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″Agatha All Along″ : la série dérivée de ″WandaVision″ parvient-elle à nous ensorceler ?

″Agatha All Along″ : la série dérivée de ″WandaVision″ parvient-elle à nous ensorceler ?



Première série Marvel développée pour Disney+, WandaVision nous avait charmé·es en prenant à rebours l’uniformisation des productions super-héroïques pour inventer son propre langage. Chevillée au deuil impossible de Wanda Maximoff (aka la Sorcière rouge), réfugiée dans une bulle d’illusion qu’elle avait elle-même construite, la création de Jac Schaeffer opérait un voyage à travers l’histoire des séries, des premières sitcoms en noir et blanc aux autofictions en crise des années 2010. Une hybridation ludique dont la dimension autoréflexive révélait peu à peu une véritable puissance émotionnelle.

Trois ans ont passé, dans le réel comme dans la fiction. Les habitant·es de Westview ont été libéré·es du sortilège qui les enserrait, et les spectateur·rices se sont peu à peu lassé·es des séries Marvel, qui ont peiné à retrouver l’audace de ce coup d’éclat. Excroissance de WandaVision pilotée par la même showrunneuse, Agatha All Along parviendra-elle à nous ensorceler ?

Le procédé narratif à l’œuvre dans WandaVision repris

Tout commence sous les auspices familiers d’une série policière classique, photographie grisâtre et générique vintage compris. Lorsque le cadavre d’une femme non identifiée est retrouvé dans la forêt aux abords de la ville, la détective Agnes O’Connor, impulsive et mal lunée, mène l’enquête. Les premiers fils qu’elle tire achoppent sur des détails étranges, des visions l’assaillent, et des sensations inexpliquées la saisissent. Lorsqu’une agente du FBI interprétée par Aubrey Plaza la questionne sur son identité réelle, le doute s’instille. It’s time to wake up.

Reprenant le procédé narratif à l’œuvre dans WandaVision, le premier épisode d’Agatha All Along semble néanmoins en inverser le mouvement. Au retour progressif du réel dans une bulle de fiction, il oppose une distillation progressive de la fiction dans un environnement réaliste.

Comédie fantastique résolument camp

La série modifie rapidement cet itinéraire en redonnant à Agnes sa véritable identité dès la fin du premier épisode – elle est évidemment Agatha Harkness, puissante sorcière piégée par Wanda dans un sortilège – et en l’orientant, via le jeu excentrique de Kathryn Hahn, sur le terrain d’une comédie fantastique résolument camp. La scène où elle brise l’illusion a valeur de manifeste : succession d’outfit reveals rythmée par les réactions outrées des personnages, Agnes/Agatha traverse les différents looks dont elle était affublée dans WandaVision – noir et blanc compris – jusqu’à retrouver son essence, qui se confond avec un style à performer.

Privée de ses pouvoirs et flanquée d’un ado gothique fasciné par l’occulte, Agatha décide de former un coven (cercle de sorcières) pour arpenter la Route des sorcières, qui va les mettre à l’épreuve en les confrontant à leurs traumas. Surjeux volontaire, mauvais goût assumé, et panache bitchy colorent alors le voyage surnaturel qui structure la série, pour le meilleur et pour le pire. 

Trajet d’empouvoirement

Si on se lasse parfois de ses outrances calibrées, de ses intentions trop lisibles et de son ironie post-moderne, Agatha All Along prolonge de façon discrète l’archéologie des séries à l’œuvre dans WandaVision en truffant ses péripéties de clichés télévisuels, notamment dans ses décors et costumes. Elle se révèle également réjouissante dans son appréhension de la figure de la sorcière, modelée par des siècles d’histoire de l’art et des décennies de pop culture.

Les “sœurs” recrutées par Agatha figurent à la fois un rapport primaire à l’occulte – le soin, la divination, le lien à la nature – et leur récupération par le capitalisme contemporain – médecine new-age, voyance à domicile ou tutos Instagram. Femmes puissantes et martyrisées au fil des âges, elles nous convient à un trajet d’empouvoirement au sens littéral du terme, qui les poussera à agir en sororité. De quoi nous donner envie de faire un petit bout de chemin aux côtés de ces sorcières échevelées, sur cette route ancestrale et plus moderne qu’il n’y paraît.

Agatha All Along, de Jac Schaffer, avec Kathryn Hahn, Aubrey Plaza, Joe Locke… Un épisode par semaine depuis le 18 septembre, sur Disney+.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/%E2%80%B3agatha-all-along%E2%80%B3-la-serie-derivee-de-%E2%80%B3wandavision%E2%80%B3-parvient-elle-a-nous-ensorceler-631331-09-10-2024/

Author : Alexandre Buyukodabas

Publish date : 2024-10-09 12:39:41

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