouvel élan au festival et contribuer à élargir son public sans rien céder sur l’exigence artistique.

Reflétant tout à fait le credo de Stéphane Roth, l’édition 2024 – qui se déploie jusqu’au 6 octobre entre Strasbourg et Metz, pour une extension finale en lien avec l’exposition La Répétition, visible actuellement au centre Pompidou-Metz – s’avère foncièrement transversale et invite à explorer sans œillères les zones innovantes de la musique d’aujourd’hui. On y trouve des concerts (aux formats très divers), des spectacles, des performances, des expositions, des ateliers, des projections et des rencontres avec les artistes.

Des friandises sonores

Le principal élément distinctif de la programmation consiste en une coopération inédite avec les Pays-Bas, s’inscrivant dans le cadre plus large de Nord SoNore. Développé depuis 2022, à l’initiative du Fonds Podiumkunsten (Fonds pour les arts de la scène), ce projet a pour but de mieux faire connaître en France la scène musicale néerlandaise la plus novatrice et d’intensifier les échanges entre les deux pays.

Marqué par la présence d’une importante délégation des Pays-Bas, le premier week-end du festival a démarré, ce vendredi 20 septembre, avec une soirée longue durée qui a suscité une belle effervescence au sein du Maillon, haut lieu de la vie culturelle strasbourgeoise, inscrit dans un splendide bâtiment aux lignes épurées et aux volumes impressionnants.

En guise de mise en oreille (comme on parle de mise en bouche), des friandises sonores – performances, installations et autres impromptus – ont été disséminées dans les espaces d’accueil au début de la soirée. Dans la grande salle, on a ensuite pu entendre deux ensembles chevronnés (Klang et Asko/Schönberg), ici réunis pour interpréter De Staat, une œuvre emblématique – et rarement jouée – de leur compatriote Louis Andriessen : un concert détonant en gravitation libre entre musique orchestrale, free-rock, fanfare et chœur.

Régal infernal pour les oreilles

À partir de 22 h s’est ouverte une seconde salle qui a vibré jusque tard dans la nuit au son d’une programmation orientée vers les musiques électroniques actuelles, celle-ci constituant la première partie d’une carte blanche en deux temps confiée à l’excellent festival Rewire. Le duo néerlandais No Plexus – tendance electro fracturée – et le producteur français Aho Ssan – tendance ambient orageux – ont livré de belles prestations, rehaussées par des créations visuelles en osmose.

Néanmoins, le principal coup d’éclat de la soirée a été perpétré par Ziúr, activiste de l’avant-garde électronique berlinoise, en trio avec la chanteuse Elvin Brandhi et l’artiste visuel Sander Houtkruijer. De leur union scénique a jailli un magma farouchement inclassable, empreint d’une poésie ultra moderne aux éclats fulgurants : un régal infernal pour les oreilles autant que pour les yeux.

Trois concerts nocturnes dans l’église Saint Paul

La journée du lendemain, samedi 21 septembre, a été illuminée en fin de matinée par un superbe concert de l’ensemble Klang, se consacrant ici à un programme composé de cinq pièces différentes. Mention spéciale à Chaoids (2001) de Yannis Kyriakides, une œuvre savamment turbulente, portée à un haut degré d’intensité par les stridences fiévreuses du saxophoniste Michiel Van Dijk. Dans un registre plus calme, on a été happé l’après-midi par Luna, concert performatif onirique, tout en délicatesse suggestive, de la percussionniste taïwanaise Yung-Tuan Ku (membre du collectif international Frisse Oren).

Le parcours du samedi s’est achevé avec la seconde partie de la carte blanche à Rewire, prenant la forme de trois concerts nocturnes proposés dans l’enceinte magnifique de l’église Saint-Paul. En fin de soirée, déversant des nappes bourdonnantes empreintes d’une profonde ferveur prospective, le live – en mode ambient pré-apocalyptique – du binôme Abul Mogard et Grand River a amené à vivre une expérience de soulèvement intérieur absolument galvanisante.

Festival Musica, à Strasbourg et Metz, jusqu’au 6 octobre.



Source link : https://www.lesinrocks.com/musique/au-festival-musica-2024-les-pays-bas-en-majeste-630183-25-09-2024/

Author : jeromeprovencal

Publish date : 2024-09-25 10:35:26

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