Après plus d’un demi-siècle de litige, le Royaume-Uni a annoncé, jeudi 3 octobre, reconnaître la souveraineté de l’île Maurice sur l’archipel des Chagos (détenu par Londres depuis 1814), dans l’océan Indien : un accord “historique” qui permet néanmoins à Londres de conserver sa base militaire commune avec les États-Unis sur l’île principale de Diego Garcia.La décision de Keir Starmer, nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, relance le débat sur la future souveraineté d’autres territoires britanniques d’outre-mer, telles que Les Malouines (ou îles Falklands) dans l’Atlantique Sud, revendiquées historiquement par l’Argentine, ou encore Gibraltar, dans le sud de la Péninsule ibérique, que l’Espagne souhaiterait récupérer.La décision des Travaillistes de mener à bien l’accord avec l’Ile Maurice a suscité l’ire des conservateurs, qui y voient “une menace pour les intérêts fondamentaux de sécurité britanniques, et ceux des principaux alliés, notamment les États-Unis”, fustige ainsi le Daily News. “Les îles occupent une position stratégique clef au milieu de l’océan Indien, un lieu de concurrence croissante entre les nations occidentales, l’Inde et la Chine”, rappelle Sam Bidwell du Telegraph. “On craint que l’île Maurice ne loue certaines îles des Chagos à la Chine”, glisse même The Times.Possible litige avec l’Espagne ?Les conservateurs redoutent désormais qu’une brèche favorable à la cession d’autres territoires ultramarins ne s’ouvre. “Il ne fait aucun doute que les Espagnols se frottent les mains en attendant que Starmer leur propose un généreux don en espèces pour les remercier de nous avoir enlevé Gibraltar”, fustige l’éditorialiste du Telegraph. Sous souveraineté britannique depuis plus de 300 ans depuis le Traité d’Utrecht en 1713, par lequel l’Espagne a cédé Gibraltar à la Grande-Bretagne à perpétuité, l’enclave est néanmoins toujours revendiquée par Madrid.La constitution de 2006 du Rocher stipule qu’il ne peut y avoir de transfert de souveraineté à l’Espagne contre la volonté de ses électeurs. Or lors d’un référendum en 2002, les habitants de Gibraltar ont massivement rejeté l’idée d’une souveraineté conjointe entre le Royaume-Uni et l’Espagne. Mais le statut de l’enclave reste toujours flou après le Brexit en 2020, puisque Gibraltar était aussi membre de l’Union européenne. Depuis, des négociations sont en cours entre le Royaume-Uni, Gibraltar, l’Espagne et l’UE pour régler les aspects pratiques, notamment en matière de circulation des personnes et de commerce.Peur d’un isolement géopolitiquePas touche non plus aux Malouines, ce territoire britannique d’outre-mer conquit en 1833, et situé dans l’Atlantique Sud, à environ 500 km des côtes argentines. Le Royaume-Uni et l’Argentine revendiquent toujours la souveraineté sur cet archipel, bien que le président argentin Javier Milei a récemment déclaré que cette question était uniquement “entre les mains des Britanniques”.Les conservateurs n’ont d’ailleurs absolument pas l’intention de se pencher sur la question. “Les îles Falkland sont Britanniques. Il n’y a pas de débat. Point final”, a martelé un responsable des Tories lors d’une déclaration au cours de la semaine.La polémique est en réalité le reflet de la crainte du Royaume-Uni de se retrouver isolé, à l’heure de l’augmentation des tensions géopolitiques. “Nous ne vivons plus dans la stabilité relative des années 1990. Nous ne survivrons pas dans les eaux géopolitiques agitées si nous ne sommes pas capables de poursuivre nos propres intérêts, estime The Daily News. La classe politique ferait bien de se rappeler que l’objectif de la politique étrangère est de rendre notre pays plus sûr, plus riche et plus influent – et non d’impressionner les juges, les journalistes et les ONG”, cingle le quotidien conservateur The Telegraph.
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Publish date : 2024-10-06 16:08:53
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