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De 2024 à 2025 : l’avenir de Poutine, la menace Musk, le déclin français… Ce qu’en disent les grands penseurs

WASHINGTON, DC - JULY 24: Tesla CEO Elon Musk listens as Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu addresses a joint meeting of Congress in the chamber of the House of Representatives at the U.S. Capitol on July 24, 2024 in Washington, DC. Netanyahu�s visit occurs as the Israel-Hamas war reaches nearly ten months. A handful of Senate and House Democrats boycotted the remarks over Israel�s treatment of Palestine




Le come-back historique de Donald Trump aux Etats-Unis, la montée en puissance d’Elon Musk, la chute de Bachar el-Assad en Syrie, le pari raté d’Emmanuel Macron, le chaos budgétaire de la France, l’extension de la guerre au Moyen-Orient, la poursuite du déclin démographique, la révolution de l’intelligence artificielle, la percée de l’extrême droite en Europe et bien sûr, la guerre en Ukraine qui perdure… 2024 se referme et avec elle son lot d’évènements spectaculaires et de bouleversements profonds dont on devrait encore mesurer les effets l’année prochaine. “2025 déterminera si la démocratie vit ou meurt”, alertait ainsi il y a quelques jours dans L’Express, Maria Ressa, Dans un long entretien, la journaliste philippine, Prix Nobel de la paix 2021, estime que “le monde actuel est un bois sec prêt à s’embraser”, la désinformation numérique étant l’allumette qui pourrait mettre le feu. Adversaire acharnée des géants de la tech et des réseaux sociaux, elle estime qu’ils sont le bras armé des autocrates : “Chaque jour où ces entreprises technologiques puissantes, souvent bien plus puissantes que des Etats-nations, continuent de s’accaparer du pouvoir, les Etats-nations en perdent davantage”. Même les pays où la compétition électorale est la plus libre flirtent désormais avec le danger. “Sommes-nous encore réellement libres de nos choix ? Ou sommes-nous condamnés à être manipulés ?” interroge Maria Ressa. Laquelle invite les citoyens du camp libéral à se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.Sur les sujets internationaux du moment, comme sur les questions économiques et sociétales qui gouvernent ce monde, le service Idées de L’Express a sollicité tout au long de cette année les meilleurs experts dans leur domaine. Des entretiens qui ont retenu votre attention mais aussi, on l’espère, votre intérêt. En voici quelques-uns parmi les plus marquants. Pour mieux comprendre les enjeux cruciaux qui attendent le monde en 2025.Un “effet Trump” au Moyen-Orient ?Donald Trump sera officiellement de retour à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain. Avant même son investiture, le nouveau “président élu” s’efforce déjà de faire “bouger les lignes” sur bien des dossiers, que ce soit aux Etats-Unis ou sur le plan diplomatique, reléguant déjà aux oubliettes le président en exercice Joe Biden. Outre l’Ukraine, c’est au Moyen-Orient que l’effet Trump risque de se faire vivement ressentir. Surtout depuis la chute de Bachar el-Assad le 8 décembre. Iran, Israël, Poutine, djihadisme… Sur le plan géopolitique, les répercussions de la chute du régime syrien s’annoncent vertigineuses. Selon le politologue Gilles Kepel, interrogé le 10 décembre par Thomas Mahler, directeur adjoint de L’Express, nous assistons aux prémices d’une spectaculaire reconfiguration du Moyen-Orient et l’arrivée de Donald Trump pourrait changer la donne, notamment à Gaza : “Trump est pro-israélien, mais il n’est pas certain qu’il soit pro-Netanyahou, et que le destin judiciaire de ce dernier lui importe”, analyse ce grand spécialiste du monde arabe et musulman.Les Etats-Unis au bord de l’effondrement ?Il suffit de s’attarder sur la liste des nominations de son futur cabinet – “un défilé de cinglés” selon David Frum, l’ex-plume de Bush – pour constater qu’aux Etats-Unis, la tornade Trump s’est déjà mise en marche. Dans une Amérique plus fracturée que jamais, que vont donner les quatre prochaines années de son mandat ? Quelques semaines avant la victoire du candidat républicain, Peter Turchin – qui avait prédit il y a bientôt quinze ans dans un article paru dans Nature qu’une importante période d’instabilité politique devrait frapper les Etats-Unis aux alentours de 2020 – livrait à L’Express une analyse aussi fascinante qu’inquiétante. Visionnaire, ce professeur à l’université du Connecticut et auteur de Le Chaos qui vient (End Times en anglais, Cherche Midi), estime que les Etats-Unis sont, selon lui, dans une phase dite prérévolutionnaire, susceptible de déboucher sur un effondrement de l’État. En cause notamment, la surproduction d’élites, et l’émergence de politiciens antisystème…L’allumette Kim Jong-unComment se comportera l’énigmatique Kim Jong-un face à ce nouveau président américain qu’il connaît bien ? Lors de son premier mandat à la Maison-Blanche, Donald Trump avait entretenu une étonnante relation épistolaire avec le dirigeant nord-coréen. L’imprévisible milliardaire pourrait-il convaincre son homologue quadragénaire de calmer le jeu alors que l’alliance entre la Corée du Nord et la Russie donne des sueurs froides aux Occidentaux ? Interrogé le 30 octobre dernier par notre journaliste Alix L’Hospital, Robert A. Manning, chercheur émérite au Stimson Center (Etats-Unis) et ex-conseiller au sein du département d’Etat, jugeait le déploiement de troupes nord-coréennes sur le territoire russe non seulement inquiétant pour l’Ukraine, mais pour la stabilité mondiale. Décrivant l’émergence d’un bloc composé de la Russie, de la Corée du Nord et de la Chine et un autre incluant les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon, Robert A. Manning sonne l’alerte : “Dans cette perspective, la Corée du Nord pourrait bien être l’allumette qui déclenche un chaos mondial”.Ce que 2025 réserve pour PoutineTandis que selon Washington, les soldats nord-coréens sont utilisés en Ukraine comme chair à canon, le président Volodymyr Zelensky et son homologue russe Vladimir Poutine, multiplient les manoeuvres militaires et diplomatiques pour arriver en position de force le jour où Donald Trump prendra officiellement ses quartiers à la Maison-Blanche, lui qui prétend pouvoir régler le conflit en 24 heures. Peter Schroeder, expert de la politique étrangère russe, en est convaincu : que ce soit à Moscou ou à Kiev, des questions mises de côté en raison du conflit referont surface une fois la guerre en Ukraine terminée. “On sous-estime les défis qui attendent Vladimir Poutine”, assurait-il à L’Express le 1er décembre. Mais, peu importent les difficultés, le dirigeant russe “sera encore plus désireux de s’accrocher au pouvoir”, prévient pour sa part Kaushik Basu, professeur d’économie à l’université Cornell. Cet ancien conseiller du gouvernement indien a publié une étude intitulée “The morphing of dictators : why dictators get worse over time” (“La transformation des dictateurs : pourquoi les dictateurs deviennent pires au fil du temps”) qui détaille les raisons pour lesquelles, à mesure qu’un dirigeant autoritaire sombre dans la corruption et la violence pour se maintenir au pouvoir, ses options de sorties en deviennent de plus en plus limitées. “Vladimir Poutine perd chaque jour davantage d’options de sortie. Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il était connu pour être un patriote et un nationaliste s’engageant à aider son pays. Mais comme je l’ai décrit dans mon travail, au fil du temps, il a de plus en plus sapé les libertés individuelles des Russes, accru la répression et placé ses propres intérêts au-dessus de ceux de son pays. Ses chances de quitter le pouvoir et de mener une vie paisible se sont donc évanouies”, expliquait-il dans un entretien publié dans L’Express le 10 décembre.2025, l’année de tous les défis pour Xi JinpingEn Chine, Xi Jinping multiplie les initiatives pour tenter de remettre sur les rails l’économie de son pays, confrontée à un ralentissement de sa croissance fragilisée par une crise dans le secteur immobilier et une consommation des ménages atone. Sans compter moult différends commerciaux avec les Etats-Unis et l’Union européenne. La Chine, un modèle à bout de souffle ? On aurait bien tort d’enterrer trop vite la deuxième puissance économique mondiale, prévient Nicholas Lardy (Peterson Institute for International Economics). Au printemps dernier, nos lecteurs plébiscitaient l’analyse à contre-courant de ce spécialiste : celle d’une économie chinoise qui se porte selon lui bien mieux que ne le pensent généralement les experts et qui masque “un potentiel qui permettrait au pays de rattraper son retard avec les Etats-Unis”.La Pologne, l’avenir du leadership européen ?Le 1er janvier prochain, la Pologne prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne. Oubliez Macron, Scholz et Meloni, le nouveau visage du leadership européen s’appelle Donald Tusk, analysait cet été Bart Szewczyk (chercheur au German Marshall Fund of the United States). Selon ce professeur associé à Sciences Po Paris, “on a sous-estimé la vitesse avec laquelle la Pologne est en train de se développer par rapport au reste de l’Europe”. L’un des rares pays européens à avoir actuellement “une envergure à la fois économique et militaire”, souligne cet économiste de formation. Deuxième pays de l’Union européenne au taux de chômage le plus faible (juste derrière la République tchèque), cinquième puissance industrielle du Vieux Continent, la Pologne est “le” miracle économique de ces trente dernières années. Et la compétence et la crédibilité sont autant d’atouts dans la poche du Premier ministre polonais pour prendre entre ses mains le destin de l’Europe dans les années à venir.Pour la France, l’année du sursaut économique…Et la France dans tout ça ? Que pèse-t-elle encore sur le plan géopolitique ? “Pour la première fois depuis les années 1950, l’Europe se construit sans la France. La leçon de cette cascade de fiascos est limpide : on ne fait pas de politique étrangère sans leader crédible, sans ligne cohérente et sans vrais moyens de puissances. Tant que nous n’aurons pas remis la France debout, notre diplomatie restera inaudible et impuissante”, pointait fin octobre dans L’Express Nicolas Baverez qui, dans son dernier ouvrage Sursaut (L’Observatoire), montre que le déclin français est arrivé à un point de rupture. L’avocat et essayiste ne se contente pas d’établir un constat. Il avance aussi des pistes pour relancer le pays : “La France dispose de tous les atouts pour réussir. Mais elle doit changer radicalement d’état d’esprit et se concentrer sur quelques priorités, comme le fit de Gaulle en 1958”.… Et politique ?Le journaliste Richard Werly ne contredirait certainement pas l’analyse de Nicolas Baverez. Observateur avisé de la vie politique française, le correspondant à Paris du journal suisse Blick, s’interrogeait début décembre dans nos colonnes : “A quel moment les Français comprendront-ils que l’urgence économique s’impose à la réalité politique ? Comment la France peut-elle persister à croire que deux et deux font six ?”. Il relève au passage une différence fondamentale dans la perception de l’argent public entre les Français et les Suisses : “Les Français ne prennent pas pleinement conscience que s’ils paient autant d’impôts, c’est parce que l’Etat dépense trop. Pour les Suisses, cette vision des choses est incompréhensible. En Suisse, chaque citoyen considère que l’argent public est un peu son propre argent”. Alors que la France a vu défiler trois Premiers ministres en un an, Richard Werly livre quelques enseignements à tirer de la manière dont les responsables politiques suisses arrivent à travailler ensemble dans l’intérêt du pays, malgré leurs divergences. A méditer de toute urgence pour nos dirigeants français…Entre la France et l’Algérie, le point de non-retour ?Sur le plan diplomatique, les relations entre la France et l’Algérie seront-elles aussi exécrables en 2025 qu’elles le furent ces derniers mois ? Arrestation de Boualem Sansal, dossier du Sahara occidental, “affaire DGSE”… On ne compte les sujets de contentieux entre les deux pays. “Entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, la rupture est consommée”, tranche Mélanie Matarese, auteure de Comment la France a (encore) perdu l’Algérie. Pour L’Express, cette journaliste installée depuis quinze ans en Algérie analyse la crise diplomatique actuelle, qui a atteint un point de non-retour. Elle explique comment Emmanuel Macron “s’est piégé tout seul dans une course à la reconnaissance et aux actes symboliques” et décrypte la stratégie d’un régime algérien de plus en plus isolé sur le plan diplomatique, encore plus si la Chine lui fait faux bond…Bienvenue dans “l’ère de la dépopulation”Voilà au moins un sujet qui ne fera pas de jaloux sur la scène internationale : la démographie. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, moins de 700 000 bébés sont nés en France en 2023 – mais pas seulement. Selon l’économiste Nicholas Eberstadt, le monde est en effet entré dans “l’ère de la dépopulation” et les décideurs n’ont pas pris la mesure des bouleversements à venir. Interrogé par L’Express au mois d’octobre, ce chercheur à l’American Enterprise Institute et spécialiste de démographie, explique que la chute de la fécondité n’épargne quasiment plus aucune région du monde. Peu importe le niveau d’éducation ou de richesse des pays. Du jamais-vu depuis la “peste noire” qui a sévi au Moyen-Âge. Sauf que cette fois-ci, point de maladie mortelle mais un phénomène dû “aux choix des individus”, souligne cet optimiste de nature : “Une société vieillissante et de moins en moins nombreuse peut maintenir et améliorer sa prospérité.” A condition de réagir à temps et de prendre les bonnes décisions…Ne plus regarder l’IA avec des lunettes roses…Quand un pionnier de l’intelligence artificielle s’inquiète de l’impact que pourrait avoir cette technologie, on écoute forcément. Prix Turing 2018 en compagnie de Yann Le Cun et Geoffrey Hinton et fondateur de l’institut québecois d’IA Mila, Yoshua Bengio a été désigné par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes de 2024. L’Express l’a rencontré en mai dernier lors de son passage à Paris. Yoshua Bengio a notamment utilisé cette image évocatrice : “Nous sommes un peu comme dans une voiture qui accélère dans le brouillard en pleine montagne. Il nous faut trouver des solutions technologiques pour percer ce brouillard, et ralentir un peu…”.MAIS EGALEMENT :♦ “Les Français, vous êtes d’éternels insatisfaits…” : le regard surprenant d’un éminent économiste espagnol♦ Pascal Bruckner : “C’est bien le pouvoir algérien qui est obsédé par la France et non l’inverse”♦ Poutine, Assad, Kim Jong-un… “Etre dictateur est en réalité une situation terrifiante”♦ Antoine Levy, économiste : “J’ai longtemps pensé que la France était trop grosse pour tomber…”♦ “Un défilé de cinglés…” : la nouvelle administration Trump vue par David Frum, l’ex-plume de Bush♦ Tom Nichols : “Donald Trump veut être l’unique source de vérité, voici pourquoi c’est dangereux”♦ L’alerte de Joel Kotkin sur la crise du logement : “Une société de locataires à vie menace nos démocraties”♦ Johan Norberg : “Vu de Suède, la position de la France sur le Mercosur est très déroutante”♦ Rana Foroohar (Financial Times) : “Ce conflit démographique qui guette les Etats-Unis…”♦ L’alerte de la cheffe des économistes allemands : “Sincèrement, je suis inquiète pour la France…”♦ Maksim Samorukov : “Le régime de Poutine est en permanence au bord de l’effondrement”♦ Joël Kotek : “La Belgique, un laboratoire de la France si les thèses de Mélenchon l’emportaient…”♦ Susan Neiman : “Dans le milieu universitaire, le wokisme est loin d’être fini”Retrouvez les derniers entretiens et les enquêtes du service idées de L’Express chaque dimanche à 18h en vous inscrivant à Expression, notre lettre d’information en accès libre. Bonne lecture et bonne année 2025.



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Author : Alix L’Hospital, Thomas Mahler, Laurent Berbon, Baptiste Gauthey

Publish date : 2024-12-31 15:00:00

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