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Le Moulin Rouge fête ses 135 ans

Le Moulin Rouge fête ses 135 ans



Si Toulouse-Lautrec sortait de sa tombe de Verdelais, il pourrait le repeindre presque exactement comme il le fit en son temps ; une époque où le French cancan faisait vibrer Paris et fascinait le monde entier, en tant que symbole consacré de la culture française, en tout cas d’une certaine idée de l’art de vivre à la française. Au point de nourrir l’imaginaire de nombreux cinéastes qui, comme Jean Renoir dans French Cancan, réalisé en 1954, John Huston dans Moulin Rouge, en 1952, ou Baz Luhrmann dans Moulin Rouge en 2001, ont reconstitué les images les plus féériques des premières années de l’histoire du cabaret.

Immergé dans la vie montmartroise, Toulouse-Lautrec fit de la danseuse du Moulin Rouge, une certaine Louise Weber – surnommée La Goulue, connue pour sa danse endiablée et sa bonne descente d’alcool –, un mythe national. Un livre rouge à elle toute seule, capable d’enivrer des milliers d’adeptes, au point que le peintre la représenta au centre de l’affiche du Moulin Rouge qu’il réalisa à la demande de Joseph Oller : un mélange de touches post-impressionnistes et japonisantes. Un sommet de l’histoire de l’affiche de spectacle se confondant avec l’histoire de la grande peinture elle-même. Outre La Goulue, mythifiée par le pinceau de Toulouse-Lautrec, d’autres figures ont incarné le cabaret, à l’image de Jane Avril, dansant seule le French cancan, la Môme Fromage, Grille d’Égout, Nini Pattes en l’air, ou encore Valentin le Désossé, mystérieux danseur “caoutchouc” – un contorsionniste qui fut le grand partenaire de La Goulue entre 1890 et 1895.

La Goulue – Moulin Rouge

Après, c’est Mistinguett, la “femme aux divines gambettes”, qui fait du Moulin Rouge dès l’année 1908 le lieu phare de la fête parisienne. Sa valse chaloupée fait fureur ; et beaucoup de bruit. “Ça, c’est Paris”, chante-t-on à l’unisson au Moulin Rouge, lieu de célébration des plumes, des paillettes et du strass : “Paris qui tourne” devient un slogan fétiche de la capitale, où les attractions sans cesse renouvelées au fil des années ne font jamais d’ombre au charme mythique du cabaret. D’Édith Piaf à Ella Fitzgerald, de Line Renaud à Frank Sinatra, d’Yves Montand à Charles Trenet, de Liza Minnelli à Elton John, de Dean Martin à Charles Aznavour, les grandes figures du music-hall, des crooneur·ses aux chanteur·ses de variété, font du Moulin Rouge le réceptacle de la joie carabinée et plumée. En 1951, le cabaret inaugure une nouvelle salle au décor Belle Époque. Ce changement marque le début d’une nouvelle période. Celle où s’inventent de nouvelles revues de music-hall, à l’image de la mythique Frou Frou, créée en 1963, ou de l’actuelle Féerie.

Par-delà son histoire mouvementée et rythmée par les sauts successifs de ses danseuses et danseurs en lévitation, le Moulin Rouge défend plus que jamais un vrai savoir-faire français, en mettant en scène chaque soir plus de 1 000 costumes de plumes, strass et paillettes réalisés sur mesure par ses propres maisons d’art : la Maison Février (plumassier qui, depuis 1929, donne un éclat particulier aux plumes sur scène), la Maison Clairvoy (bottier spécialisé dans la chaussure de spectacle) et l’Atelier Valentin (brodeur qui pratique encore la technique du Lunéville, consistant à utiliser un crochet pour travailler sur l’envers du tissu). Outre celles-ci, le Moulin Rouge possède un atelier de costumes dédié à la création, dirigé par Mine Vergès, figure emblématique dans l’histoire de la couture scénique.

Façade du Moulin Rouge en 1900

Avec ses quatre maisons d’art et ses deux ateliers de couture, ses 17 habilleur·ses et 54 costumier·ères, ses 1 000 costumes et 800 paires de chaussures, sans oublier ses 90 maîtres d’hôtel, chef·fes de rang et commis·es, le Moulin Rouge forme une ville dans la ville. Sa pérennité procède d’une fidélité à une promesse née au cœur de la Belle Époque. Pour le Moulin Rouge, celle-ci ne s’est jamais vraiment envolée. Ne jamais échapper à ses racines, fixer le principe de la fête dans le cadre qu’il l’a vu naître, s’y prêter avec le même enthousiasme qu’autrefois, rêver d’un Paris éternel, fait de lumières et de strass, comme Lady Gaga le suggéra lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques pilotée par Thomas Jolly : l’histoire d’amour de Paris avec le Moulin Rouge fait tourner tous les moulins de nos cœurs.

Plus d’infos sur le site du Moulin Rouge.



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Author : Contenu Partenaire

Publish date : 2024-10-09 08:53:57

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