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Michel Barnier en sursis : quels scénarios en cas de motion de censure ?

Le Premier ministre Michel Barnier le 22 novembre 2024 à Paris




La France bientôt de nouveau ingouvernable ? Le risque d’une censure du gouvernement sur le projet de loi Finances 2025 fait peser de nouvelles incertitudes sur le pays, moins de trois mois après la nomination de l’exécutif. Lundi 25 novembre, le Sénat, à majorité républicain, s’est saisi du projet de budget du gouvernement de Michel Barnier. S’il pourrait s’opposer à certaines mesures, comme la baisse des subventions destinées aux collectivités territoriales, toujours choyées dans cet hémicycle, il devrait en revanche valider les axes majeurs du texte. Après cela, sept députés et sept sénateurs tenteront ensuite de trouver un compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP). S’ils y parviennent, la version finale du budget devra néanmoins revenir devant l’Assemblée, où Michel Barnier ne dispose pas d’une majorité de députés.Visant à faire 60 milliards d’euros d’économies afin de ramener le déficit à 5 % en 2025, le projet de loi suscite de nombreuses oppositions. Marine Le Pen a ainsi annoncé, après un rendez-vous à Matignon lundi, qu’elle n’hésiterait pas à censurer le gouvernement si le texte demeurait “en l’état”. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a également dit rester fermement opposée à ce budget, “le plus violent socialement et écologiquement” de la Vᵉ République. Le Premier ministre pourrait donc chercher à passer en force, via l’article 49.3 – s’exposant par la même occasion à une motion de censure, qui serait examinée autour du 20 décembre. Que se passerait-il si elle était adoptée ? L’Express fait le point sur les scénarios possibles.Michel Barnier à la place de Michel Barnier ?Scénario improbable, mais pas impossible : en cas de chute du gouvernement Barnier, Emmanuel Macron pourrait choisir de nommer en tant que Premier ministre… Michel Barnier. “Il y a déjà eu un précédent dans l’histoire de la Ve République : en 1962, alors que Georges Pompidou fait face à une motion de censure, Charles de Gaulle refuse sa démission. La différence est que tout en maintenant Georges Pompidou à la tête du gouvernement, de Gaulle dissout l’Assemblée et convoque des législatives, afin de donner la possibilité à son Premier ministre de revenir avec un rapport de force plus favorable devant le Parlement”, explique Jean Garrigues, spécialiste de l’histoire politique française.Or, le contexte est différent pour le président de la République qui, ayant déjà dissous l’Assemblée en juin dernier, doit attendre un an avant de pouvoir reconvoquer des élections s’il le souhaite. Garder Michel Barnier sans un changement de la composition de l’hémicycle reviendrait donc à maintenir l’exécutif dans l’impasse.La possibilité d’un gouvernement techniqueEn l’absence d’une majorité claire se dégageant, Emmanuel Macron aurait aussi la possibilité de nommer un Premier ministre à la tête d’un gouvernement “technique”, chargé d’expédier les affaires courantes. Il s’agirait d’une personnalité issue probablement du monde de la haute administration, et pas directement de la sphère politique ou des partis. “Ce compromis pourrait peut-être permettre un consensus des formations politiques pour le soutenir. Mais le président serait confronté à une difficulté de casting : qui pour occuper cette fonction ? D’autant plus que ce prétendant serait soumis à des pressions très politiques, et toujours à la merci d’une éventuelle motion de censure”, poursuit Jean Garrigues.Le choix d’une nouvelle majorité politiqueAutre option, tenter de chercher une solution à l’ingouvernabilité du pays dans une nouvelle majorité, cette fois-ci non pas à droite, mais plutôt au centre, en tentant de rallier des soutiens de l’aile socialiste la plus modérée. “On parle toujours ces derniers jours de l’hypothèse Bernard Cazeneuve, qui pourrait rallier du PS aux macronistes, voire jusque chez certains Républicains”, commente l’historien, qui précise néanmoins que cette solution, comme toutes les autres “est imparfaite”. “Cela nécessiterait que le PS rompe avec le Nouveau Front Populaire. Avec toutes les potentielles conséquences au niveau électoral, pas sûr qu’il y soit prêt”, juge Jean Garrigues.Vers une démission d’Emmanuel Macron ?Enfin, une petite musique ces derniers jours en appelle à la démission d’Emmanuel Macron pour sortir de l’impasse politique. François Ruffin a interpellé le président en l’invitant “à réfléchir sérieusement” à cette option. “Charles de Gaulle avait lui-même démissionné à la suite d’un plébiscite, rappelle Jean Garrigues. Toutefois, au vu du contexte international marqué par une grande instabilité – négociations sur le cours de la guerre en Ukraine, conflits au Moyen-Orient – je doute que le Président veuille rajouter une crise à la crise”.”Dans tous les cas, on avance vers une situation instable, résume l’historien. La tripartition de l’échiquier politique français sans majorité absolue ne va pas se régler demain. Or, la culture de la Vᵉ république n’est pas celle du compromis. Cela va demander une évolution des pratiques en la matière”.



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Publish date : 2024-11-26 13:44:09

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