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Jusqu’où Donald Trump est-il prêt à aller pour soutenir Israël ? Par Frédéric Encel

Donald Trump et Benjamin Netanyahou durant une conférence de presse à la Maison blanche, à Washington, Etats-Unis, le 27 janvier 2020.




L’élection de Donald Trump a été applaudie par le gouvernement Netanyahou et ses soutiens. Pourtant, si ce premier est (devenu) très favorable à Israël, en particulier depuis la première de ses trois campagnes présidentielles, c’est d’abord à cause du poids électoral, politique et financier sans cesse croissant des évangéliques aux Etats-Unis (40 millions de personnes en 1993, 98 millions trente ans plus tard, dont l’ancien vice-président ou l’actuel président du groupe républicain à la Chambre des représentants), ensuite du fait de la montée en puissance économique et technologique fulgurante de l’Etat juif depuis deux décennies. D’aucuns ajoutent la place de son gendre Jared Kushner, mais sans preuve tangible que cela constitue une variable explicative primordiale. Or, avant son premier mandat, c’est en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et dans d’autres pétromonarchies du Golfe que l’homme d’affaires Donald Trump avait investi, absolument pas en Israël !Par ailleurs, qu’ont coûté concrètement aux Etats-Unis ses gestes symboliques comme le transfert de (la plaque de) l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, et la reconnaissance de la souveraineté sur le plateau du Golan ? Rien. Qu’ont coûté à Washington les accords d’Abraham de 2020 entre Israël et quatre Etats arabes ? Ce fut certes un beau cadeau diplomatique et économique pour l’Etat hébreu – d’autant que ces accords se maintiennent en dépit de la longue et destructrice guerre contre le Hamas et le Hezbollah – mais aussi un vrai plus pour l’industrie militaire américaine, avec la vente d’escadrilles entières de très onéreux chasseurs-bombardiers à Abou Dhabi et à Rabat notamment. Que coûta aux Etats-Unis le “deal du siècle”, ce plan de paix piloté et présenté par Jared Kushner en janvier 2020, et très favorable à Israël en lui attribuant de larges parts de la Cisjordanie ? Son rejet par les chancelleries arabes (Emirats exceptés) et l’absence de soutien de la quasi-totalité de celles du reste du monde ne coûtèrent rien à une administration Trump dont les régimes arabes alliés demandaient aide et assistance face à l’Iran.L’Iran, seul dossier moyen-oriental sérieux pour TrumpReste justement l’Iran, le seul dossier moyen-oriental sérieux aux yeux du nouveau président. Le 14 juillet 2015, sous le second mandat de Barack Obama, les 5 + 1 (cinq membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne) avaient conclu avec Téhéran un accord nucléaire en vertu duquel la République islamique s’engageait à suspendre l’essentiel de son processus d’enrichissement d’uranium dix années durant, moyennant l’annulation progressive des trains de sanction. Parvenu à la Maison-Blanche, Donald Trump avait au contraire renforcé les sanctions à l’encontre de l’Iran et, finalement, suspendu la participation américaine à l’accord, entravant le maintien des autres signataires. Joe Biden tenta en vain de réactiver l’accord multipartite. Avec le durcissement du régime des mollahs, sa féroce répression des femmes, et surtout l’activation du Hezbollah libanais inféodé contre Israël dès le lendemain du massacre du 7 Octobre, Donald Trump rappela qu’il frapperait durement l’Iran une fois revenu au pouvoir. De fait, depuis son élection, il a nommé des personnalités très proches d’Israël et hostiles à l’Iran.Jusqu’où soutiendra-t-il Israël ?Laissera-t-il son allié israélien bombarder les infrastructures nucléaires ennemies en le protégeant de rétorsions balistiques ? Peut-être. Mais cela ne se ferait en aucun cas sans que le sort de l’Arabie saoudite et des Emirats ne soit lourdement impacté par une vraie guerre israélo-iranienne, et avec lui celui du pétrole du Golfe. Et donc du plein d’essence à la pompe dans l’Ohio. Jusqu’où Donald Trump soutiendra-t-il donc Israël, autrement dit à quel coût ? Car si l’imprévisibilité et le dilettantisme caractérisèrent son premier mandat, on omet trop souvent sa propension à rejeter toute contribution du contribuable américain aux amis et alliés, à commencer par l’Europe et Taïwan, et tout envoi de troupes. Certes, Israël bénéficie d’une empathie particulière de la part d’une grande majorité de citoyens américains (contrairement à ce qu’ont espéré et cru pouvoir démontrer lors du scrutin du 5 novembre nombre de ses contempteurs), et de cette nouvelle administration à naître en janvier tout particulièrement ; pour autant, si le soutien à l’Etat juif devenait trop coûteux, un Donald Trump clairement isolationniste et en quête d’économies risquerait de devenir moins prodigue.



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Author : Frédéric Encel

Publish date : 2024-11-19 06:00:00

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Tags :L’Express

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