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Performissima, premier festival international des arts performatifs

Performissima, premier festival international des arts performatifs



“Désaliéner des espaces physiques de leur vocation supposément prescriptrice pour devenir des territoires à vocation expérientielle” : les mots fulgurants de Stéphanie Pécourt, directrice du Centre Wallonie-Bruxelles/Paris, soulignent combien l’ambition de Performissima, premier festival international des arts performatifs, se joue du côté, indéfini, d’un renouveau existentiel, esthétique, sensoriel et politique. Car, nous prévient-elle, les artistes et performeur·ses qui vont peupler le centre d’art parisien le 18 octobre, de midi à minuit, sont bien “des limiers de futurs alternatifs, des penseurs et penseuses des inconsidéré·es, des hackers de l’inéluctable, pollénisateur·rices de songes qui tendent à virtualiser des réalités sapides”. À Performissima, on célèbre les saveurs, la rage de vivre, le goût du monde, mais d’un monde traversé par l’envie de le refaire, d’en transformer les règles, les corps, les sons, les flux et les circuits. Un autre monde est possible : la performance en esquisse les chemins tortueux et sinueux, au bout desquels nous ne serons probablement plus tout à fait les mêmes.

Pour Caterina Zevola, commissaire générale du festival, le projet consiste à “se distancier des canons consacrés des formes spectaculaires” pour emprunter une voie alternative et joyeuse, “entre stase et flux”. Après avoir travaillé dans plusieurs institutions muséales, telles que le Palais de Tokyo ou le Centre national de la danse (CND), elle donne au festival une visée précise : “La créativité impétueuse, l’appel à une extravagance kinesthésique, visuelle et sonore, une fantasia d’actes performatifs.” Performissima s’entend moins, dit-elle, “comme un festival dans son acception usuelle que comme une rhapsodie idiosyncratique, devenant ainsi terrain d’expression de régimes pluriels de performativité et d’expérimentations collectives ouvertes à une possibilité infinie de lectures et de visions, de formes et de libertés d’appropriation”.

Caterina Zevola © Chiara Kurtovic

À écouter ainsi Stéphanie Pécourt et Caterina Zevola, ces deux têtes pensantes de la performance, genre dont elles seraient elles-mêmes les performeuses et les porte-voix théoriques, comment ne pas avoir envie de plonger tête baissée, et yeux levés, dans l’antre de ce festival au croisement du théâtre, de la danse et de la musique ? Les visiteur·ses auront l’occasion de découvrir des interventions de 50 artistes, provenant de 18 pays, qui prendront possession des lieux, opérant ainsi “une occupation artistique”.

Parmi elleux, certain·es utiliseront leur voix comme élément hypnotisant et principale force motrice, à l’image de l’artiste trans non-binaire espagnol·e Bella Báguena. Ses propositions naviguent toujours entre l’imagerie pop, la musique et la culture Internet. Ce qu’iel cherche à exprimer se joue dans la recherche d’un lien étroit entre son expérience émotionnelle et celle des spectateur·rices. D’autres, comme Anaïs Barras, diplômée des Beaux-Arts de Paris (de l’atelier Danse performance, d’Emmanuelle Huynh), s’intéresseront aux gestes digitaux et à l’usage de soi à travers les nouvelles technologies. Comment les réseaux sociaux mettent-ils nos corps à l’épreuve ? Peut-on devenir un corps écologique instagrammable ? Dans sa performance @Athà, elle incarne une déité Méta, symbole de notre rapport au virtuel, pont entre le physique et l’immatériel.

Anaïs Barras © Célia Boutelier

De leur côté, les Italiennes Silvia Calderoni et Ilenia Caleo travaillent sur l’incandescence des corps, en mobilisant le regard, la peau, la sueur, la transpiration, le corps dilaté. L’exploration qu’elles feront des corps et du cruising (relations sexuelles dans des lieux publics), impliquant des échanges gratuits et des soins au milieu d’inconnu·es, est prometteuse. Tout comme la performance d’Inès Cherifi, Say Something I Can Touch, nourrie de l’hybrid club et de la noise, qui se prêtera à une confusion sonore planante entre un violon électrique, des voix et des machines : un appel vibrant vers un autre monde.

L’artiste Chouf invite Nicolas Faubert, performeur atteint d’un handicap visuel, qui proposera, lui, un spectacle musical mélangeant spoken word et raï sentimental, accompagné de textes poétiques engagés, souvent centrés sur l’émancipation des femmes et la mélancolie de l’exil. De Marion Dégardin à Lou Fauroux, et tant d’autres encore, les performeur·ses invité·es joueront donc, pour mieux les déjouer, avec les frontières entre espace intime et espace public, entre âme et corps, entre réalité et fiction, entre souffle et suffocation. Prenant appui sur les dynamiques du public, ils et elles feront de la scène le lieu de tous les possibles. Ce lieu utopique où s’incarneront d’autres manières de se voir, de voir l’autre, de s’écouter, de se comprendre, de se toucher, d’imaginer un autre en soi-même et de le laisser advenir sans l’étouffer, de vivre parmi de multiples sujets et objets, d’inclure toutes les formes étrangères et indéterminées au cœur du monde commun. Le corps d’un monde réinventant, en son cœur même, son souffle vital.

Performissima, le vendredi 18 octobre, Centre Wallonie-Bruxelles/Paris, de 12 h à 0 h. Plus d’infos : cwb.fr.



Source link : https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/performissima-premier-festival-international-des-arts-performatifs-630832-08-10-2024/

Author : Contenu Partenaire

Publish date : 2024-10-08 14:41:34

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Tags :Les Inrocks

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