Il y a un an, les électeurs argentins confiaient le pouvoir à un homme particulier et clivant : Javier Milei. En l’espace de seulement trois ans, celui qui vient d’accorder un long entretien dans The Economist est passé du rôle de chroniqueur gueulard à celui de président de la République. Rock, agressif et pédagogue, cet économiste pointu a su convaincre les foules pour se hisser sur la tête de son ennemi juré : l’État. Son élection a rendu possible l’impensable : tester les théories libertariennes. Depuis la révolution russe, jamais une politique économique novatrice n’avait été appliquée de manière aussi brutale. La liberté avant tout, la liberté pour tous, la liberté partout, qu’en résulte-t-il ?Si le vent rugissant de la liberté souffle sur la Pampa, ce n’est pas un hasard. À la fin de l’année 2023, l’Argentine se trouvait au bord du gouffre, éreintée par des décennies de socialisme. Inflation de 211 %, pauvreté, une criminalité en pleine explosion, corruption et déficits financés par la dette et la planche à billets. La colère gronde, le quotidien devient insupportable. Milei promet des choses simples : moins d’État, plus de liberté. Il oppose “la caste”, qui regroupe les élites politiques et bureaucratiques ainsi que les fonctionnaires, les journalistes et les intellectuels, abreuvés d’argent public, à la classe moyenne travailleuse, productrice de richesse et exploitée à travers l’impôt. Son message a touché le cœur des Argentins. L’inflation est leur première préoccupation. Elle détruit le pouvoir d’achat, empêche toute projection ou investissement. Sa cause : la création monétaire déraisonnée. L’État créé de l’argent car il vit au-dessus de ses moyens. Milei fait alors ce qu’aucun pays n’a jamais fait : réduire le budget de 15 points de PIB en un mois.La liste de ses réformes donne le vertige et certaines résonnent particulièrement pour nous, Français. Par exemple, l’éviction de 33.500 fonctionnaires et la suppression de 50 % des postes politiques en ne gardant que huit ministères. S’y ajoutent la fin des subventions aux médias, au cinéma et aux entreprises publiques, ainsi que le gel de tous les chantiers publics non commencés. Chaque jour, le ministre de la Dérégulation édite un décret provoquant une simplification massive des normes d’import/export, rendant le marché du travail plus flexible, et abolissant des centaines de lois ainsi que des dizaines d’organismes étatiques. Même le fisc a été supprimé dans le but d’être intégralement réformé.Les résultats sont presque miraculeux. “Presque”, car ils ne relèvent pas du hasard ou d’une intervention divine. Ils sont parfaitement logiques. La liberté gagne toujours. L’État tentaculaire est amputé à la tronçonneuse. Dès le premier mois, l’excédent budgétaire est apparu dans un pays qui a enchaîné 107 ans de déficit et neuf défauts de paiement. La dette extérieure a déjà fondu de 10 % et les dépenses publiques de 30 % alors que Milei s’est permis le luxe d’augmenter les allocations des plus démunis et les pensions des retraités.Les Argentins récoltent les fruits de cette cure d’amaigrissement imposée à “la caste”. Le FMI prévoit une croissance de 5 % pour 2025. L’inflation, autrefois à 25 % par mois avant l’arrivée de Milei, est tombée à 2,7 % le mois dernier. Depuis janvier, les salaires réels ont augmenté de 11,2 %. Les exportations battent des records, la balance commerciale est en excédent de 15 milliards de dollars. Les actions et les bons du Trésor affichent les meilleures performances mondiales de 2024. Après une hausse de 35 % à 42 % sous la présidence précédente, et un pic à 53 % après la fermeture des robinets d’argent public par Javier Milei, la pauvreté a reculé à 51 % au troisième trimestre. Les crédits refont leur apparition dans un pays qui ne connaissait plus l’épargne.L’action de la ministre de la Sécurité montre déjà son efficacité après des années de laxisme judiciaire assumé par l’ancien gouvernement. A Rosario, ville la plus dangereuse d’Argentine, le taux d’homicides a été réduit de moitié. Le président argentin, plus populaire que jamais, a déclaré que la récession était terminée et que la croissance était de retour. Même si la route reste longue, chaque jour sera un peu meilleur que le précédent.L’ascension de Javier Milei autorise les amoureux de la liberté à rêver d’un monde plus juste, plus pragmatique, plus prospère. Les parallèles à faire avec une France étouffée par les impôts, les normes et le poids de sa dette sont nombreux. Les formules creuses de nos dirigeants socialistes, de gauche comme de droite, seront peut-être bientôt remplacées par un cri victorieux faisant écho à celui venu d’Argentine : La Liberté, bordel !* Romain Dominati estentrepreneur en France et en Argentine
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Publish date : 2024-12-01 11:30:00
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