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“Cécile”, de Cécile Laporte et Marion Duval, un ovni théâtral réjouissant

“Cécile”, de Cécile Laporte et Marion Duval, un ovni théâtral réjouissant



Cécile, sa vie, ses frasques, ses engagements. Et au bout du compte, son œuvre, balancée sur un plateau et rejouée avec alacrité, en compagnie de quelques intertitres en guise de réveil-mémoire, et autres accessoires : une maquette de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou des poupées à taille humaine en tissu, façon poupées gonflables, et des masques de marionnettes géantes sous lesquels se meuvent ses comparses, de temps à autre, quand la situation l’exige.
Dirigée par Marion Duval, jeune metteuse en scène helvète sévissant depuis 2011 avec sa compagnie Chris Cadillac, Cécile Laporte performe ce spectacle qui rejoue des chapitres de sa vie au plus près du public. Au plus près surtout de sa nature, enjouée, fantasque, généreuse, déconnante, prompte aux excès de toute nature.
Fragments de vie
On est tiraillé·e, à l’heure d’écrire sur ce moment de bravoure exquis, entre l’envie de raconter et celle de laisser au public le plaisir infini de découvrir ce personnage qui se livre. Cécile sait si bien le faire. Alors, disons que trois heures durant, qui passent comme dans un rêve, elle partage avec nous des souvenirs de sa vie agencée en chapitres : animatrice de colonie de vacances pour personnes en situation de handicap, zadiste, activiste écolo-porno au sein de Fuck for Forest, clown à l’hôpital ou en Mongolie, guérisseuse au Mexique. Entre autres…
Avec un dénominateur commun à toutes ses aventures : son irrépressible désir de rencontre avec l’autre et, de préférence, celles et ceux qui souffrent, luttent et refusent la cruauté de la vie, le rouleau compresseur du réel sur nos rêves, nos utopies et nos engagements. Un goût de l’échange qui, bien évidemment, ne laisse pas le public à distance, confortablement installé derrière le quatrième mur. Pour Marion Duval, il ne s’agit pas d’une “interaction formalisée comme un jeu, mais plutôt sur un mode d’adresse poreux. Le spectacle est là pour permettre la rencontre et le trouble de vivre quelque chose d’imprévu, d’imprévisible”.
L’altérité au cœur
Cécile n’hésite pas à s’affranchir des règles du jeu, à renâcler devant l’exercice quand ça la gonfle ou la fatigue. Elle n’a pas peur, du haut des gradins, de se jeter dans les bras du public, comptant sur nous pour la porter, de rang en rang, jusqu’à ce qu’elle retrouve le sol. Cécile nous fait confiance. C’est fondamental. Cécile interagit en permanence avec nous, consciente de l’équilibrisme d’un spectacle reposant sur l’authenticité de son vécu et l’évidente reconstruction qui s’opère à travers le mécanisme de la mémoire convoquée.
Un support double face qui trouve son équivalent dans la scénographie, le plateau étant scindé en deux par un écran sur lequel s’affichent les titres des chapitres ou des photos de Cécile. Lorsqu’il se lève, surgit l’espace de la performance, celui du reenactment, où on la voit jouer à sa vie. C’est ce décalage qui fait toute la force de ce spectacle hautement jubilatoire.
Cécile, performance Cécile Laporte, mise en scène Marion Duval, compagnie Chris Cadillac. Au Théâtre Sorano, Toulouse, les 27 et 28 septembre ; au Théâtre de la Bastille, Paris, dans le cadre du Festival d’Automne, du 9 au 19 octobre ; au Lieu unique, Nantes, du 5 au 7 novembre ; au Quai, Angers, les 14 et 15 novembre.



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Author : Fabienne Arvers

Publish date : 2024-09-27 06:00:00

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