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En Corée du Sud, le retour de Donald Trump alimente le désir de l’arme nucléaire

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol (c), le 1er mars 2024 à Séoul




Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, bien des tabous pourraient sauter tant en Amérique que dans le reste du monde. A 11 000 kilomètres de Washington, les Sud-Coréens, inquiets que le prochain président américain ne les laisse tomber face à un Kim Jong-un de plus en plus belliqueux, sont désormais quelque 70 % à vouloir se doter de l’arme atomique, d’après un sondage de l’Asan institute for policy studies.Le président Yoon Suk-yeol et son homologue Joe Biden ont certes signé en 2023 un accord confirmant à Séoul la protection du parapluie nucléaire américain en cas d’attaque par Pyongyang. Mais le pays du Matin-Calme a été échaudé par le premier mandat Trump. Estimant que les Sud-Coréens n’investissaient pas assez dans leur défense, il avait mis fin aux grands exercices militaires communs et menacé de retirer ses soldats de la péninsule. Le milliardaire, alors candidat à la présidence, s’était même dit ouvert en 2016 à ce que le Japon et la Corée du Sud acquièrent la bombe.Une possibilité déjà évoquée par le président sud-coréenLes élites sud-coréennes sont longtemps restées prudentes face à une telle révolution. Mais le chantage nucléaire russe en Ukraine et le fait que la Corée du Nord agite à présent le spectre de recourir à l’arme atomique dans un conflit avec son ennemi du Sud ont fait changer les mentalités des décideurs, a expliqué le chercheur sud-coréen Tongfi Kim, lors d’une intervention à l’Institut français des relations internationales (Ifri).”Bien qu’encore faible, la probabilité que Séoul cherche à développer un arsenal nucléaire est bien plus élevée sous une administration Trump, estime-t-il. Si celle-ci fragilise de nouveau l’alliance bilatérale, il y aura en Corée du Sud un fort soutien pour ce scénario.” Le président sud-coréen lui-même l’a déclaré début 2023 : si la menace nord-coréenne augmentait, son pays envisagerait de demander aux Etats-Unis de déployer des armes nucléaires dans la péninsule. Ou de fabriquer les siennes. Trump n’y verrait sans doute pas d’inconvénient.Pour l’heure, face aux craintes suscitées par la Chine et la Corée du Nord, Séoul et Tokyo investissent massivement pour renforcer leur défense conventionnelle. Le Japon a indiqué fin 2022 qu’il comptait faire décoller ses dépenses militaires pour les porter à 2 % du PIB en 2027, et ainsi devenir le troisième budget de défense mondial derrière les Etats-Unis et la Chine – Il est estimé à 54 milliards d’euros pour cette année.La Corée du Sud, qui consacre 2,7 % de son PIB à sa défense, accélère aussi fortement dans ce domaine (+ 3,5 % de hausse prévue en 2024, pour un total de 43 milliards d’euros). Elle a également accepté récemment de partager davantage avec les Etats-Unis les coûts liés à la présence de 28 500 soldats américains sur son sol. De quoi mettre Donald Trump dans de bonnes dispositions, même s’il mettra sans doute la pression pour aller plus loin.



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Author : Cyrille Pluyette

Publish date : 2024-11-20 06:00:00

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Tags :L’Express

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