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Chantal Akerman, Tina Barney : deux expositions pour les 20 ans du Jeu de paume

Chantal Akerman, Tina Barney : deux expositions pour les 20 ans du Jeu de paume



Créé en 2004 par le ministre de la Culture de l’époque Jean-Jacques Aillagon, le centre d’art, dirigé depuis 2019 par Quentin Bajac (après Régis Durand et Marta Gili) abrite en son sein le meilleur du patrimoine et du présent de la photographie et du cinéma expérimental.

Outre l’hommage rendu à Chantal Akerman dans Travelling, exposition qui consigne ses archives personnelles autant qu’elle donne à voir ou revoir ses films et vidéos, il révèle le travail, assez méconnu en France, de Tina Barney. Née en 1945, cette photographe américaine s’est penchée dès la fin des années 1970 sur son milieu “naturel”, sa famille issue de la grande bourgeoise de la côte Est, observant ses rituels dans des grandes maisons à Rhode Island, où tous les signes du décorum rappellent combien la richesse y règne souverainement.

Sentiment étrange

Les gestes du quotidien qui s’y déploient attirent sa curiosité : les fêtes d’enfants (The Children’s Party), les petits déjeuners (The Graham Cracker Box), les soins du matin (Jill and Polly in the Bathroom)… témoignent de l’acuité de son regard, au plus près de ses sujets, tout en gardant une certaine distance, moins critique qu’ironique.

Car, derrière le vernis d’images documentant les gestes de son groupe social (symétrique des classes populaires traversant l’œuvre de Martin Parr), un sentiment étrange affleure. Tina Barney s’écarte d’une tradition documentaire, de la “home photography” à la Sally Mann, et se rapproche plutôt d’une photographie plasticienne incarnée par Jeff Wall, qu’elle a beaucoup regardée.

La précision de Tina Barney

Par son jeu avec le cadre qui échappe à une frontalité trop simple, la photographe cherche moins à décrire, pour la saluer ou la critiquer, sa classe sociale qu’à lui donner une représentation poétique. Ni vraie ni fausse, ni glorieuse ni moqueuse, mais un peu bizarre. Cette étrangeté procède de sa façon de photographier qui joue à la fois sur la précision de l’observatrice, travaillant à la chambre, et sur l’attention à l’instant décisif, en déclenchant sans cesse son appareil.

Ce mélange de temps long et d’urgence, de rigueur et d’improvisation, de composition picturale et de prise sur le vif, de souci du détail et de captation du hasard, nourrit, à côté de la gravité et de l’audace créative de Chantal Akerman, le nouveau serment du Jeu de paume, arrivé au plus bel âge de sa vie, 20 ans.

Chantal Akerman : Travelling et Tina Barney : Family Ties, Jeu de paume, Paris, jusqu’au 19 janvier 2025.



Source link : https://www.lesinrocks.com/non-classe/chantal-akerman-tina-barney-deux-expositions-pour-les-20-ans-du-jeu-de-paume-630669-01-10-2024/

Author : Jean-Marie Durand

Publish date : 2024-10-01 14:57:24

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Tags :Les Inrocks

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