Allongement du délai de carence et baisse de la rémunération dans la fonction publique, diminution du plafond d’indemnisation et “jour de carence d’ordre public” dans le privé… En plein débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, les propositions et amendements visant à faire des économies pour combler le déficit public béant se multiplient. Dans le viseur de certains ministres et parlementaires : l’envolée des dépenses d’arrêts maladie. Depuis 2015, hors période Covid, elles ont grimpé de 52 %. En 2024, elles devraient dépasser 17 milliards d’euros, contre 10,4 milliards il y a moins de dix ans.La première explication est simplement démographique : la population active vieillit, puisque nous travaillons de plus en plus tard, au fil des réformes des retraites successives. Il y a ensuite un facteur prix : le smic, indexé sur l’inflation, a été revalorisé à plusieurs reprises ces dernières années et les salaires ont suivi en partie la hausse du coût de la vie. Ces deux éléments comptent pour environ 58 % de l’augmentation constatée depuis 2015. Le reste – 42 % – relève de causes multifactorielles que l’Assurance maladie peine pour l’instant à totalement discerner : le rapport à l’emploi, l’augmentation des maladies professionnelles, la dégradation des conditions de travail… Mais aussi les abus et la fraude. Pour pérenniser notre système de santé, c’est sur ces deux derniers leviers que le gouvernement peut agir à court et moyen terme.Sévir sans stigmatiserIl s’agit de ne pas traîner. Le déficit de la Sécurité sociale devrait gonfler à plus de 11 milliards d’euros cette année, contre 8,8 milliards en 2023. Et à mesure que la population française va continuer de vieillir – en 2040, 1 habitant sur 3 aura plus de 60 ans, contre 1 sur 4 actuellement – les dépenses de santé vont continuer de croître inexorablement. L’enjeu est aujourd’hui de sévir, sans stigmatiser les travailleurs, les entreprises ni les médecins.Un numéro d’équilibriste. Début septembre, la Caisse nationale de l’assurance-maladie (Cnam) a annoncé qu’elle allait prendre contact avec 7 000 généralistes prescrivant plus d’arrêts de travail que la moyenne, provoquant une levée de boucliers de la part du syndicat MG France. Il va pourtant falloir impliquer tous les acteurs, au risque d’en froisser quelques-uns. En 2023, la Cnam avait pu récupérer 200 millions d’euros grâce à ses actions. Trop peu encore pour faire la différence.
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Author : Thibault Marotte
Publish date : 2024-10-28 17:54:48
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