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“Megalopolis” : Francis Ford Coppola, un génie du ratage ?

“Megalopolis” : Francis Ford Coppola, un génie du ratage ?



Megalopolis n’est même pas encore sorti que les Cassandre du box-office l’ont déjà condamné : le film va flopper, prédisent-elles, et il n’a aucune chance de rembourser ses faramineux 120 millions de dollars de budget (plus 15 ou 20 millions de marketing). En se basant sur les préventes, le premier week-end devrait faire entre 5 et 10 millions de dollars aux États-Unis, pour finir entre 30 et 50 millions de recettes mondiales.

On pourra, si ces chiffres se confirment, parler d’échec industriel, un échec qui ne doit toutefois pas masquer le succès artistique d’un long métrage profondément audacieux, original et risqué, comme à peu près tout ce que Coppola a toujours fait. Après l’ère des films de commande (80s, 90s) et celle des petits films expérimentaux (2000s), certain·es espéraient, pour ce projet mûri 40 ans durant, un retour aux opus magnum des 70s (Conversation secrète, Le Parrain, Apocalypse Now). Vaine attente. Car ces derniers constituent en réalité l’exception – voire l’accident – au sein d’une œuvre qui ne s’intéresse qu’à la recherche (du temps perdu), au risque du ratage.

Sauter dans le vide

Osons ce paradoxe : Coppola est un génie du ratage. C’est son fil rouge, son sujet profond, son carburant intime – sa réussite. Car bien rater n’est pas donné à tout le monde. Cela demande une croyance en soi, une force de conviction et une capacité à rebondir presque surhumaines. Godard, qui a croisé la route de Coppola dans ses fameux studios Zoetrope, est l’un des rares cinéastes faits du même bois : JLG et FFC, les deux grands laborantins du septième art, toujours prêts à “sauter dans le vide pour être libres” (comme le dit Adam Driver dans Megalopolis).

Si l’on examine sa filmographie à cette aune, on ne voit plus que ça : le succès dans l’échec, l’échec dans le succès. Le Parrain ? Un miracle que Coppola ne se soit pas fait virer en cours de tournage. Apocalypse Now ? À deux doigts de la banqueroute, de la folie, de la mort. Coup de cœur ? Une comédie musicale ruineuse, bizarrement chantée et dansée, sur la faillite des rêves intimes dans une ville simulacre. Tucker ? Un ingénieur automobile précurseur qui échoue à imposer sa vision. L’Idéaliste ? Un procès gagné pour rien, par un avocat qui préfère stopper net sa carrière bourgeonnante plutôt que de se vendre…

Se vendre : voilà bien une chose que le cinéaste n’a jamais fait au cours de sa longue carrière, guidé par une intégrité inaltérable, un idéalisme sans faille et la certitude qu’il remonterait toujours en piste. Aussi, quelles que soient les recettes de Megalopolis, une chose est certaine : ce n’est pas ça qui arrêtera Coppola.

Megalopolis, de Francis Ford Coppola, avec Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel. En salle le 25 septembre



Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/megalopolis-francis-ford-coppola-un-genie-du-ratage-630184-25-09-2024/

Author : Jacky Goldberg

Publish date : 2024-09-25 06:32:18

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