La désorientation généralisée, les guerres en cours, les périls politiques et climatiques… rendent “la question du sens de la vie omniprésente et urgente”, estime Pascal Chabot, qui, parmi d’autres philosophes, tentent cet automne de tracer des voies éthiques nouvelles conjurant notre sentiment de perte. Comment remettre un peu d’alignement, de cohérence et de rééquilibrage dans nos vies, pour qu’elles soient moins dissonantes ? Dessinant les contours d’un paradigme existentiel vertueux, Chabot sait que le sens de la vie n’est rien de plus que la volonté de rouvrir la vie, d’aimer et admirer, de se révolter ; autant de manières d’être au monde choisissant les voies de l’intensité.
Dans L’Être et la Mer, Corine Pelluchon propose, elle, de s’accrocher à un existentialisme écologique, permettant de penser la condition humaine “à partir de l’expérience aquatique, qui est présent partout, dont nous vivons, mais qui nous est étranger”. Réactivant la tradition de l’existentialisme, qui “éclaire le lien entre contingence et liberté, indétermination du sens et responsabilité”, la spécialiste de Paul Ricœur estime que l’écologie exige d’enrichir aujourd’hui cette approche à partir de la mer, en prenant ses distances avec l’imaginaire terrestre. Son existentialisme liquide, qui est un nouvel humanisme, “renvoie à la mémoire et à l’immémorial, à la mer-mère conçue dans sa préséance sur les terres”.
Une éthique des vertus
Une troisième manière de prendre soin de notre désir d’être renvoie, pour Jean-Philippe Pierron, à l’art d’habiter les brèches. Faut-il renoncer à son éthique personnelle pour un travail qui n’a plus de sens à nos yeux ? C’est ce que se demande par exemple l’auteur, lucide devant toutes les situations “intenables” et “invivables” que nous affrontons chaque jour. Nos pratiques des équilibres relationnels “doivent sans cesse être réinventées, dans chacune de nos constellations relationnelle, familiale ou professionnelle, intime ou écologique”, écrit-il. Une éthique des vertus ne reste donc possible qu’à la condition d’accepter d’être en prise avec les tensions inhérentes à toute existence, à se tenir sur une brèche, cet “intervalle entre le passé révolu et l’avenir infigurable”, comme la décrivait Hannah Arendt, qui s’y connaissait en éthique.
Pascal Chabot, Un sens à la vie : Enquête philosophique sur l’essentiel (Presses universitaires de France), 261 p., 17 €.
Corine Pelluchon, L’Être et la Mer : Pour un existentialisme écologique (Presses universitaires de France), 336 p., 21 €.
Jean-Philippe Pierron, Nos vies sur la brèche : Une philosophie de l’intenable (Éditions de l’atelier), 200 p., 18,50 €
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Author : Jean-Marie Durand
Publish date : 2024-10-03 08:35:22
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