“Les signaux d’une crise qui pourrait se répercuter dans toute l’Europe se multiplient”, analyse le quotidien portugais Público, au sujet de la crise politique en France par les négociations autour du budget 2025. La presse étrangère s’inquiète de l’instabilité institutionnelle et financière de la “seconde économie de la zone euro”, et de ses possibles conséquences dans la région.Face à l’incertitude politique qui se prolonge depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin, et à la menace d’une censure du gouvernement, les marchés se montrent de plus en plus agités. Le taux d’emprunt de la France est actuellement supérieur à ceux de l’Espagne et du Portugal, et pour la première fois mercredi 27 novembre, il a dépassé brièvement celui de la Grèce, pays qui avait frôlé la faillite après la crise de 2008.”Des investisseurs effrayés”Un signal repéré par le Financial Times, qui se demande : “La France se dirigerait-elle vers une crise de la dette à la grecque ?”. Avant de tempérer : “Le scénario paraît exagéré […]. Au cours des récentes turbulences politiques en France, l’écart entre sa dette et celle de l’Allemagne n’a augmenté que de 0,3 point de pourcentage”, rassure le quotidien économique. C’est en réalité “la combinaison de la paralysie politique et des finances publiques précaires” qui effraie les investisseurs, et non pas la santé économique du pays – comme cela pouvait être le cas des économies du sud de l’Europe, à la suite de la crise de 2008.Mais si les causes de l’instabilité sont différentes, la situation n’en demeure pas moins préoccupante pour le média économique Bloomberg, qui remarque que “l’indice boursier de référence français est en passe de connaître sa pire année par rapport aux actions européennes depuis 2010”, les ventes d’actifs français se multipliant ces derniers temps. “Plongée dans une pagaille budgétaire croissante, la France se dirige vers une humiliation sur les marchés financiers”, résume Politico depuis Bruxelles.Des conséquences sur la zone euro ?Au-delà du feuilleton politique, ce sont surtout les possibles répercussions d’une crise financière chez l’un des piliers de l’économie européenne qui préoccupent nos voisins. “La Banque centrale européenne a prévenu la semaine dernière que l’Union européenne pourrait être au bord d’une nouvelle crise de la dette dans la zone euro en raison de la faible croissance et de l’incertitude politique dans plusieurs pays, y compris ses plus grandes économies” dont l’Allemagne, remarque Público.Tous décrivent le marasme politique dans lequel est plongé l’Hexagone depuis la dissolution, sans perspective d’issue à court terme. “C’est un gâchis politique, dit le quotidien espagnol El País. Ce qui avait commencé comme une simple partie de poker entre ceux qui se séparaient du gouvernement pour gagner en visibilité est désormais un labyrinthe dont il sera difficile de sortir”. Une référence à l’attitude de Marine Le Pen et du Rassemblement National (RN), qui a d’abord soutenu tacitement le gouvernement, avant de lui lâcher la main.Le RN pourrait “se décrédibiliser”Une contradiction que pointe le Financial Times : “Le problème [du RN] est que sa stratégie consiste à la fois à être considéré comme un parti respectable qui […] garantit une certaine stabilité, tout en ne décevant pas son électorat”, en particulier devant un projet de budget d’austérité – visant les 60 milliards d’économies – et si impopulaire.Les affaires judiciaires de la cheffe de file du groupe RN à l’Assemblée sont également citées comme une potentielle cause de ce retournement de veste. Acculée devant la justice pour une affaire de détournement de fonds européens, Marine Le Pen attend le 31 mars une sentence qui pourrait la disqualifier de tout mandat politique pendant cinq ans, l’écartant de la présidentielle. “Si elle doit mourir (politiquement), Le Pen préfère le faire en tuant”, observe El País.Mais en jouant avec le feu, l’élue d’extrême droite pourrait se brûler, selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung : “La populiste s’efforce depuis plusieurs années d’établir sa crédibilité auprès du secteur économique – non sans un certain succès. En lâchant Michel Barnier maintenant, elle risquerait d’entamer à nouveau son capital politique”.Vers une démission d’Emmanuel Macron ?Vue de l’étranger, la crise politique ne semble en tout cas pas près de se terminer. “Les difficultés à faire passer le budget ne sont pas de bon augure pour la survie à long terme du gouvernement Barnier ni pour la gouvernabilité future de la France, remarque le Financial Times. Si le gouvernement devait tomber, le Parlement pourrait adopter une loi d’urgence pour reconduire le budget de cette année. […] Cependant, les possibilités de former une majorité parlementaire ne font que se réduire”.Cette paralysie prolongée risquerait d’accroître les pressions sur le président de la République, vu comme l’un des seuls à pouvoir débloquer la situation en démissionnant, de nouvelles élections législatives n’étant à nouveau possibles sous son mandat qu’à l’été prochain. Une élection présidentielle pourrait permettre “un redémarrage politique”, suggère le quotidien économique américain. Quitter le pouvoir pourrait faire partie de la stratégie d’Emmanuel Macron ? “Pas sûr. Cela dit, il a montré qu’il pouvait nous surprendre”, conclut le Financial Times.
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Publish date : 2024-11-29 12:30:05
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