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Budget : une cure de désintoxication plus qu’une “cure d’austérité”, par Jean-François Copé

Le Premier ministre Michel Barnier le 3 octobre 2024 à Aubervilliers avant de passer dans l'émission "L'Evénement" sur France 2




“Faire beaucoup avec peu” : tel est le cap que s’est fixé Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale, à quelques jours de la présentation du projet de loi de finances. Une formule qui tranche avec ce que le macronisme est devenu sur le plan économique depuis maintenant cinq ans : le “faire trop avec pas assez”, autrement dit, multiplier les dépenses malgré des moyens limités.Depuis 2018, les dépenses se sont empilées les unes aux autres. Faute de solutions durables, le président de la République a répondu à chaque problème à coups de milliards. L’engrenage a débuté fin 2018 avec les 10 milliards d’euros accordés pour mettre un terme à la crise des gilets jaunes et se poursuit depuis lors. Par facilité, les “réformes Macron” ont été peu à peu enterrées. Celle de la fonction publique promise en 2017 n’a jamais vu le jour alors que celle des retraites, en 2023, a été vidée de sa substance. Elles ont laissé place aux “chèques Macron” dégainés à la moindre agitation sociale : 20 milliards pour lutter contre l’augmentation du prix de l’énergie, 11 milliards pour augmenter le point d’indice des fonctionnaires, 7,5 milliards pour réduire le prix de l’essence à la pompe, 3,8 milliards pour lutter contre l’inflation…. Entre 2017 et 2025, les dépenses publiques se seront envolées, mais pas les problèmes qu’elles devaient résoudre. Preuve supplémentaire que les solutions ne sont pas toujours dans l’augmentation des dépenses.Les mises en garde répétées de l’ancien ministre de l’Economie ont été ignorées par le président de la République jusqu’à ce que le pays se retrouve dos au mur. Car, pour ceux qui pouvaient encore en douter, le “quoi qu’il en coûte” a bel et bien un prix et nous le payons aujourd’hui plein pot. Après avoir tablé sur 4,4 % puis 5,1 %, le déficit atteindra finalement en 2024 les 6,1 % du PIB. Si rien ne change, la barre des 7 % sera franchie dès l’année prochaine : un niveau proche de celui connu au plus fort de la crise des subprimes ! Compte tenu de la légèreté avec laquelle les questions budgétaires sont traitées par le président, Michel Barnier a d’ores et déjà réussi un exploit : présenter, en moins de quinze jours, un budget avec 60 milliards d’euros d’économies. Une somme qui reste loin d’être suffisante pour retrouver l’équilibre budgétaire mais qui permettra de colmater les brèches et de sauver ce qui peut encore l’être. Un premier pas avant de pouvoir entamer de véritables réformes structurelles pour réduire drastiquement les dépenses publiques en 2025.Ce budget 2025 permet également de donner deux signaux. Le premier signal est destiné à nos partenaires qu’il est indispensable de rassurer alors que la France emprunte désormais à des taux dépassant ceux de la Grèce et qu’une procédure pour déficits publics excessifs a été lancée au début de l’été par la Commission. Le second signal est à l’attention des Français eux-mêmes : c’en est désormais fini des dépenses sans compter. Un message de vérité qui devra sans doute être répété par le gouvernement tout au long du débat parlementaire alors que ces premiers efforts font d’ores et déjà grincer des dents sur les bancs des oppositions. En effet, tandis que la France continuera de s’endetter en 2025 à hauteur de 5 % de son PIB et que les dépenses publiques représentent encore et toujours 56,3 % de notre PIB, la gauche est déjà vent debout contre le “plan d’austérité le plus violent que le pays n’ait jamais connu”. En dénonçant une “calamité” synonyme de “casse des services publics” et de “souffrance”, la gauche fait preuve d’un excès total. Ce qui en dit long sur l’état d’esprit de nombreux responsables politiques devenus accros aux perfusions d’”argent magique” au détriment de la crédibilité économique de la France.En réalité, tout porte à croire que la “cure d’austérité” s’apparente davantage à une cure de désintoxication. Michel Barnier devra affronter un défi de taille : faire entendre aux Français que l’augmentation de dépenses publiques aussi coûteuses qu’inefficaces est dangereuse. Il est urgent de se sevrer de ce poison mortel.



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Publish date : 2024-10-16 14:36:43

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