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“Norah” : un premier film saoudien délicat qui montre le pouvoir subversif de l’image

“Norah” : un premier film saoudien délicat qui montre le pouvoir subversif de l’image



Le premier film du réalisateur saoudien Tawfik Alzaidi raconte l’histoire de Norah, une jeune femme avec un destin a priori aussi tracé que l’horizon désertique qui se déploie entre les quelques maisons de son village ultra-conservateur. Comme le lui répète sa tante : elle se mariera et vivra là jusqu’à sa mort.

En proie à une lente dépression subtilement intégrée au scénario, Norah s’échappe de son quotidien en récupérant des magazines de mode, que l’épicier du village importe discrètement au village. Lorsque son petit frère ramène à la maison un portrait au crayon que lui a offert Nader, le nouvel instituteur fraîchement débarqué, Norah n’a plus qu’un idée en tête : être à son tour dessinée.

Partager le temps d’un portrait

Mais à l’impossibilité pour elle de sortir à visage découvert s’ajoute celle de la rencontre, et c’est dans la difficulté de partager un espace commun le temps d’un portrait que se cristallise intelligemment toute la tension dramatique du film. Réuni·es d’abord par le montage, Norah et Nader le seront fugitivement dans l’épicerie du village, espace symbolique où se rejoignent aussi l’ici et l’ailleurs, et où Nader, caché entre deux boîtes de conserve derrière l’unique rayon, fera par petites touches le portrait de la jeune femme.

À cette impossible rencontre, qui ne deviendra judicieusement jamais une rencontre amoureuse, s’ajoute aussi toute une problématique autour de la représentation et de l’exposition. Ce n’est pas pour rien que l’esprit rebelle de Norah prend vie à travers les photos de magazines qu’elle découpe en secret, ou avec le rêve de pouvoir un jour visiter un musée, cet espace opposé au sien, où règne le regard.

C’est le pouvoir subversif de l’image que le cinéaste place implicitement au cœur de son film, en nous montrant toutes les répercussions sociales que peut avoir un simple dessin à l’échelle d’un village, et peut-être aussi un peu le cinéma à l’échelle du monde.

Norah par Tawfik Alzaidi, avec Yagoub Alfarhan, Maria Bahrawi, Aixa Kay. En salle le 16 octobre.



Source link : https://www.lesinrocks.com/cinema/norah-un-premier-film-saoudien-delicat-qui-montre-le-pouvoir-subversif-de-limage-631718-14-10-2024/

Author : Maud Tenda

Publish date : 2024-10-14 09:54:22

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